La bonté du Ciel est la clé : « L’Ange liant Satan »

Atteindre l'intérieur : ce que l’art traditionnel offre au cœur

Par Eric Bess
6 août 2021 17:48 Mis à jour: 29 août 2021 02:26

Fermons les yeux et imaginons la meilleure version de nous-mêmes. Comment serions-nous ? Comment nous comporterions-nous ?

Probablement avons-nous tous une vision différente en réalisant cet exercice. Certains pourraient s’imaginer avoir beaucoup d’argent, atteint la gloire ou être en position de pouvoir. Peut-être pensons-nous que ces attributs sont requis pour être meilleur.

Cependant, rappelons-nous que les gens riches, célèbres et puissants peuvent être bienveillants, généreux et compatissants, tout aussi bien que destructeurs et malveillants. Nous devons alors nous demander : est-il possible de devenir le meilleur de nous-mêmes en agissant comme de mauvaises personnes ? Si vous me posez la question, je répondrais un « non » – catégorique !

Peu importe ce que nous avons dans la vie, nous devons être bons pour devenir le meilleur de nous-mêmes. J’ai récemment découvert le tableau du peintre romantique Philip James de Loutherbourg, intitulé L’ange liant Satan (The Angel Binding Satan), qui m’a rappelé le combat intérieur à mener pour devenir la meilleure version de soi-même.

L’ange liant Satan, vers 1797, par Philip James de Loutherbourg. Huile sur toile, 45 cm par 37,5 cm. Centre d’art britannique de Yale, Connecticut. (Domaine public)

L’ange liant Satan

La toile de Loutherbourg est une représentation colorée d’un ange tenant par son pied un côté du corps de Satan. Généralement, les représentations d’anges vainquant ainsi Satan sont celles de l’archange Michaël (ou ange Michel), telle que l’exemple ci-dessous de Guido Reni. Nous l’appellerons donc Michaël.

L’archange Michael terrassant Satan, entre environ 1630 et environ 1635, par Guido Reni. Huile sur toile, 293 cm par 202 cm. Notre-Dame de la Conception des Capucins, Rome. (Domaine public)
L’ange enchaînant Satan, vers 1797, par Philip James de Loutherbourg. Huile sur toile, 45,1 cm par sur 37,5 cm. Centre d’art britannique de Yale, Connecticut. (Domaine public)

Michaël est au centre du tableau. Le tissu rose pastel qui virevolte dans les gris froids de son armure l’aide à le détacher de l’arrière-plan, de la lumière du ciel.

Sa posture est dynamique : sa jambe droite est posée sur le rocher derrière lui tandis que sa jambe gauche piétine le corps de Satan. Ses ailes déployées s’harmonisent à la fois à la couleur et au mouvement de l’étoffe qui virevolte à sa suite. Ses cheveux d’or flottants rappellent la couleur de la clé qu’il tient de sa main droite, en direction des cieux, tandis que, de sa main gauche, il tient la chaîne qui lie Satan.

Satan est peint dans une posture de défaite. Son corps se contorsionne sous le pied de l’ange, tandis qu’il tend la main vers les chaînes que l’archange a enroulées autour de son cou. De son autre main, il tient un serpent qui s’enroule autour de son bras. Sa tête, représentée par un crâne, est se tourne vers Michaël.

Satan ne se démarque pas beaucoup de son environnement. En regardant bien la toile, nous remarquons que le haut de son corps est presque indiscernable de l’arrière-plan. Il est intéressant de noter que l’endroit où le corps de Satan se distingue le plus de son environnement est celui où Michaël pose son pied.

Les couleurs complémentaires et contrastantes du vert atténué et du rouge incendiaire engloutissent la moitié inférieure de la composition. Les jambes de Satan se transforment en queues vertes de serpents, dont l’une descend dans l’enfer rouge et brûlant sous lui, et l’autre jambe se déploie en serpentant dans le lointain, vers la gauche de la composition.

Maîtriser la destruction

À quelle sagesse cette image nous convie-t-elle pour nous aider à devenir le meilleur de nous-même ?

L’on peut aisément supposer que la toile représente la bataille entre le bien et le mal, entre le ciel et l’enfer. Que cette bataille existe dans un lieu « là-bas », séparé de nous. Cependant, prenons un moment pour tourner notre regard vers l’intérieur et considérons qu’il puisse s’agir d’une lutte se déroulant en nous.

Loutherbourg a représenté Satan avec un crâne en guise de tête. Généralement, dans les beaux-arts, les crânes représentent la mort ou la destruction. L’une des jambes de Satan serpente vers l’enfer, et l’autre serpente au loin. Il tient également un serpent dans sa main gauche. Ces éléments serpentiformes représentent la tentation. Ainsi, nous pourrions conclure que Satan représente la mort, la destruction, la tentation, ou même une relation entre ces éléments : la mort et la destruction résultant de la tentation. Ces tentations se répandent dans le monde qui nous entoure et nous lient à l’enfer, telles les jambes serpentiformes de Satan.

Si Satan représente les éléments mauvais, alors, selon ce tableau, le mal pourrait correspondre aux tentations qui conduisent à la mort et la destruction. Ainsi, pour trouver le meilleur de nous-mêmes, comment pouvons-nous dominer les tentations destructrices en nous ?

L’archange Michaël représenterait la maîtrise des tentations. De son pied et de sa chaîne, il domine Satan. Michaël, un ange représentant la bonté du Ciel, a le pouvoir d’enchaîner Satan, l’incarnation du mal. Il tient une clé, peinte dans la lumière du ciel. S’agit-il de la clé qui lui permet de maîtriser Satan et de le garder prisonnier ? Cela suggère-t-il que, par le Ciel, le mal peut être vaincu ?

Peut-être la clé n’est-elle pas seulement celle qui permet de dominer Satan et ses tentations, mais pourrait également être celle pouvant libérer [l’humain] de la prison des tentations.

Au début de cet article, nous nous sommes demandé quelle serait la meilleure version de nous-mêmes. En réfléchissant à la sagesse à laquelle cette peinture nous convie, l’on pourrait se demander : la bonté du ciel permet-elle de façonner la meilleure version de nous-mêmes ? La bonté du ciel est-elle la clé nous permettant de dominer nos tendances destructrices et de se libérer de la tentation ?

Les arts traditionnels contiennent souvent des représentations et des symboles spirituels dont la signification peut être perdue pour nos esprits modernes. Dans notre série « Atteindre l’intérieur : ce que l’art traditionnel offre au cœur », nous interprétons les arts visuels d’une manière qui peut être moralement perspicace pour nous aujourd’hui. Nous ne prétendons pas fournir des réponses absolues aux questions auxquelles les générations ont été confrontées, mais nous espérons que nos questions inspireront un voyage de réflexion dans le but de devenir des êtres humains plus authentiques, plus compatissants et plus courageux.

Eric Bess est un artiste figuratif. Il est actuellement doctorant à l’Institut d’études doctorales en arts visuels (IDSVA).

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