Des vigiles privés patrouillent pour éloigner les dealers des immeubles sociaux

Par Sarita Modmesaïb
8 décembre 2023 14:59 Mis à jour: 8 décembre 2023 14:59

Depuis quatre ans, cinq bailleurs sociaux toulousains se sont regroupés afin de financer les services d’agents de sécurité privés. Ceux-ci ne peuvent effectuer d’interpellation, mais peuvent intervenir physiquement ou dresser un procès-verbal.

Face à l’insécurité grandissante et aux gangs de dealers qui prennent parfois le pouvoir dans les immeubles, des bailleurs sociaux ont décidé d’assurer eux-même la tranquillité de leurs locataires.

Ils ont fait appel aux GITeS (groupement interquartiers de tranquillité et de sûreté), une société privée d’agents de sécurité qui a donc en charge la sécurité d’une quarantaine de résidences de la métropole toulousaine.

S’ils ne sont pas policiers, ces agents en imposent tout de même, avec leurs armes de catégories D, comprenant des bâtons télescopiques de défense, une bonbonne de gaz lacrymogène, un gilet pare-balles, ainsi que des chiens de défense.

« Une bulle de tranquillité »

Une équipe de 20 minutes les avait suivis en mars dernier lors d’une patrouille au Tintoret, immeuble « prioritaire » de Bellefontaine. Dès leur arrivée, tous les dealers présents sur les lieux, souvent des mineurs adolescents, quittent leurs postes, le temps de la patrouille.

« Ils savent qu’on n’est pas là pour les stups », glisse Rémi Vincent, le directeur du GITes. En effet, lors de cette patrouille, la propreté des parties communes et la « tranquillité » des habitants est leur priorité.

Ces agents privés d’un type nouveau sont donc les premiers de France à pouvoir verbaliser les incivilités, dont les abandons d’encombrants, de carcasses de véhicules, mais aussi les déchets laissés par les dealers.

« Tant qu’on est là, ils savent qu’il faut qu’ils ramassent leurs affaires », explique à 20 Minutes le chef d’équipe, un gendarme à la retraite, qui poursuit avec autorité, « sinon on va passer plus souvent et plus longtemps ». En effet, les patrouilles peuvent se faire à tout moment, de 16 heures à minuit, créant pendant leur présence, une « bulle de tranquillité » pour les résidents.

« Heureusement qu’ils sont là ! assure Bernadette Yépé, présidente de l’association « Lien horizons danse » qui tient une permanence au Tintoret. Parce que quand ils arrivent à cette heure-là, c’est aussi l’heure où on accueille des groupes d’enfants pour l’aide aux devoirs. Ils peuvent passer et rentrer en toute sécurité, ça nous libère les espaces et ils ne voient pas le spectacle. »

Un dispositif qui va se propager

En ce mois de décembre, c’est une équipe de BFM TV qui a également accompagné une équipe du GITeS lors de sa patrouille, mettant en fuite un jeune dealer qui a rapidement quitté les limites de la résidence.

« Pour nous la mission est accomplie. Il a voulu jouer un petit peu et il n’est pas sorti par là où on lui a demandé, mais il a complètement quitté la résidence. Il n’est plus dans le domaine du bailleur, c’est mission accomplie et cela ne nous regarde plus », dit Morgane, chef du groupe GITeS.

La présence des agents privés est une fois de plus, saluée par les résidents, à l’image de ce septuagénaire, victime récente d’une agression : « Des gens sont venus chez moi et m’ont agressé. Le voisin est sorti pour m’aider parce que j’ai 70 ans… Et ils ont agressé le voisin ! Ils lui ont jeté un pavé de béton… Je l’ai pris dans la tête. J’ai les dents cassées il faut les changer », se remémore ce résident sur BFM.

Alors, face à ce modèle toulousain qui semble fonctionner, d’autres villes semblent également s’y intéresser. La ville de Nice a ainsi contacté le GITeS, souhaitant installer un dispositif similaire dans le quartier des Moulins, gangrené par la drogue, rapporte Le Figaro.

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