La France et l’Arabie saoudite mènent l’offensive lors du sommet de l’ONU pour la reconnaissance de l’État palestinien

Le président Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ont tenu une réunion bilatérale lors du sommet UE–Conseil de coopération du Golfe (CCG) à Bruxelles le 16 octobre 2024.
Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images
Les dirigeants mondiaux se réunissent à New York ce 22 septembre pour un sommet des Nations unies, lors duquel plusieurs pays devraient reconnaître l’État palestinien, à la suite de décisions similaires prises la veille par le Canada, l’Australie, le Royaume-Uni et le Portugal.
Ce sommet, coprésidé par la France et l’Arabie saoudite, précède la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre, où des représentants d’environ 150 des 193 États membres sont attendus à New York. Cette rencontre survient après l’intensification des opérations militaires israéliennes à Gaza et un appel à une évacuation totale de Gaza City.
L’ONU indique que ce sommet est censé « donner un nouvel élan aux efforts visant à établir une feuille de route onusienne pour deux États. »
Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU, a déclaré : « La Palestine sera l’éléphant dans la pièce lors de cette session de l’Assemblée générale. »
Plus de 145 États reconnaissaient l’État palestinien l’an dernier, selon le bureau des droits de l’homme de l’ONU. Israël et les États-Unis s’opposent à cette reconnaissance, estimant qu’elle sape les négociations.
Danny Danon, ambassadeur israélien à l’ONU, a affirmé que ces déclarations de reconnaissance étaient « vides de sens ».
« Aucune déclaration de quelque pays que ce soit ne changera le fait simple que, avant toute chose, les otages doivent être libérés et que le Hamas doit être vaincu », a-t-il publié sur X. « La défaite du Hamas et la fin de la guerre ne seront pas obtenues par des discours performatifs à l’ONU, mais par la pression continue et l’action sur le terrain de la part de l’État d’Israël. »
Emmanuel Macron, qui devrait annoncer officiellement la reconnaissance par la France de l’État palestinien après l’avoir annoncée en juillet, a déclaré dans une vidéo du 21 septembre que les victimes de l’attaque du 7 octobre 2023 perpétrée par le Hamas n’avaient pas été « oubliées » et a appelé à la paix, à un cessez-le-feu immédiat et à la libération des 46 otages retenus par le groupe terroriste. M. Macron qualifie la reconnaissance de « commencement d’une voie » vers la paix.
« Ce que la France souhaite, c’est une autorité palestinienne qui se réinvente, renouvelle ses programmes scolaires pour qu’ils ne transmettent pas la haine, instaure les conditions permettant la paix au cœur de cette autorité palestinienne », a-t-il déclaré dans cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux. « Ce que veut la France, c’est deux États vivant côte à côte, dans la paix. Un Israël qui reconnaît l’État palestinien, et une Palestine qui reconnaît Israël. Un Israël qui reconnaît un État palestinien démilitarisé et qui vivra en paix aux côtés d’Israël. »
L’Allemagne appelle au lancement d’un processus à deux États avec les Palestiniens. Avant de partir pour New York, le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul a déclaré le 22 septembre que « la reconnaissance de l’État palestinien intervient davantage à la fin du processus, mais ce processus doit débuter maintenant. »
« Un État palestinien est notre objectif. Nous soutenons la solution à deux États. Il n’y a pas d’autre voie », a-t-il indiqué. « Personne ne devrait mener une politique ici en cherchant à forcer le passage coûte que coûte. La voie du dialogue, du compromis et de la négociation reste la route médiane, difficile et laborieuse. Mais c’est le chemin que soutient la République fédérale d’Allemagne. »
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a précédemment déclaré que la reconnaissance unilatérale était « contre-productive ».
« Nous pensons en fait que cette initiative nuit aux négociations, car elle a enhardi le Hamas, et nous pensons qu’elle compromet les perspectives futures de paix dans la région », a-t-il déclaré aux journalistes le 15 septembre.
Déclaration de New York
Le 12 septembre, l’ONU a voté pour endosser la Déclaration de New York, qui prévoit des « étapes concrètes, datées et irréversibles » vers une solution à deux États, tout en condamnant le Hamas et en appelant à son désarmement.
« Gaza fait partie intégrante de l’État palestinien et doit être réunifiée avec la Cisjordanie. Il ne doit y avoir ni occupation, ni siège, ni réduction territoriale, ni déplacement forcé », stipule la déclaration.
L’Italie, co-auteure de la résolution, a déclaré le 22 septembre qu’elle soutiendrait le processus de reconnaissance une fois l’État palestinien effectivement établi avec la réunification de Gaza et de la Cisjordanie.
« Un État palestinien débarrassé du Hamas, comme le prévoit la résolution de l’ONU coparrainée par l’Italie et adoptée le 12 septembre », a indiqué le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani. « Je réaffirmerai aussi notre engagement envers la population civile par l’initiative Food for Gaza, avec de nouvelles évacuations médicales prévues dans les prochaines semaines. Nous réaffirmons également notre opposition à l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, qui compromet la mise en œuvre de la solution à deux États, ainsi qu’à l’offensive terrestre lancée par Israël en raison des risques pour les civils. »
Israël et les États-Unis ont rejeté la Déclaration de New York, qualifiant le vote de l’ONU de « coup médiatique mal avisé et mal programmé, qui compromet les efforts diplomatiques sérieux pour mettre fin au conflit. »
M. Macron a déclaré le 20 septembre que 142 pays soutenaient la déclaration, y voyant « un tournant » vers la paix et la sécurité durables dans la région. Il a ajouté que la conférence de New York, coprésidée avec l’Arabie saoudite, « devait nous permettre de franchir une nouvelle étape dans la mobilisation de la communauté internationale. »
Situation sur le terrain
La guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 qui a fait environ 1200 morts en Israël et 251 otages, approche de ses deux ans. Selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas à Gaza, 65.000 Palestiniens auraient été tués depuis le début du conflit.
Le ministère ne fait pas de distinction entre civils et combattants. Epoch Times n’est pas en mesure de vérifier ces chiffres en toute indépendance.
Le 20 septembre, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont indiqué que leurs troupes avaient « démantelé de nombreux sites terroristes », trouvé des armes, éliminé des combattants du Hamas et frappé des postes de snipers et des bâtiments piégés dans le nord de Gaza. L’armée a ajouté que son aviation avait ciblé plus de 100 objectifs, dont des installations souterraines, des dépôts d’armes et des cellules terroristes.
Quelques jours plus tôt, les États-Unis ont mis leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la libération des otages détenus par le Hamas et à la levée des restrictions israéliennes sur l’aide humanitaire, bloquant ainsi une mesure soutenue par 14 des 15 membres du Conseil.
L’envoyée adjointe américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a expliqué que Washington ne pouvait soutenir la résolution, car celle-ci aurait entériné un cessez-le-feu avec le Hamas toujours maître de Gaza.
Les agences humanitaires de l’ONU, dont le Conseil norvégien pour les réfugiés, Save the Children et Action for Humanity, ont la semaine dernière supplié la communauté internationale d’intervenir à Gaza, appelant toutes les parties à « renoncer à la violence contre les civils… et à œuvrer pour la paix ».

Evgenia Filimianova est une journaliste basée au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la politique britannique, les procédures parlementaires et les questions socio-économiques.
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