Fiasco prévisible de l’e-timbre rouge: les usagers et les contribuables vont trinquer

Par MATTHIEU CRESON
4 mars 2023 19:43 Mis à jour: 5 mars 2023 07:05

Quel bilan peut-on dresser de l’ « e-lettre rouge » deux mois après son introduction, le 1er janvier 2023 ? Rappelons brièvement les faits : fin 2022 était annoncée la disparition du timbre rouge, celui des lettres prioritaires, distribuées à J+1, au profit d’une version dématérialisée, la « e-lettre ». Lors de son audition au Sénat, le 15 février 2023, Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste, a reconnu que l’e-lettre rouge « est utilisée 3500 fois par jour ». On est donc très loin des quelque 750.000 lettres à timbre rouge envoyées quotidiennement avant sa suppression, comme l’indique un récent article de Marianne ! Face à ce constat d’échec, Philippe Wahl a précisé devant les sénateurs que si 5000 ou 10.000 e-lettres rouges n’étaient pas envoyées chaque jour, ce nouveau service devrait alors lui-même être « supprimé »…

Si un média comme Marianne déplore cette situation, c’est aussi parce que la direction de La Poste, soucieuse de réaliser, d’après son PDG, 500 millions d’euros d’économies, aurait oublié qu’elle est avant tout un service public – en particulier dans certaines régions rurales où le passage du facteur reste essentiel au maintien de la vie sociale, notamment pour certaines personnes âgées et/ou isolées. À l’IREF, notre propos est différent : nous critiquons le fiasco de la e-lettre, mais pour d’autres raisons que celles avancées par Marianne. La Poste a le droit de faire évoluer ses services, mais en supprimant la lettre prioritaire au profit d’un mail payant, il fallait qu’elle s’attende à un échec évident. Si elle voulait que la lettre prioritaire marche, elle aurait peut-être du réorganiser ses services pour pouvoir offrir un service à meilleur prix. Une entreprise réellement compétitive doit veiller en permanence à ce que l’offre qu’elle propose sur le marché continue bien à répondre aux attentes de ses clients ; si elle constate que ce n’est pas ou plus le cas, elle est alors naturellement encline à l’améliorer et/ou à en simplifier l’utilisation pour ses clients le cas échant, sous peine de perdre des parts marché, voire de disparaître. Au lieu de quoi,  parallèlement à la suppression du timbre rouge, la Poste a augmenté le délai de livraison des lettres à timbre vert, passant de deux à trois jours !

Si La Poste avait été une entreprise privée, l’échec aurait été rapidement sanctionné, les actionnaires faisant peser sur les dirigeants la responsabilité de leurs décisions et de leur gestion. Ici, ce sont encore les « usagers » et le contribuable qui vont trinquer. (Contribuable qui est déjà amplement sollicité à travers le demi-milliard d’euros de subventions annuelles que touche La Poste depuis 2022!).

Article écrit par Matthieu Creson. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.

L’IREF est un « think tank » libéral et européen fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer la recherche indépendante sur des sujets économiques et fiscaux. L’institut est indépendant de tout parti ou organisation politique. Il refuse le financement public.

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