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La grande souffrance des professionnels de santé en Europe : dépression et anxiété pour un tiers des médecins et infirmiers (OMS)

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Le drapeau de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) flottant à l'extérieur du siège de l'organisation à Genève, le 23 avril 2025.

Photo: FABRICE COFFRINI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

L’OMS Europe tire la sonnette d’alarme : près d’un tiers des professionnels de santé européens présente des signes de dépression. Cette révélation, issue d’une vaste enquête dévoilée vendredi, met en lumière une crise sanitaire qui mine les fondations mêmes de nos systèmes de soins.
Hans Kluge, directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Europe, ne mâche pas ses mots : « Un médecin ou infirmier sur trois déclare des symptômes de dépression ou d’anxiété ». Un chiffre vertigineux, cinq fois plus élevé que dans la population générale européenne. Cette statistique révèle l’ampleur d’un malaise profond qui ronge silencieusement celles et ceux qui veillent sur notre santé.
Des pensées suicidaires qui glacent le sang
Au-delà des troubles anxieux et dépressifs, l’enquête met au jour une réalité encore plus inquiétante : plus d’un soignant sur dix a eu des idées suicidaires ou d’automutilation. « C’est un fardeau inacceptable pour ceux qui prennent soin de nous », martèle Hans Kluge, soulignant le paradoxe tragique de ces gardiens de la santé publique eux-mêmes en grande souffrance.
L’analyse dévoile également des disparités préoccupantes selon les profils : les infirmières et les femmes médecins se révèlent particulièrement vulnérables à la dépression et à l’anxiété, tandis que leurs confrères masculins développent davantage de problèmes d’addiction à l’alcool, suggérant des stratégies d’adaptation différentes face au stress professionnel.
Des fractures géographiques révélatrices
La carte européenne de la détresse psychologique dessine des contrastes saisissants. En Lettonie et en Pologne, la situation atteint des sommets critiques : près de la moitié des soignants interrogés franchissent le seuil du trouble dépressif avéré. À l’opposé, le Danemark et l’Islande affichent des taux relativement modérés, autour de 15 %, suggérant que des conditions de travail différentes peuvent faire toute la différence.
Violence et intimidation : l’autre face du cauchemar
La souffrance psychologique des soignants ne s’explique pas uniquement par la charge de travail. L’enquête, basée sur 90 000 témoignages recueillis dans 29 pays européens (les 27 États membres de l’UE plus l’Islande et la Norvège), révèle qu’un tiers des médecins et infirmiers subit des intimidations ou des menaces violentes sur leur lieu de travail. Chypre, la Grèce et l’Espagne détiennent le triste record des violences signalées.
Plus grave encore : 10 % des professionnels ont été victimes d’agressions physiques ou de harcèlement sexuel au cours des douze derniers mois. Ces chiffres témoignent d’un climat de travail toxique qui amplifie considérablement la détresse psychologique.
Des conditions de travail trop souvent insoutenables
Le tableau s’assombrit encore quand on examine les conditions d’exercice : un médecin sur quatre dépasse les 50 heures hebdomadaires, un rythme épuisant qui laisse peu de place à la récupération. La précarité professionnelle aggrave également l’anxiété : 32 % des médecins et un quart des infirmiers travaillent sous contrats temporaires, vivant dans l’incertitude permanente.
Une urgence absolue face à la pénurie annoncée
Pour Hans Kluge, le constat est sans appel : « La crise de santé mentale parmi le personnel de santé est une crise de sécurité sanitaire qui menace l’intégrité de nos systèmes de santé ». Face à cette situation critique, le directeur Europe de l’OMS plaide pour des mesures radicales : tolérance zéro contre les violences hospitalières, refonte du système des heures supplémentaires et garantie d’accès à des services de soutien psychologique confidentiels.
L’urgence est d’autant plus criante que l’Europe fait face à une pénurie annoncée d’un million de soignants d’ici 2030. « Nous ne pouvons nous permettre de les perdre à cause de l’épuisement, du désespoir ou de la violence », conclut Hans Kluge, rappelant qu’ignorer cette crise reviendrait à hypothéquer gravement l’avenir sanitaire du continent.
Avec AFP