Deux humanitaires français tués en Ukraine: le parquet antiterroriste ouvre une enquête pour crimes de guerre

Par Vincent Solacroup
3 février 2024 10:10 Mis à jour: 3 février 2024 10:18

Vendredi soir, le parquet antiterroriste (Pnat) a indiqué ouvrir une enquête après la mort des deux humanitaires français tués jeudi dans le sud de l’Ukraine lors d’un bombardement russe. Paris a dénoncé un acte de « barbarie » de Moscou.

Vendredi soir le parquet antiterroriste (Pnat) a indiqué ouvrir une enquête après la mort des deux humanitaires français. Cette enquête est ouverte pour crimes de guerre et atteinte volontaire à la vie d’une personne protégée par le droit international humanitaire notamment. Confiée aux gendarmes de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH), c’est la 10e procédure ouverte par le Pnat depuis le début du conflit en février 2022.

Les deux victimes ont péri lors d’un frappe sur Beryslav, petite commune située sur la rive nord du fleuve Dniepr, près de la ligne de front, a communiqué vendredi le ministère français des Affaires étrangères. Trois autre Français ont également été blessés dans l’incident, selon le Quai d’Orsay.

Oleksandr Prokoudine, le gouverneur de la région de Kherson (Sud), où se trouve Beryslav, avait jeudi soir fait état de deux « volontaires » Français tués et trois blessés, ainsi qu’un Ukrainien blessé par cette frappe.

Deux « courageux » humanitaires

Vendredi, le nouveau chef de la diplomatie français, Stéphane Séjourné, a affirmé sur X qu’ils étaient bien « humanitaires ». « Deux humanitaires français ont payé leur engagement auprès des Ukrainiens de leur vie. Trois sont blessés », a écrit M. Séjourné, dénonçant la « barbarie russe ».

« Deux humanitaires français ont été tués en Ukraine par une frappe russe », a ensuite réagi sur X Emmanuel Macron. « Un acte lâche et indigne », a estimé le président français, dont la « solidarité va à tous les bénévoles qui s’engagent pour aider les populations. »

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a également salué sur les réseaux sociaux la mémoire des deux « courageux » humanitaires français qui « aidaient les gens », fustigeant une « terreur russe » qui ne tient pas compte de la « nationalité des victimes ».

L’ONG suisse Eper (Entraide protestante suisse, Heks en allemand) a de son côté annoncé avoir perdu deux collaborateurs lors d’une « attaque mortelle » dans le Sud ukrainien. « Un groupe de collaboratrices et de collaborateurs a été attaqué durant une intervention humanitaire. À cette occasion, deux des collègues estimés de l’équipe ont perdu la vie tragiquement et d’autres collaboratrices et collaborateurs ont été blessés », a indiqué dans un communiqué l’ONG.

Si la nationalité française des victimes n’est pas précisée dans ce texte, plusieurs sources avaient indiqué jeudi soir à l’AFP que l’Entraide protestante suisse avait bien eu deux salariés français tués et trois blessés à Beryslav. Beryslav, qui comptait environ 12.000 habitants avant la guerre, est située sur la rive nord du fleuve, près de la ligne de front. Le 27 janvier, une personne y avait été tuée par un explosif lancé par un drone russe.

L’Eper, qui « condamne fermement cette attaque brutale et injustifiable » constituant « une grave violation du droit international humanitaire », a par ailleurs expliqué qu’elle travaillait « d’arrache-pied pour évacuer ses collègues blessés en toute sécurité ».

Tensions exacerbées avec la Russie

Les deux humanitaires français s’ajoutent à la liste de plusieurs civils français tués en Ukraine depuis le début de la guerre il, y a deux ans. Arman Soldin, un journaliste de l’AFP, a été tué en mai 2023 lors d’une attaque de roquettes russes dans l’est du pays, près de Bakhmout.

Avant lui, Pierre Zakrzewski, caméraman franco-irlandais de Fox News avait été tué mi-mars 2022 au nord-ouest de Kiev après l’attaque de son véhicule et Frédéric Leclerc-Imhoff, journaliste pour BFMTV, avait été tué fin mai 2022 alors qu’il suivait une mission humanitaire dans l’est du pays.

Les tensions entre la France et la Russie s’exacerbent depuis des semaines, notamment depuis l’annonce en janvier par le Président Macron de nouvelles livraisons d’armes à Kiev.

Dans la foulée, Paris avait dénoncé une campagne de désinformation russe autour de la mort de dizaines de présumés « mercenaires » français lors d’un bombardement à Kharkiv (Nord-Est), évoquant une « nouvelle manipulation grossière russe ». L’AFP avait ensuite réussi à parler à trois victimes présumées de cette frappe, trois membres français de la légion internationale ukrainienne, dont un se trouvait en France pour soins, tous bien vivants.

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