Idiome chinois : « Surpris d’en avoir vu si peu » (少見多怪)

24 juillet 2016 10:38 Mis à jour: 24 juillet 2016 21:34

Il était une fois un homme qui n’avait jamais vu ou entendu parler de chameaux. Un jour, il alla se promener dans un champ près d’une route à la périphérie de la ville. C’était une journée ensoleillée avec beaucoup de gens travaillant dans les champs, et l’homme appréciait sa promenade.

Soudain, il vit une créature avec deux bosses sur son dos. Il ne savait pas du tout de quoi il s’agissait. Il était si étonné qu’il cria : « Sacrebleu ! Venez vite voir cette chose ! »

En entendant sa voix surprise, les paysans laissèrent tomber leurs outils et se précipitèrent pour voir ce qu’il avait trouvé. Ils ne virent cependant rien d’anormal ou sortant de l’ordinaire.

Un d’entre eux demanda : « Mon bon monsieur ! Mais pourquoi hurlez-vous donc ? »

L’homme répondit : « Regardez ce cheval : il a deux horribles tumeurs. »

En comprenant que l’homme se référait à un chameau, les spectateurs éclatèrent de rire.

Cette histoire a par la suite donné l’idiome 少見多怪 (shǎo jiàn duō guài) qui décrit ce genre de situation où quelqu’un est très ignorant. Elle veut littéralement dire : « Peu vu, très surpris » et est traduite par : « Surpris d’en avoir vu si peu ».

L’expression a été trouvée pour la première fois dans un dialogue du texte bouddhiste Le Traité pour régler les Doutes (1) par Mou Rong (2), un célèbre érudit confucéen convertit au bouddhisme dans la période terminale des Han Orientaux (25-220).

Dans ce dialogue, un homme demande : « Vous avez mentionné que le Bouddha a 32 apparences spéciales et 80 caractéristiques détaillées, ce qui est très différent des êtres humains ordinaires. Comment cela peut-il être ? »

À quoi Mou répondit  : « Moins quelqu’un a vu, plus il sera surpris ; il pourra voir un chameau et le prendre pour un cheval avec deux tumeurs. »

L’idiome est parfois utilisé pour s’amuser de ceux qui annoncent un fait très commun comme d’importantes nouvelles. Un équivalent en Français pourrait être « Merci maréchal La Palisse, » qui est généralement dit sur un ton sarcastique.

Notes :

1. Le « Traité pour régler les Doutes » (理 惑 論, Lǐ Huò Lún) est le premier livre sur le bouddhisme écrit par un érudit chinois et destiné à un public chinois. Il y a eu de nombreuses objections au bouddhisme en Chine au cours des premiers siècles après son introduction, en raison de sa provenance étrangère.

2. Mou Rong (170 – ?), un érudit confucéen convertit au bouddhisme, était connu sous plusieurs noms : Maître Mou, Mou Zi ou Mou Tzu.

Version anglaise : Chinese Idioms: Surprised Having Seen So Little (少見多怪)

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