Gérard Miller : le parquet de Paris requiert sa mise en examen pour des faits de viols et agressions sexuelles sur sept femmes

Gérard Miller, au lancement de la bande dessinée « 50 nuances de Grecs » de Jul et Charles Pepin à Paris, le 15 novembre 2019.
Photo: JOEL SAGET/AFP via Getty Images
Dix-huit mois après l’émergence des premiers témoignages accablants, le célèbre psychanalyste Gérard Miller comparaît ce jeudi devant des magistrats instructeurs parisiens. L’homme de 77 ans, figure médiatique familière des plateaux télévisés, fait face à des accusations de viols et d’agressions sexuelles concernant sept femmes, sur une période s’étalant de 2000 à 2020.
Selon le parquet de Paris, la garde à vue entamée mardi s’est conclue jeudi matin. Le ministère public a décidé d’ouvrir une information judiciaire, procédure qui marque une nouvelle étape dans cette affaire retentissante. Le psychanalyste sera présenté aux juges d’instruction avec des réquisitions de mise en examen portant sur plusieurs chefs d’accusation graves.
Une mise en examen aux contours multiples
Les charges les plus lourdes concernent des viols présumés sur quatre jeunes filles de plus de quinze ans, commis entre 2000 et 2004. S’ajoutent à ce tableau un viol et une agression sexuelle sur une femme majeure en 2019. Les réquisitions visent également une agression sexuelle sur une mineure de quatorze ans en 2001, ainsi qu’une autre agression sur une femme adulte en 2020. Le parquet n’a pas précisé si une demande de détention provisoire accompagnait ces réquisitions.
L’affaire éclate au grand jour
C’est le magazine Elle qui a déclenché l’onde de choc en janvier 2024, révélant les premières accusations. Parmi les témoignages bouleversants figure celui de Mathilde, qui affirme avoir été violée lors d’une séance d’hypnose en 2004, à l’âge de dix-neuf ans. Son récit glaçant décrit une emprise totale : « Je ne peux plus bouger. Je suis une poupée qu’on déshabille et à qui l’on peut faire ce que l’on veut. »
Cette femme courageuse a franchi le pas en déposant plainte en février 2024, ouvrant ainsi la voie à d’autres victimes. La première plainte officielle, reçue le 6 février 2024 pour des faits remontant à 1995, a conduit le parquet à confier l’enquête à la Brigade de protection des mineurs.
Une vague déferlante de témoignages
Suite à cette première plainte fondatrice, une vingtaine de femmes ont trouvé le courage de témoigner auprès de la justice. Leurs récits convergent autour de scénarios similaires : des scènes à caractère sexuel survenant après des séances d’hypnose, des soirées arrosées, ou sous couvert de rendez-vous professionnels. Ces femmes avaient entre quatorze et vingt-cinq ans lors des faits présumés.
Le parquet souligne cependant qu’une partie de ces actes, bien que susceptibles de qualification pénale, apparaissent prescrits juridiquement. Selon les investigations menées par Elle et Mediapart, plusieurs dizaines d’autres femmes se sont manifestées, rapportant des comportements allant du déplacé aux violences sexuelles caractérisées.
Les dénégations initiales du psychanalyste
Face aux premières accusations, Gérard Miller avait adopté une posture défensive sur les réseaux sociaux fin janvier 2024. Sur X, il contestait fermement les témoignages, affirmant n’avoir « contraint personne » et respecter scrupuleusement « tout embarras, tout refus », particulièrement dans ses démarches de séduction.
Le psychanalyste réfutait catégoriquement avoir pratiqué l’hypnose dans un cadre privé, assurant n’intervenir qu’en public. À l’ouverture de l’enquête, il se déclarait « certain de n’avoir commis aucune infraction », promettant de « répondre sur chacun des faits reprochés » tout en réservant sa parole à l’institution judiciaire.
Un homme public rattrapé par son passé
Gérard Miller incarnait jusqu’alors le psychanalyste médiatique par excellence, chroniqueur régulier à la radio et à la télévision depuis les années 1990-2000, notamment auprès de Laurent Ruquier et Michel Drucker. Proche de Jean-Luc Mélenchon depuis 2012, il jouissait d’une certaine respectabilité publique.
L’affaire a pris une dimension particulière après la résurgence d’un documentaire réalisé par Miller en 2011 sur Benoît Jacquot. Le cinéaste, lui-même mis en examen à l’été 2024 pour viols sur les actrices Julia Roy et Isild Le Besco, y confiait troublant que « le cinéma était une sorte de couverture » pour des relations avec des mineures. Une déclaration qui résonne aujourd’hui avec une sinistre ironie.
Avec AFP

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