Elle entend son bébé pleurer à la morgue: un évènement miraculeux et une tragédie qui ont secoué l’Argentine

Par Isabel Valencia-La Gran Epoca
2 octobre 2019 20:17 Mis à jour: 2 octobre 2019 20:17

En 2012, les pleurs d’un bébé dans le tiroir d’une morgue glacée ont mis au jour une terrible affaire de faute professionnelle, mais cela a surtout démontré que les miracles existent.

Deux heures seulement après la naissance du bébé d’Analía, une mère de famille argentine, l’infirmière s’est approchée d’elle les mains vides en lui demandant si elle voulait connaître la cause du décès de sa fille nouveau-née. Analía est tombée en état de choc et ce qui s’est passé ensuite a secoué tout le pays ainsi que le monde entier.

« Vers 22 heures, j’ai réagi et j’ai dit que je voulais aller à la morgue pour dire au revoir à ma fille », se souvient la jeune mère.

Analía en était à son sixième mois de grossesse lorsqu’on lui a diagnostiqué une complication appelée « placenta praevia » et qu’on lui a indiqué que le bébé devrait être accouché par césarienne. Cependant, le bébé est né quatre jours plus tard lors d’un accouchement naturel traumatisant.

Dans une interview avec le site web argentin Infobae, Analía Boutet s’est exprimée sept ans après ce jour fatidique. « Ils ont tout fait de travers dès le début », a indiqué la maman.« Ils m’ont fait plusieurs touchers, et peu importe combien je leur disais de regarder mes antécédents médicaux, ils ne le faisaient pas. Pendant l’un des touchers vaginaux, j’ai eu l’impression qu’ils avaient rompu mon sac. Je l’ai dit au médecin et elle m’a répondu que j’avais tort, que je m’étais fait pipi dessus. Comment pouvais-je me tromper ? Je savais ce que c’était que la rupture de la poche des eaux puisque j’avais déjà quatre enfants », a souligné Analía. « J’étais terriblement fatiguée, je vomissais quelque chose de vert, je voulais aider ma fille à naître mais c’était impossible pour moi. »

Après avoir assimilé la nouvelle de la mort inexpliquée de sa fille, Analía a marché lentement dans les couloirs de l’hôpital, accompagnée de son mari, de son frère et de sa belle-sœur d’alors. « Ils ont sorti le petit tiroir d’une chambre frigorifique et l’ont mis sur le comptoir. Personne ne voulait voir, ils m’ont demandé de ne pas la regarder pour que je ne garde pas cette image, mais je voulais lui dire au revoir », se souvient-elle.

Quand la boîte en bois est arrivée, ils ont dû utiliser la force pour l’ouvrir. « Quand ils ont réussi à l’ouvrir, ils ont fait un pas en arrière, tout le monde s’est éloigné. Luz était recouverte d’un tissu végétal, que j’ai retiré comme au ralenti. D’abord, j’ai vu la main miniature et je l’ai attrapée. Puis j’ai vu que son corps était violet et que du givre s’était formé dessus. Quand j’ai découvert son visage, elle me regardait. Ses yeux étaient brillants et elle pleurait, un peu comme un chaton qui pleurait. »

Anaíla a pensé qu’elle était devenue folle, mais tout se passait vraiment dans la réalité et sous les yeux de tout le monde. « Je croyais être devenue folle. Je me suis approchée de nouveau et Luz était en train de s’étirer. J’ai commencé à crier à la dame de la morgue : ‘Pourquoi bouge-t-elle ? Pourquoi bouge-t-elle ?’ Et quand tout le monde s’est approché, Luz s’est mise à pleurer. Je suis tombée à genoux sur le sol, comme si j’avais capitulé, je n’arrivais pas à y croire. »

Son frère, qui a été le seul à pouvoir réagir dans une telle frayeur, a pris le nouveau-né comme il le pouvait, sentant qu’il emmenait une bouteille gelée sur sa poitrine. Il l’a emmenée chez le médecin le plus vite possible. « Il a dit que c’était comme porter une bouteille de glace collée sur sa poitrine. Luz pleurait et chaque fois qu’elle arrêtait de pleurer, il lui répétait : ‘Tu vas vivre Bébé, tu vas vivre, tu vas vivre, ne t’inquiète pas, tu vas vivre.' »

À l’hôpital, ils ont essayé d’expliquer l’inexplicable et l’ont mise en soins intensifs avec un respirateur. Ce jour-là, le bébé a été nommé Luz Milagros (Lumière miracle). À l’hôpital, ils ont voulu lui donner un certificat de naissance avec de fausses données, que les parents ont refusé d’accepter. Cependant, huit jours plus tard, Luz a fait son premier arrêt cardiaque, dont elle s’est remise correctement.

« Malgré tout ce qui s’était passé, j’ai été appelée pour voir comment ils la réanimaient. Imaginez qu’il a fallu que je voie ça », poursuit-elle. À l’époque, « il y avait déjà des infirmières qui étaient en colère contre moi, parce qu’elles avaient toutes été exposées et que certaines d’entre elles avaient changé de secteur. Je suis passée de la victime à la méchante de l’histoire. »

Par la suite, la tante d’Analía a rendu l’histoire publique dans les médias locaux, ce qui a rapidement fait connaître l’affaire dans toute l’Argentine. Après avoir survécu à un autre arrêt cardiaque, Luz a été emmenée à l’hôpital italien de Buenos Aires.

« Ils nous ont dit que seulement 10 % de son cerveau fonctionnait et qu’un conseil médical avait décidé qu’ils allaient lui donner des soins palliatifs afin de ne pas lui en rajouter », poursuit sa mère. Cependant, lorsqu’on lui a parlé d’une « mort digne », étant évangélique, elle a formellement refusé.

« J’ai vécu au jour le jour avec elle, je ne pensais pas aux séquelles qu’elle aurait. Je l’ai vue grandir, devenir plus jolie, prendre du poids. Elle avait cessé d’avoir des infections. » Puis, à l’hôpital, on lui a mis un bouton gastrique pour la nourrir et une trachéotomie pour lui permettre de respirer.

La vie s’est compliquée pour Analía : le père de ses enfants, avec qui elle était depuis 12 ans, l’a quittée un mois après l’arrivée du bébé. « Les habitants de Buenos Aires nous ont envoyé des vêtements, des tubes de trachéotomie qu’on nous disait ne pas pouvoir obtenir ici. Ici, dans [la province du] Chaco, les gens disaient : ‘Pourquoi devrions-nous l’aider si le gouvernement lui donne de l’argent ? Le gouvernement m’a donné 2 000 pesos [soit environ 300 € en 2012 – ndt] par mois et m’a demandé de leur présenter les tickets de caisse de mes courses. Ils m’ont demandé d’y aller à la mi-décembre avec la chaleur accablante [les saisons sont inversées en Argentine – ntd] qui sévit dans cette province, j’y suis allée avec ma fille en croyant qu’ils allaient nous donner quelque chose et c’était seulement pour que le gouverneur prenne une photo avec Luz. Après ça, au revoir », a raconté Analía.

Analía a essayé d’amasser 45 000 € pour l’emmener en Chine afin qu’elle y reçoive un traitement avec des cellules souches, mais quand elle a voyagé avec la fillette d’un an à Buenos Aires pour faire les papiers du voyage, le bébé a eu des complications à cause d’une infection généralisée et a été transporté dans un hôpital de la ville de Rosario.

« J’avais le sentiment que cette fois, je n’y arriverais pas. Ils m’ont dit : ‘Luz est en train de s’éteindre lentement.’ Je suis allée la voir et je lui ai dit : ‘Bon, ma petite mère, si tu veux continuer, Maman est là, si tu es fatiguée et que tu veux partir, vas-y en paix.’ Après que je lui ait dit ça, la machine a fait piiiiiiiiiiiiii, comme dans les films. »

C’est ainsi que Luz Milagros est décédée le 23 juin 2013. « Je l’ai habillée et je suis sortie avec elle dans mes bras vers la morgue. Ils se sont jetés sur moi, comme si j’étais folle de faire ce que je faisais. Mais pour moi, plus rien n’était fou. Je l’ai tenue dans mes bras pendant toute la veillée funèbre, ma tête me disait : ‘Et si elle se réveillait à nouveau ?' »

Après toutes ces épreuves, les parents de Luz ont intenté une action civile en dommages et intérêts et en dommages moraux pour faute professionnelle « contre l’État provincial du Chaco et les deux médecins qui sont intervenus », a expliqué à Infobae José Victorino Acuña, l’avocat de la famille.

« Ma vie n’a plus jamais été la même », a affirmé Analía. « Je sais que Luz est venue pour remplir une mission. Et que, dans tout ce qui est moche, il y a toujours un miracle. Un jour, un garçon m’a dit qu’il s’était senti si mal qu’il avait pensé à mettre fin à ses jours. Mais quand il a vu à quel point ma fille s’était battue pour vivre, il a dit : ‘Comment ne pourrais-je pas [me battre moi aussi] ?’ Je ne sais pas ce qui est arrivé à ce garçon, mais ça me réconforte. »

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