Gilets jaunes – un éleveur en détresse interpelle Emmanuel Macron : « Vous ne méritez pas de manger mes volailles »

28 novembre 2018 18:55 Mis à jour: 29 novembre 2018 18:49

Le week-end dernier, un éleveur de la Bresse a interpellé le chef de l’État dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Très ému, le jeune agriculteur fait part de son désarroi et révèle les conditions extrêmement délicates dans lesquelles il exerce sa profession.

Agé d’une trentaine d’années, Aloïs Gury élève des volailles dans le département de l’Ain. Un métier qu’il exerce depuis près de trois ans malgré de nombreuses difficultés et une situation de précarité.

Le 11 novembre, les volailles du jeune homme étaient servies aux chefs d’État du monde entier réunis à l’Élysée dans le cadre des célébrations de l’armistice de 1918.

Un motif de fierté pour cet éleveur pour qui « ça fait plaisir de savoir que son boulot est quand même un peu valorisé ».

Bien que la qualité de son travail soit reconnue au sommet de l’État, le jeune Bressan a décidé de dénoncer les conditions dans lesquelles il est contraint d’exercer son métier à travers une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Vêtu d’un gilet jaune, l’éleveur de 33 ans qui affirme travailler 80h par semaine pour un salaire mensuel d’environ 700 euros s’est adressé directement au chef de l’État.

« Monsieur Macron, vous ne méritez pas de manger mes volailles. Vous ne connaissez rien à l’agriculture. Vous ne savez pas le travail qu’il y a derrière », s’emporte Aloïs Gury.

« On ne s’en sort pas. C’est la cata de partout, tout le monde gueule et vous ne dites rien. Vous ne dites que dalle. Vous n’en avez rien à foutre », poursuit le jeune homme.

« C’est ma mère… Ma mère qui me fait 50 euros de course tous les mardis. Parce que je n’ai pas les moyens », ajoute-t-il avec des trémolos dans la voix.

« Je ne devrais pas en être là. Je devrais pouvoir m’en sortir. Je devrais pouvoir vivre normalement », regrette ce trentenaire qui n’a pourtant pas ménagé sa peine depuis trois ans.

« Ça va faire 3 ans que je me suis installé, j’ai eu une semaine de vacances. C’était au mois d’octobre. Pourquoi je l’ai prise cette semaine de vacances ? C’est parce que c’est la MSA [Mutualité sociale agricole] qui me l’a payée, ça s’appelle l’aide au répit », raconte Aloïs Gury.

« Je produis 16 000 volailles par an. Il n’y a pas de jour de repos, pas de répit », conclut le Bressan avec dépit.

Un témoignage poignant qui illustre la profonde détresse de nombreux citoyens, incapables de s’en sortir financièrement malgré leurs efforts et le fait qu’ils travaillent avec acharnement.

Mise à jour du 29/11/18 : L’Élysée a réagi à la vidéo publiée par Aloïs Gury et a démenti avoir cuisiné les volailles de l’éleveur qui ne ferait pas partie de ses fournisseurs.

« Nous avons vérifié avec l’abatteur avec qui nous travaillons. Les volailles servies au déjeuner officiel du 11 novembre provenaient de deux éleveurs de volailles de Bresse, Cyril Degluaire et Thierry Desmaris. Jamais les volailles d’Alexis Gury n’ont été commandées par l’Élysée », expliquent les services de la Présidence de la République cités par France 3.

Reconnaissant la détresse de cet éleveur « confronté aux difficultés du quotidien », la conseillère en agriculture de l’Élysée l’a joint par téléphone afin de faire le point sur sa situation personnelle et d’étudier les aides auxquelles il pouvait prétendre.

Face à l’ampleur prise par les évènements, Aloïs Dury a décidé de publier une seconde vidéo pour mettre les choses au clair le 29 novembre.

Il souligne qu’il n’approvisionne pas directement l’Élysée, mais qu’il fournit en fait deux coopératives locales pour lesquelles travaillent plusieurs éleveurs : Les volailles Miéral et Le Chapon bressan.

Alors qu’il avait indiqué dans sa première vidéo que ses volailles avaient été servies aux chefs d’État réunis à l’Élysée pour les commémorations de l’armistice de 1918, l’éleveur explique finalement que d’après les informations de Guillaume Gomez – cuisinier en chef du Palais –, les volailles dégustées le 11 novembre provenaient des élevages de confrères fournissant eux aussi les deux coopératives avec lesquelles travaillent les services de la Présidence.

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