La Corée du Nord annonce un essai de frappe « à longue portée »

10 mai 2019 06:35 Mis à jour: 10 mai 2019 06:42

La Corée du Nord a annoncé vendredi avoir procédé à un essai de frappe « à longue portée », faisant encore monter d’un cran la tension avec les Etats-Unis au lendemain de la saisie par la justice américaine d’un cargo nord-coréen accusé d’avoir violé les sanctions internationales.

L’annonce de Pyongyang contredit des informations de l’armée sud-coréenne, selon qui les armes testées jeudi sont deux missiles à courte portée qui ont parcouru respectivement 270 et 420 kilomètres. Cet essai nord-coréen a eu lieu au moment même où Stephen Biegun, représentant spécial américain pour la Corée du Nord, était en visite à Séoul.

« Le leader suprême Kim Jong Un a pris connaissance d’un plan pour mener un exercice à l’aide de plusieurs moyens de frappe à longue portée, et a donné l’ordre de procéder à l’exercice », a rapporté l’agence officielle nord-coréenne KCNA, sans préciser le type d’arme testé et se gardant notamment d’employer le mot « missile ».

Assurant étudier la situation « très sérieusement », le président américain Donald Trump, qui d’habitude insiste inlassablement sur la qualité de ses relations avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, s’est ouvertement interrogé sur sa volonté de négocier sérieusement sur la dénucléarisation de la péninsule.

« Personne n’est content de ce qui s’est passé », a-t-il affirmé en évoquant lui aussi des « missiles de courte portée ». « La relation se poursuit, mais nous verrons », a-t-il ajouté, affirmant avoir le sentiment que les Nord-Coréens n’étaient pas véritablement « prêts à négocier ».

Officiellement, la Corée du Nord n’a pas procédé à un tir de missile depuis le 29 novembre 2017, date à laquelle elle avait testé un engin balistique intercontinental capable, selon elle, d’atteindre le territoire américain. Mais plusieurs projectiles avaient déjà été tirés samedi, dont un missile de courte portée d’après les experts.

Le président sud-coréen Moon Jae-in a averti que les tirs de jeudi « pourraient rendre les négociations plus difficiles » avec les Etats-Unis sur le nucléaire. La justice américaine par ailleurs annoncé la saisie d’un cargo nord-coréen de 17.000 tonnes, le « Wise Honest », accusé d’avoir violé les sanctions internationales en exportant du charbon et en important des machines.

Cette mesure, une première selon le procureur fédéral de Manhattan Geoffrey Berman, intervient dans un contexte de défiance croissante depuis le sommet de Hanoï en février entre Donald Trump et Kim Jong Un, qui s’est soldé par un désaccord. M. Kim réclamait une levée des sanctions trop importantes aux yeux de M. Trump en échange d’un début de dénucléarisation jugé trop timide.

« Ce navire anti-sanctions est désormais hors service », s’est félicité le vice-ministre américain de la Justice John Demers. « La Corée du Nord et les entreprises qui l’aident à contourner les sanctions des Etats-Unis et de l’ONU doivent savoir que nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour appliquer les sanctions internationales ». Le bâtiment avait été bloqué l’an dernier en Indonésie, son capitaine étant poursuivi par les autorités indonésiennes. Les autorités américaines avaient lancé de leur côté en juillet la procédure de saisie.

« L’objectif de Kim, au-delà de prouver que ces programmes d’armement deviennent de plus en plus puissants, est clair: montrer à l’Amérique et à ses alliés que s’ils ne sont pas disposés à faire des compromis sur les conditions de la dénucléarisation, Pyongyang suivra sa propre route », a commenté Harry Kazianis, du groupe de réflexion conservateur américain Center for the National Interest. Concernant les tirs de samedi, les images diffusées par les médias nord-coréens montrent un engin similaire au missile russe Iskander à un étage, d’après les experts.

Il ressemble à une arme présentée par la Corée du Nord au cours d’un défilé militaire l’année dernière, au moment où s’amorçait la détente sur la péninsule. Pyongyang s’est toutefois refusé à employer le terme de « missile », indiquant que l’exercice avait impliqué « plusieurs lance-roquettes de longue portée et armes tactiques guidées ».?Il s’agissait d’un « exercice de routine » qui s’est déroulé dans les eaux territoriales nord-coréennes et les projectiles ne constituaient pas une menace pour les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon, a affirmé un responsable nord-coréen.

Pendant sa rencontre historique avec Donald Trump en juin 2018 à Singapour, Kim Jong Un s’était engagé à travailler en vue d’une « dénucléarisation complète » de la péninsule coréenne. Mais le scepticisme a grandi depuis avec l’absence d’avancées concrètes.  Le dirigeant nord-coréen a rencontré fin avril le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok pour leur premier sommet, pendant lequel il s’est plaint de la « mauvaise foi » des Américains dans la crise nucléaire. Depuis l’échec de Hanoï, la Corée du Nord a accusé Séoul de s’être rangée du côté de Washington et les relations entre les deux frères ennemis se sont de nouveau dégradées.

D.C avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.