Ghislaine Maxwell sur la mort de Jeffrey Epstein: «Je pense qu’il a été assassiné»

Par Tom Ozimek
25 janvier 2023 21:44 Mis à jour: 25 janvier 2023 22:24

Ghislaine Maxwell, femme du monde accusée de trafic sexuel, a eu l’occasion de s’exprimer sur la chaîne britannique Talk TV. Selon elle, son ancien associé Jeffrey Epstein a été assassiné.

Epstein qui faisait face à de multiples accusations de trafic sexuel de mineurs, a été retrouvé mort dans sa cellule au Metropolitan Correctional Center (MCC) à New York en août 2019.

Sa mort a officiellement été enregistrée comme un suicide par pendaison. Cependant cette explication est douteuse et suscite de très nombreuses questions. Un médecin légiste engagé par le frère d’Epstein a déclaré que les multiples fractures trouvées au niveau de son cou étaient « très inhabituelles dans les pendaisons par suicide ». Selon lui, elles correspondaient davantage à un homicide par strangulation.

« Je pense qu’il a été assassiné », a déclaré Ghislaine Maxwell dans l’interview accordée à Talk TV. « J’ai été stupéfaite. Puis je me suis demandé comment c’était arrivé parce qu’en ce qui me concerne, il allait… j’étais sûre qu’il allait faire appel. »

De nombreuses personnes ont exprimé leur scepticisme quant au fait qu’Epstein ait pu mettre fin à ses jours un mois seulement après son arrestation.

Beaucoup ont souligné ses liens avec de puissantes personnalités, dont certaines avaient peut-être participé à ses abus sexuels et devaient le faire taire.

Un peu avant sa condamnation, les avocats de Ghislaine Maxwell ont fait une déposition en faisant valoir que leur cliente elle‑même était en danger. Une de ses codétenues se serait vue proposée de l’argent pour l’assassiner et aurait conspiré pour « l’étrangler dans son sommeil ».

« Cet incident reflète la réalité brutale selon laquelle de nombreux détenus n’hésiteraient pas à tuer Mme Maxwell, que ce soit pour l’argent, la célébrité ou simplement leur réputation dans la rue », ont écrit les avocats, ajoutant qu’il était tout à fait probable qu’une personne ait commandité sa mort.

Ghislaine Maxwell a été condamnée le 28 juin 2022 à 20 ans de prison pour avoir été complice du trafic sexuel sur mineurs d’Epstein.

Elle purge sa peine à la prison de basse sécurité FCI Tallahassee, en Floride.

Ghislaine Maxwell et Jefffrey Epstein (Florida Department of Law Enforcement via Getty Images)

Des questions sans réponse

Les questions sans réponses sont toujours plus nombreuses concernant les circonstances de la mort d’Epstein. Celui‑ci a été retrouvé pendu à l’aide d’un drap le 10 août 2019.

Sa mort a suscité une certaine colère. Beaucoup ont fait part de leur indignation en voyant qu’un prisonnier aussi médiatisé n’était pas surveillé correctement et qu’il ait pu être tué dans un établissement où des détenus aussi tristement célèbres que le baron mexicain de la drogue Joaquin « El Chapo » Guzman et l’escroc de Wall Street Bernie Madoff allaient et venaient sans incident.

Le 23 juillet 2019, trois semaines avant sa mort, il avait été retrouvé à moitié inconscient étendu au sol avec des bleus sur le cou, ce qui avait été interprété comme une tentative de suicide. De ce fait, il avait brièvement été placé dans une cellule spéciale de sorte qu’il ne puisse pas mettre fin à ces jours. Il avait finalement été retiré de la surveillance anti‑suicide et logé dans une unité de haute sécurité. Il était suivi moins étroitement mais devait tout de même être contrôlé toutes les demi‑heures.

Cependant, les deux gardiens de prison en charge de veiller sur lui se sont endormis, ou bien ils surfaient sur Internet au lieu de le vérifier sa situation toutes les 30 minutes. Ils ont ultérieurement fait l’objet de poursuites. Michael Thomas et Tova Noel, ont admis avoir « délibérément et sciemment » falsifié les dossiers pour faire croire qu’ils avaient correctement suivi les protocoles de vigilance.

Michael Thomas (à dt.) et Tova Noel (en jaune) à la sortie du tribunal le 25 novembre 2019 à New York. (Kena Betancur/Getty Images)

En janvier 2022, les poursuites contre Tova Noel et Michael Thomas ont été abandonnées. Entretemps, ceux‑ci ont accepté les accords de poursuites différées comprenant 100 heures de travaux d’intérêt général et leur coopération dans l’enquête du département de la Justice (DOJ) sur la mort d’Epstein.

Le médecin légiste : « La cause est la pendaison, la manière est le suicide »

Le médecin légiste en chef, le Dr Barbara Sampson, a statué que la mort d’Epstein était un suicide par pendaison. Elle a déclaré être parvenue à cette conclusion « après un examen minutieux de toutes les informations d’enquête, y compris les résultats complets de l’autopsie ».

Peu convaincu, le frère d’Epstein a alors engagé le Dr Michael Baden, pathologiste médico‑légal, présent lors de l’autopsie, pour examiner les preuves.

Dans les années 1970, le Dr Baden, avait été le médecin légiste en chef de la ville de New York. Selon lui, les traces montraient qu’Epstein avait pu être assassiné. Les blessures d’Epstein correspondaient davantage à celles trouvées chez les victimes d’homicide. Il n’avait jamais vu ce type de blessures au niveau de l’os du cou dans les suicides sur lesquels il avait enquêté jusque‑là. Mais il a finalement précisé que ses observations ne permettaient pas de conclure définitivement au meurtre.

Bien que peu fréquentes, les blessures au niveau de la colonne vertébrale d’Epstein peuvent apparaitre en cas de suicide par pendaison, ont alors fait valoir d’autres spécialistes. Les blessures à l’os hyoïde telles que retrouvées sur Epstein se produisent parfois chez les personnes âgées, or Epstein avait 66 ans au moment de sa mort.

Une fois que le Dr Baden a émis son avis, le Dr Barbara Sampson a déclaré qu’on ne pouvait tirer de conclusions à partir d’un seul élément de preuve ou d’une blessure inhabituelle.

« La cause est la pendaison, la manière est le suicide », a‑t‑elle confirmé en octobre 2019

De « sérieuses irrégularités »

Le procureur général de l’époque, William Barr, a déclaré qu’il y avait de « sérieuses irrégularités » dans la prison de Manhattan où Epstein est mort. Il a promis que l’inspecteur général du DOJ ferait « toute la lumière sur ce qui s’est passé » et qu’il y aurait « des comptes à rendre ». Finalement, cette enquête se poursuit mais aucun rapport n’a encore été publié.

Après les remarques de William Barr, le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jerry Nadler (Parti démocrate‑New York), et le membre de la commission de l’époque, Doug Collins (Parti républicain‑Géorgie), ont envoyé une lettre au Federal Bureau of Prisons (BOP) avec 23 questions sur la mort d’Epstein. Ils ont fait valoir les lacunes dans les protocoles liés aux détenus et ont réclamé des informations sur les mesures anti‑suicide, les ressources et les employés du BOP.

En réponse, le Bureau of Prisons National Suicide Prevention Coordinator a rédigé un rapport (pdf) présentant la chronologie des événements et les circonstances entourant la mort d’Epstein.

Selon le rapport, une assistante de l’établissement avait décrit Epstein comme étant « désemparé, triste et un peu confus » à son arrivée dans l’établissement correctionnel le 6 juillet 2019.

Cette assistante avait également déclaré qu’Epstein prétendait se sentir bien, mais ne l’avait pas convaincue. Il avait « l’air hagard et s’était replié sur lui‑même ». Elle conseillait dans un courriel un accompagnement psychologique « par mesure de précaution et prévenir toute pensée suicidaire ».

Lors d’une procédure judiciaire le 8 juillet, Epstein a nié avoir des pensées suicidaires mais, en raison de facteurs de risque, il a été placé en observation psychologique, un protocole moins restrictif que la surveillance anti‑suicide. Le rapport indique qu’il a été retiré de l’observation psychologique au bout de quelques jours.

Suite à une réévaluation des risques de suicide le 23 juillet, Epstein a été placé sous surveillance médicale, indique le rapport. Un jour plus tard, il a été retiré de la surveillance anti‑suicide et remis en observation psychologique. Le rapport indique qu’Epstein avait des difficultés à s’adapter à son environnement derrière les barreaux. Il avait notamment des problèmes de sommeil et des inquiétudes quant à sa sécurité.

Un jour avant sa mort, des documents rendus publics révélaient de nouveaux détails sur les plaintes d’abus sexuels déposées contre lui. Selon le rapport, ces documents fragilisaient encore sa position et impliquaient potentiellement certains de ses associés.

« L’absence de véritables relations interpersonnelles, la perte totale de son statut au sein de la société et parmi ses collaborateurs, et l’idée de passer sa vie en prison ont probablement contribué au suicide de M. Epstein », conclut le rapport.

Outre les manquements commis par les gardiens, le rapport du BOP indique que le personnel a commis d’autres erreurs dans la nuit du 10 août. Par exemple, un formulaire d’évaluation des services psychologiques destinés à Epstein indiquait qu’il n’avait jamais été condamné auparavant pour délit sexuel. Il a également été identifié par erreur comme étant noir. Enfin, il y avait un certain nombre d’entrées incomplètes concernant des services comme les douches et les repas.

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