Dette: S&P maintient la note de la France malgré des coûts d’emprunt élevés

Par Epoch Times avec AFP
2 décembre 2023 10:35 Mis à jour: 2 décembre 2023 10:40

L’influente agence de notation S&P Global Ratings « a décidé de maintenir » la note de la dette de la France, s’est réjoui vendredi soir le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, mais cette note reste sous perspective négative faisant courir le risque d’une dégradation ultérieure.

S&P clôt les revues d’automne des grandes agences de notation pour la France. La note AA qu’elle lui donne actuellement est équivalente au Aa2 de Moody’s. Fitch est un cran en dessous avec AA-, après avoir abaissé la note en avril.

Mais là où Moody’s attribue une perspective « stable » à sa note, S&P a une perspective négative aux allures d’épée de Damoclès. Vendredi, cette épée ne s’est pas abattue sur les finances publiques françaises, malgré un contexte de taux d’intérêt élevés. S&P indique vendredi anticiper « une diminution de la dette publique en pourcentage du PIB à partir de 2025, quoique très progressivement », et estime que « la répercussion de la hausse des coûts d’emprunt due aux taux d’intérêt élevés sera progressive ».

« Des risques importants »

Les experts de l’agence estiment toutefois qu’il existe toujours « des risques importants qui pourraient, s’ils se réalisaient, réduire encore davantage la flexibilité budgétaire de la France », citant par exemple des « conditions de financement plus strictes » ou « une fragmentation politique accrue » qui compliquerait la mise en œuvre des politiques.

« Plus que jamais, nous restons déterminés à réduire les dépenses publiques et à accélérer le désendettement de la France », a réagi Bruno Le Maire sur X (ex Twitter), jugeant qu’il en allait « de notre indépendance et du respect de nos engagements nationaux et européens ».

Une décision « cohérente »

À ses yeux, le maintien de la note de la France est une décision « cohérente avec les choix du gouvernement en matière de finances publiques ». « Je prends le maintien de la note de la France comme un signal positif, qui nous encourage à garder le cap sur notre trajectoire de finances publiques », a de son côté réagi dans un communiqué le député (Renaissance) Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du budget.

Malgré une contraction de 0,1% de l’activité économique de la France au troisième trimestre, M. Le Maire continue de tabler sur une croissance de 1% cette année, puis de 1,4% en 2024. Dans un contexte d’économie européenne au ralenti, le consensus des économistes pour la croissance de la France n’est qu’à 0,8% pour 2024, et a été rejoint mercredi par l’OCDE, qui prévoyait encore 1,2% en septembre.

En juin, S&P avait prévenu des « risques » sur l’exécution des objectifs budgétaires, et donc sur la capacité de réduire une dette de plus de 3000 milliards d’euros, dont le remboursement annuel deviendra le premier poste de dépenses de l’État en 2027, devant l’Éducation.

Le risque d’« une dégradation ultérieure »

Dans une note diffusée plus tôt vendredi, la banque italienne UniCredit estimait que S&P pouvait laisser son évaluation inchangée pour l’heure « afin d’évaluer le résultat des examens de dépenses publiques récemment lancés par le gouvernement avec l’objectif de réduire pour de bon les dépenses publiques ».

« Les réformes des retraites et du travail ont plu à l’agence de notation », relevait également Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. Toutefois « même si la France maintenait une note AA cette fois, le risque resterait d’une dégradation ultérieure », observait-il, par exemple si l’endettement n’est pas réduit assez rapidement.

La Commission européenne a prévenu en novembre que la France risquait de ne pas être dans les clous en 2024, et une peu glorieuse procédure de déficit excessif pourrait viser le pays en juin prochain.

M. Le Maire avance actuellement des propositions pour assurer le plein emploi et alléger les dépenses publiques, comme l’abaissement de la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans. Selon un conseiller gouvernemental, une dégradation équivaudrait à « une remise en cause du bilan sur la politique économique de la France ».

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