Emmanuel Macron, en quête d’un nouveau Premier ministre : entre ouverture socialiste et contraintes politiques

François Bayrou et Emmanuel Macron à la cérémonie d'adieu aux armes de l'ancien chef d'état-major des armées françaises Thierry Burkhard dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 5 septembre 2025.
Photo: CHRISTOPHE ENA/POOL/AFP via Getty Images
Emmanuel Macron navigue entre plusieurs impératifs : tendre la main aux socialistes tout en préservant ses lignes rouges économiques, surveiller les tensions sociales et financières qui se profilent.
Le président anticipe déjà la succession de François Bayrou, cherchant un Premier ministre capable d’élargir vers la gauche sans compromettre ses positions.
L’imminence d’une nouvelle crise gouvernementale
De retour d’un sommet consacré à l’Ukraine, le chef de l’État se retrouve confronté aux turbulences de la politique intérieure. La chute annoncée du gouvernement Bayrou ce lundi à l’Assemblée nationale relance la mécanique institutionnelle désormais familière : intervention présidentielle, consultations des partis, nouveau cycle de nominations.
Cette situation répétitive découle directement de la dissolution parlementaire manquée de l’année précédente, qui a plongé le pays dans une instabilité politique chronique.
Les contraintes temporelles qui s’accumulent
Malgré ses déclarations d’intention sur la rapidité d’action, Emmanuel Macron fait face à un agenda serré qui devrait l’inciter à accélérer le processus. Plusieurs échéances critiques approchent : la mobilisation « Bloquons tout » programmée mercredi, suivie d’une journée syndicale le 18 septembre. Entre ces deux dates, l’agence de notation Fitch pourrait réviser à la baisse la note de la dette française, créant des remous sur les marchés financiers.
Le point culminant reste fixé au 22 septembre : depuis la tribune des Nations Unies à New York, le président doit annoncer la reconnaissance de l’État palestinien, un engagement diplomatique majeur qu’il prépare depuis des mois et qui nécessite une stabilité gouvernementale.
Une popularité en chute libre
Les sondages révèlent une situation préoccupante pour Emmanuel Macron, dont l’impopularité atteint des niveaux record depuis 2017. Les appels à sa démission, portés par La France Insoumise et le Rassemblement National, trouvent un écho grandissant : 64% des Français souhaitent son départ selon les dernières enquêtes d’opinion.
La stratégie d’ouverture vers les socialistes
Dans ce contexte, le président mise sur un rapprochement avec le Parti socialiste. Il encourage sa coalition à « travailler avec les socialistes », voyant dans cette alliance potentielle une voie de stabilisation.
Olivier Faure, le dirigeant socialiste, s’est positionné comme candidat à Matignon, proposant un gouvernement de gauche excluant La France Insoumise mais aussi les macronistes, avec lesquels il envisage uniquement des négociations ponctuelles.
Bien que cette hypothèse ait circulé dans les cercles politiques, les proches du président restent sceptiques quant à une telle nomination, jugeant insuffisante la proposition d’Olivier Faure.
Les profils envisagés pour Matignon
Les réflexions présidentielles s’orientent plutôt vers des personnalités du centre ou de la droite, capables de dialoguer avec les socialistes pour construire un pacte de non-censure plus solide que sous François Bayrou.
Parmi les noms évoqués figurent plusieurs ministres actuels : Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé), Éric Lombard (Économie), ainsi que Xavier Bertrand, président Les Républicains de la région Hauts-de-France.
Une piste particulièrement travaillée concerne Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères de 78 ans, officiellement retiré de la vie politique active. Après avoir refusé le poste en décembre dernier, l’ex-socialiste semblerait aujourd’hui moins catégorique dans son opposition.
Les lignes rouges du président
Pour obtenir la neutralité du Parti socialiste, il faudra concéder « de vraies victoires politiques ». Les socialistes visent notamment une révision à la baisse de l’effort budgétaire, l’abandon de la réforme des retraites à 64 ans et une taxation renforcée des plus fortunés.
Sur ces deux derniers points, Emmanuel Macron demeure inflexible selon ses fidèles conseillers, ce qui explique sa préférence pour un Premier ministre « dans sa zone de confort » politique.
Cette équation complexe illustre les défis auxquels fait face le président : élargir sa base politique sans renier ses convictions économiques fondamentales.
Avec Afp

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