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La peur s’installe à Moscou  alors que Trump brandit la menace de l’envoi de missiles Tomahawk à l’Ukraine

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Un missile de croisière Tomahawk lancé depuis le destroyer lance-missiles USS Barry (DDG 52)

Photo: de la marine américaine via Getty Images

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Durée de lecture: 7 Min.

Depuis une semaine, la tension n’a cessé de grimper entre Washington et Moscou. En cause : la menace, brandie par Donald Trump, d’envoyer des missiles de croisière « Tomahawk » à l’Ukraine si la Russie refuse de reprendre les négociations de paix. Une déclaration qui a fait l’effet d’une déflagration diplomatique et semé la panique jusque dans les cercles du Kremlin.
Les responsables russes redoutent en effet que ces armes américaines de longue portée – capables d’atteindre jusqu’à 2500 kilomètres – ne donnent à Kiev la possibilité de frapper en profondeur sur le territoire russe, y compris autour de Moscou.
Pour beaucoup d’observateurs, cette menace marque un tournant dans la guerre en Ukraine : non seulement elle change le rapport de force militaire, mais elle risque aussi de modifier la dynamique diplomatique en cours.

La peur s’installe à Moscou

À Moscou, les réactions ont été immédiates et alarmées. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, déclare que l’éventualité d’un transfert de ces armes crée une « préoccupation extrême » et constitue « une escalade qualitative et dramatique » dans les relations entre la Russie et les États‑Unis.
Le ton est encore plus menaçant chez Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, qui a averti que « le déploiement de missiles Tomahawk en Ukraine pourrait mal finir pour tout le monde. Et surtout, pour Trump lui-même ».
Pour le Kremlin, cette nouvelle donne bouleverse les équilibres stratégiques établis depuis le début de la guerre : les Tomahawk, en frappant potentiellement jusqu’au cœur logistique du dispositif russe, rendraient vulnérables des sites militaires jusqu’ici hors de portée.

Trump se dit prêt à « hausser la pression »

De son côté, Donald Trump assume pleinement cette surenchère. « Si cette guerre ne se règle pas, je pourrais envoyer les Tomahawk. Ce sont des armes incroyablement puissantes, et la Russie n’a pas besoin de ça », a-t-il déclaré à bord d’Air Force One.
Le président américain voit dans cette menace un levier de persuasion pour forcer Vladimir Poutine à revenir à la table des négociations. D’après le New York Times, le Pentagone a déjà élaboré plusieurs scénarios de transfert, bien que l’armée ukrainienne ne dispose pas encore des systèmes de lancement Typhon nécessaires à leur utilisation.
Trump, qui reçoit ce vendredi Volodymyr Zelensky à Washington, promet par ailleurs de « renforcer les capacités de défense longue portée » de l’Ukraine. Pour Zelensky, ces missiles offriraient « une chance réelle d’en finir avec la guerre » : « Nous observons que la Russie est effrayée. Cette pression pourrait favoriser la paix », a-t-il affirmé selon Deutsche Welle.

Une peur à la fois militaire et symbolique

Les « Tomahawk » représentent plus qu’un simple atout militaire : ils incarnent le retour de l’Amérique à une posture offensive face à la Russie. Fabriqués par Raytheon, ces missiles de croisière subsoniques sont conçus pour contourner les défenses aériennes adverses. Leur portée, estimée entre 1.600 et 2.500 km, permettrait à Kiev de viser des cibles militaires bien au-delà du front, dans des zones stratégiques comme Belgorod, Rostov ou la Crimée.
Pour les Russes, la menace n’est pas seulement technique : elle est psychologique. Comme le souligne le géopoliticien Alexander Baunov cité par CNN, « la simple idée que l’Ukraine puisse frapper des sites symboliques de puissance russe provoque davantage de panique que les capacités réelles de ces armes ». Les chaînes publiques russes diffusent désormais des segments expliquant comment « se protéger » en cas de frappe.

Un possible tournant stratégique

Pour de nombreux analystes, la décision de Trump pourrait marquer un tournant décisif dans le conflit. Selon l’Atlantic Council, ces missiles donneraient à l’Ukraine la capacité de « désorganiser en profondeur la logistique militaire russe » et de rendre toute avancée terrestre beaucoup plus coûteuse. L’armée ukrainienne pourrait viser des dépôts de carburant, des systèmes de commandement et des nœuds ferroviaires essentiels à l’appareil militaire russe.
Dans le camp russe, la crainte d’un « effet domino » est palpable : si les États‑Unis franchissent cette étape, d’autres alliés européens pourraient suivre, ajoutant un nouveau niveau de pression sur le Kremlin.

Poutine sur la défensive

Alors que Vladimir Poutine tente de projeter une image de contrôle, les divisions internes au Kremlin deviennent visibles. Selon plusieurs médias occidentaux, certains conseillers militaires pressent le président russe d’adopter une « riposte asymétrique », comme le déploiement de missiles Iskander supplémentaires à Kaliningrad.
Mais une partie de l’élite économique redoute qu’une telle escalade conduise à de nouvelles sanctions et isole encore davantage la Russie. « La perspective d’une guerre étendue à longue distance change tout », confie un diplomate européen à Euronews. « Les Russes voient soudain que la profondeur de leur territoire n’est plus une garantie de sécurité. »

Un pari risqué mais calculé

En brandissant la menace des Tomahawk, Donald Trump joue une carte risquée : celle de la dissuasion par la peur. Washington semble croire qu’agiter la possibilité d’armes de précision américaines aux portes de Moscou pourrait faire reculer Poutine sans que les missiles ne soient jamais livrés.
Reste à savoir si Moscou interprétera ce signal comme une ouverture diplomatique ou comme une provocation. Un sommet Trump‑Poutine est prévu à Budapest dans deux semaines, et la question des Tomahawk devrait y occuper une place centrale.
Entre surenchère et négociation, l’équilibre reste fragile. Une chose est sûre : la guerre en Ukraine vient peut‑être d’entrer dans une phase où la dissuasion redevient le langage principal des puissances.