La Chine et l’Inde vont rétablir des vols directs sur fond de tensions tarifaires avec les États-Unis

Dans cette photo d’archives, un avion d’Air India survole le Nickerson Beach Park à Lido Beach, dans l’État de New York, le 4 septembre 2023.
Photo: Bruce Bennett/Getty Images
L’Inde et la Chine vont reprendre des vols directs entre des villes désignées après cinq années de suspension, a annoncé le 2 octobre le ministère indien des Affaires étrangères.
La reprise des liaisons directes entre les deux pays, à la fin du mois, s’inscrit dans la « normalisation graduelle des relations entre l’Inde et la Chine », a déclaré le ministère dans un communiqué.
Le service aérien direct est « subordonné aux décisions commerciales des transporteurs désignés des deux pays » et au respect d’autres critères opérationnels, a précisé le ministère.
La première compagnie aérienne indienne, IndiGo, a indiqué qu’elle lancerait des vols directs quotidiens entre Calcutta et Canton à partir du 26 octobre. Elle prévoit également une liaison reliant New Delhi à la métropole chinoise.
Les vols directs entre les deux pays étaient suspendus depuis un affrontement meurtrier entre leurs armées sur la frontière himalayenne commune en 2020.
Le Premier ministre indien Narendra Modi s’est rendu en Chine en août pour la première fois en sept ans, à l’occasion du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin, où il a rencontré le dirigeant du Parti communiste chinois (PCC) Xi Jinping. Les deux dirigeants ont souligné que l’Inde et la Chine sont des partenaires de développement, non des concurrents.
La visite de Modi en Chine intervient alors que les deux pays font face à une forte pression tarifaire de Washington.
Par un décret du 6 août, l’administration Trump a imposé une surtaxe de 25 % à l’Inde, estimant que son gouvernement « importe actuellement, directement ou indirectement, du pétrole de la Fédération de Russie ».
À la fin du mois d’août, la surtaxe additionnelle de 25 % décidée par l’administration Trump à l’encontre de l’Inde est entrée en vigueur, portant le taux total à 50 % sur de nombreuses importations entrant aux États-Unis.
La Chine, autre grand acheteur de pétrole russe, est également sous pression de la part des pays occidentaux.
Le 12 septembre, un porte-parole du Trésor américain a appelé les alliés du G7 et de l’Union européenne à imposer des « tarifs significatifs » sur les biens en provenance de Chine et d’Inde afin de les contraindre à cesser leurs achats de pétrole russe.
La reprise des vols directs constitue un « réchauffement limité et une reprise prudente » des relations sino-indiennes, estime Sun Kuo-hsiang, professeur de relations internationales et de commerce à l’Université Nanhua, à Taïwan, cité par Epoch Times.
Si le calendrier de la reprise des vols sans escale coïncide avec l’entrée dans la saison hivernale, M. Sun note que les tensions à la frontière ont baissé depuis un an et que les échanges officiels et contacts gouvernementaux de haut niveau ont progressivement repris.
« Un espace politique s’est ainsi ouvert pour réparer les relations dans des domaines peu sensibles sur le plan politique, tels que les visas, les vols et les ports », explique M. Sun. « Les vols directs constituent la première étape vers un rétablissement à la fois symbolique et fonctionnel des relations. »
« Options de rééquilibrage »
La décision de l’Inde de rétablir des vols directs avec la Chine « ne signifie pas un alignement stratégique sur Pékin », ajoute M. Sun.
« La position de l’Inde vis-à-vis de la Chine reste celle de la concurrence et du contrôle », poursuit M. Sun. « New Delhi présente la reprise des vols comme une ‘normalisation des échanges de personnel’ motivée par la ‘demande du marché’, maintenant ainsi ses options commerciales avec la Chine tout en restant alignée avec ses partenaires occidentaux sur les coopérations technologiques et sécuritaires clés. »
Dans le contexte de rivalité entre grandes puissances, « la restauration des vols signale que l’Inde maintient une distance entre les deux camps [Chine et États-Unis] », analyse l’économiste indépendant Davy J. Wong, basé aux États‑Unis, auprès d’Epoch Times.
« Il s’agit d’une phase de réparation limitée, non d’un réchauffement complet », juge-t-il.

Des conteneurs sont empilés tandis que des grues déchargent des porte-conteneurs au port de Los Angeles, à San Pedro (Californie), le 15 avril 2025. (Patrick T. Fallon/AFP via Getty Images)
Les États-Unis ont récemment durci la pression et les mesures tarifaires à l’égard de l’Inde, notamment sur les importations énergétiques et les échanges liés à la Russie, plaçant New Delhi sous tension, observe M. Wong.
« La restauration des vols peut être interprétée comme une manière pour l’Inde de rééquilibrer ses options, en gardant des canaux ouverts avec la Chine tout en préservant la coopération avec les États-Unis », ajoute-t-il.
Le principe cardinal de l’Inde reste « l’autonomie stratégique », poursuit-il, « de sorte que ce geste vise davantage à préserver cette autonomie qu’à se ranger du côté de la Chine ».
M. Wong anticipe que les relations sino-indiennes « pourraient se réchauffer sur les plans symbolique, commercial et culturel, mais que l’incertitude persistera dans les domaines sécuritaire et stratégique ».
Avec Reuters
Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.

Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.
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