Il faut faire une distinction claire entre le PCC et le peuple chinois pour lutter contre l’ingérence de Pékin

Par Andrew Chen
24 mai 2023 10:03 Mis à jour: 24 mai 2023 15:25

Ces derniers mois, le Parti communiste chinois s’en est pris à la diaspora chinoise et aux dissidents du régime chinois au Canada. Un nouveau rapport d’une commission de la Chambre des communes exhorte le gouvernement à s’opposer à ces menaces et à trouver des moyens de protéger les Canadiens contre la détention arbitraire par des régimes malveillants.

Le rapport, publié par le Comité spécial sur les relations entre le Canada et la République populaire de Chine (CACN), rassemble les témoignages de 50 personnes qui ont comparu devant le comité au cours de deux sessions parlementaires. De nombreux témoins ont raconté des histoires et des expériences personnelles d’intimidation et de harcèlement par le régime chinois.

Le rapport indique que l’étude de la CACN sur la sécurité nationale a débuté lors de la détention arbitraire par la Chine des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, qui ont été emprisonnés pendant plus de 1000 jours avant d’être libérés en septembre 2021. Toutefois, le rapport attire également l’attention sur d’autres cas où le Parti communiste chinois (PCC) a détenu arbitrairement des Canadiens ou des personnes ayant des liens avec le Canada.

Citant Alex Neve, maître de conférences à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa, le rapport mentionne le cas de Sun Qian, une pratiquante du Falun Gong emprisonnée depuis 2017 et condamnée à huit années supplémentaires en 2020. Sun a « soi-disant volontairement » renoncé à sa citoyenneté canadienne et n’a pas donné de nouvelles depuis plus de deux ans, a déclaré M. Neve au CACN le 25 octobre 2022.

Sun est soupçonnée d’avoir fait des aveux sous la torture pendant sa période de garde à vue.

Sun Qian, a Falun Dafa adherent and Canadian citizen detained in China since February 2017, in an undated photo. (The Epoch Times/Handout)
Sun Qian, une pratiquante du Falun Dafa détenue illégalement en Chine depuis février 2017, sur une photo non datée. (Epoch Times/Handout)

M. Neve, ancienne secrétaire générale d’Amnesty International Canada, a également fait part de ses préoccupations concernant Huseyin Celil, un Canadien ouïghour et militant des droits de l’homme détenu depuis plus de 16 ans et dont la famille à Burlington, dans l’Ontario, n’a pas eu de nouvelles depuis cinq ans.

En 2019, environ 120 Canadiens étaient détenus en République populaire de Chine (RPC), indique le rapport, citant une note d’information de 2019 de Marta Morgan, alors vice-ministre des Affaires mondiales du Canada.

Distinguer le PCC du peuple chinois

Le rapport du CACN a été publié alors que de plus en plus de preuves et de reportages dans les médias au cours des derniers mois ont révélé l’ingérence étrangère et les opérations d’infiltration du PCC au Canada, ce qui a incité Ottawa à expulser un diplomate chinois pour avoir menacé la famille du député conservateur Michael Chong à Hong Kong. Face à la pression croissante, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, s’est engagé à mettre en place un registre des agents étrangers « dès que possible ».

Alors que plusieurs témoins ont averti la commission que le PCC cherchait à « mobiliser et à armer » les Canadiens d’origine chinoise par l’influence, la surveillance et l’intimidation, le rapport souligne la nécessité de « faire la distinction entre le peuple chinois et l’État chinois » et le Parti communiste chinois au pouvoir.

Lynette Ong, professeur associé à la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’université de Toronto, a souligné la nécessité de mieux comprendre les outils d’ingérence du PCC, tels que le United Front Works Department, décrit comme le « principal outil d’ingérence étrangère » du régime par Sécurité publique Canada.

Par ailleurs, Mme Ong a également mis en garde contre l’amalgame entre le peuple chinois et le PCC.

« Je pense qu’il est également important de reconnaître que les diasporas ne sont pas des agents passifs ou apolitiques de leurs gouvernements d’origine. En général, les diasporas ont leurs propres agences et motivations », a déclaré Mme Ong au CACN en mai 2021.

« Dans le contexte canadien, il est également crucial de reconnaître que la diaspora chinoise est loin d’être une communauté homogène et que son allégeance au gouvernement chinois ou au PCC ne doit pas être automatiquement présumée. »

Pour répondre à ces questions difficiles, le comité a formulé plusieurs recommandations clés.

Le rapport demande à Affaires mondiales Canada de désigner une personne chargée de défendre les intérêts des Canadiens détenus arbitrairement à l’étranger. Cette personne travaillerait avec les pays et les organisations multilatérales pour promouvoir la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État auprès d’un plus grand nombre de juridictions. En outre, il apporterait son aide pour les affaires consulaires concernant les Canadiens victimes de détention arbitraire et étudierait les mesures à prendre pour protéger les Canadiens contre cette pratique, en particulier dans les relations d’État à État.

Enfin, le rapport recommande la mise en œuvre d’initiatives visant à lutter contre la désinformation diffusée par des acteurs associés au PCC et ciblant les communautés de la diaspora chinoise au Canada, notamment par le financement de projets dans le cadre de l’initiative « Citoyens du numérique ».

Justina Wheale a contribué à cet article.

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