Fermeture d’une centrale nucléaire, mode d’emploi

Par Epoch Times avec AFP
11 avril 2023 11:15 Mis à jour: 11 avril 2023 15:20

L’Allemagne va fermer ses trois dernières centrales nucléaires, un processus qui débute samedi, mais va s’étaler sur des années jusqu’au démantèlement complet des installations.

Le jour J, pas d’interrupteur on/off à activer, mais un ralentissement progressif. « À partir de 22 heures (20H00 GMT), nous réduirons la puissance de l’installation de 10 mégawatts par minute », explique-t-on à la centrale bavaroise d’Isar 2, située non loin de Munich.

L’arrêt

« Lorsque la puissance du réacteur aura atteint environ 30%, plus aucun courant ne sera injecté dans le réseau à très haute tension et le générateur sera automatiquement déconnecté du réseau électrique ». Même processus, peu ou prou, dans les turbines des centrales d’Emsland (nord-ouest) et Neckarswestheim (sud-ouest)

Cette dernière tourne déjà à « environ 70% de la capacité réelle » depuis la mi-janvier, explique Jörg Michels, responsable de la division nucléaire chez l’énergéticien EnBW, exploitant du site. Mettre une centrale nucléaire à l’arrêt est « un processus de routine » souvent utilisé lors d’inspections, souligne M. Michels. « La particularité est que cela arrivera pour la dernière fois » dans ce réacteur à eau sous pression, ajoute-t-il.

Rendu moins puissant, le réacteur n’enverra plus d’eau à haute température et sous pression vers la salle des machines, où les turbines cesseront par conséquent de produire l’électricité injectée dans le réseau à haute tension. Aucune célébration n’est prévue à Neckarwestheim, mais « la direction a décidé d’être présente » en signe de « respect aux employés » qui sont encore 650 sur le site, dit-il.

Le refroidissement

Dans les jours qui suivront, la réaction atomique en chaîne qui provient des barres de combustible va être « complètement stoppée » pour permettre « le refroidissement du cycle atomique de la centrale », prélude à son démontage, précise M. Michels.L’Allemagne a opté pour le démantèlement immédiat des centrales après leur arrêt sans passer par une phase de mise sous cocon.

Rendus inactifs, les 193 éléments combustibles au cœur du réacteur encore hautement radioactifs seront transférés dans une piscine de stockage d’un bâtiment adjacent. Ils y resteront immergés pendant 3 à 5 ans jusqu’à ce qu’ils soient emballés dans des conteneurs « Castor » pour être transportés le moment venu vers un lieu d’enfouissement.

Le démontage

Le démontage un à un des éléments de la centrale commencera, lui, « au début de l’année prochaine », une fois toutes les autorisations obtenues, selon M. Michels. « Nous sommes bien préparés », explique le responsable, alors que EnBW compte déjà quatre autres réacteurs en cours de démontage, depuis 2008 pour le plus ancien. Le démantèlement des installations nucléaires doit durer une quinzaine d’années.

Le choix d’un site d’enfouissement pour les déchets

Le choix d’un site d’enfouissement profond pour les déchets nucléaires allemands hautement radioactifs accumule les retards. Selon le plan initial, la phase de recherche elle-même devait être achevée en 2031, avec le but d’avoir un site disponible d’ici 2050. Mais fin 2022, l’organisme fédéral en charge des déchets nucléaires a proposé de repousser la recherche à un horizon bien plus lointain : jusqu’en 2046 voire 2068, selon les scénarios.

L’acheminement du premier colis radioactif vers le futur lieu sélectionné prendra encore 20 ans. Entretemps, les déchets hautement radioactifs sont stockés dans des entrepôts temporaires conçus à cet effet. Les déchets de faible activité et à vie courte seront eux stockés définitivement dans l’ancienne mine de fer de Konrad, proche de Salzgitter (Basse-Saxe), pour une mise en service prévue à partir de 2027.

Un site de stockage définitif doit permettre de stocker les déchets nucléaires en toute sécurité pendant au moins un million d’années. « Plus de 30.000 générations seront encore concernées par les conséquences de la technologie nucléaire qui n’a été en service chez nous que pendant 60 ans », avait déclaré en 2017 l’ancienne ministre de l’Environnement, Barbara Hendricks.

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