La plus grande entreprise chimique du monde va produire moins d’ammoniac, un ingrédient clé pour les engrais

Réduction de la production dans un contexte de flambée des prix du gaz

Par Mimi Nguyen-ly
31 juillet 2022 17:25 Mis à jour: 31 juillet 2022 17:25

La plus grande entreprise chimique du monde, l’entreprise allemande BASF, s’apprête à réduire encore sa production d’ammoniac, un ingrédient clé pour les engrais, dans un contexte de flambée des prix du gaz.

« Nous réduisons la production dans les installations qui nécessitent de grands volumes de gaz naturel, comme les usines d’ammoniac », a déclaré Martin Brudermueller, directeur général de BASF, lors d’une conférence de presse tenue le 27 juillet après la publication des résultats de l’entreprise pour le deuxième trimestre de 2022.

En septembre 2021, BASF a réduit la production d’ammoniac sur son site principal de Ludwigshafen, ainsi que dans son grand complexe chimique d’Anvers, en Belgique.

Pour combler les lacunes en matière d’approvisionnement, BASF va acheter de l’ammoniac à des fournisseurs externes, a déclaré M. Brudermueller.

L’ammoniac est un ingrédient clé pour la production d’engrais. Il joue également un rôle essentiel dans la fabrication des plastiques industriels et du fluide d’échappement des moteurs diesel. Sa production donne également lieu à un sous‑produit, le dioxyde de carbone de haute pureté, dont ont besoin les industries de la viande et des boissons gazeuses.

Les entreprises chimiques sont les plus gros consommateurs de gaz naturel en Allemagne et l’ammoniac est le produit le plus gourmand en gaz de cette industrie. La production d’ammoniac représente généralement environ 4,5% du gaz naturel utilisé par les industries allemandes.

Le plus grand fabricant d’ammoniac d’Allemagne, SKW Piesteritz, et le numéro quatre Ineos ont déclaré séparément qu’ils ne pouvaient pas exclure des réductions de production dans un contexte de perturbation de l’approvisionnement en gaz russe.

Contrairement à de nombreux pays européens, l’Allemagne ne dispose pas de terminaux portuaires de gaz naturel liquéfié pour remplacer le gaz russe acheminé par gazoduc. Cela signifie que les entreprises sont contraintes de réduire les activités gourmandes en gaz si les livraisons de gaz continuent d’être réduites.

Le 27 juillet, le producteur de gaz russe Gazprom a commencé à réduire ses livraisons de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 1, la principale voie d’acheminement du gaz russe vers l’Europe. Les livraisons ont été réduites à un cinquième seulement, soit 20%, de la capacité totale du gazoduc. Cette baisse survient après le redémarrage du gazoduc qui a eu lieu le 21 juillet, à la suite d’une interruption pour maintenance de 10 jours.

Dans le but de renforcer la sécurité énergétique de la région, l’Union européenne a annoncé le 26 juillet une « réduction volontaire » de 15% des besoins en gaz naturel pour l’hiver.

M. Brudermueller a affirmé qu’en 2023, les agriculteurs verraient les coûts des engrais augmenter et la disponibilité en engrais diminuer.

« La principale application de l’ammoniac sert à fabriquer des engrais et à produire de la nourriture. Le problème ne se posera pas cette année, car tous les agriculteurs ont déjà acheté leurs engrais et les ont déjà utilisés dans leurs champs. La récolte a déjà eu lieu », a‑t‑il déclaré. « La disponibilité sera bien pire l’an prochain, car les capacités de production ne seront pas au rendez‑vous. De plus, il y a le prix. Les prix des engrais montent en flèche. »

« Les agriculteurs seront alors obligés de faire des économies et n’utiliseront que la quantité minimale d’engrais sur leur champ. Les récoltes pourraient également être réduites. Si des problèmes météorologiques surviennent, plusieurs cultures importantes pourraient manquer », a‑t‑il ajouté, notant que les pays les plus pauvres, situés au bout de la chaîne alimentaire, seraient confrontés à d’importants défis.

Reuters a contribué à cet article.

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