La Russie étend la rééducation des enfants ukrainiens déportés

Cette photographie montre une sculpture créée par l'artiste de rue français James Colomina, intitulée « Swing », représentant une petite fille portant un casque militaire surdimensionné alors qu'elle utilise une balançoire fixée sous le pont au-dessus de l'Allée des héros des Cent célestes, avec le Monument de l'Indépendance en arrière-plan, sur la place de l'Indépendance à Kiev, le 29 août 2024.
Photo: SERGEI SUPINSKY/AFP via Getty Images
La Russie détient des enfants ukrainiens dans plus de 210 sites où ils sont soumis à un entraînement militaire, à une rééducation forcée et à une implication dans la fabrication de drones, selon un rapport publié le 16 septembre.
La faculté de santé publique de Yale indique avoir identifié plus de 150 nouveaux sites depuis la publication de révélations similaires l’an dernier.
Les recherches, menées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de Yale, s’appuient sur des sources ouvertes et des images satellites « de très haute résolution » pour localiser les infrastructures où sont retenus les enfants, parmi lesquelles des colonies de vacances, des centres de remise en forme, des écoles de cadets, des établissements médicaux, des universités, des écoles, des orphelinats, une base militaire et un monastère.
Ces centres sont disséminés sur une vaste étendue territoriale, allant de la mer Noire jusqu’à l’océan Pacifique, selon le rapport.
Selon le HRL, il s’agit « du nombre le plus élevé de lieux où des enfants ukrainiens ont été emmenés qui ait été publié à ce jour ».
« Le nombre réel est probablement plus élevé », indique le rapport, « car plusieurs sites font encore l’objet d’une enquête menée par le HRL et d’autres sites pourraient exister alors qu’ils n’ont pas encore été identifiés. »
D’après les autorités ukrainiennes, Moscou a déporté ou déplacé de force plus de 19.500 enfants vers les territoires russe et biélorusse, en violation des conventions de Genève.
Yale estimait ce chiffre à plus de 35.000 en juin, lorsqu’elle a lancé un appel aux dons après que le président Donald Trump a supprimé le financement fédéral du HRL, parallèlement à d’autres coupes budgétaires dans les universités.
« La Russie opère un système potentiellement inédit de grande ampleur de rééducation, de formation militaire et d’accueil en dortoirs, capable d’héberger des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens sur des périodes prolongées », affirme le dernier rapport du HRL.
Des enfants ukrainiens ont suivi une formation militaire au sein d’au moins 39 sites, dont 34 au minimum nouvellement identifiés dans la dernière publication du HRL.
Les enfants, âgés de 8 à 18 ans, ont été conduits dans des camps et sur une base militaire où ils ont subi cet entraînement, associant séances de combat, parades et exercices cérémoniels, montage de drones et cours d’histoire militaire.
Des compétitions de tir et de lancer de grenades, des ateliers de médecine tactique, de pilotage de drones et de tactiques de combat ont aussi été imposés, incluant un cas où des jeunes originaires de la région de Donetsk ont bénéficié d’un « entraînement aéroporté », selon le rapport.
« Dans ce cas, les enfants ont été acheminés à la base par avion relevant du Département pour la gestion des biens présidentiels de l’Administration présidentielle russe », relate le rapport.
Le HRL a déjà repéré 314 enfants ukrainiens sur des sites web administrés par le Kremlin, où ils ont été proposés à l’adoption par des familles russes de souche.
Les révélations du rapport corroborent les accusations ayant conduit à la délivrance de mandats d’arrêt en 2023 par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de sa commissaire aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, pour déportation illégale de mineurs, qui constitue un crime de guerre.
Interrogé par l’agence d’État TASS à l’époque, le Kremlin a qualifié ces accusations d’« outrageuses et inacceptables » et affirmé que les mandats sont « nuls et non avenus », la Russie ne reconnaissant pas la juridiction de la CPI.
Selon le plan d’action stratégique « Bring Kids Back UA » initié par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui supervise le retour des enfants déportés de force, quelque 1605 mineurs ont regagné l’Ukraine ce mois-ci.
La Russie nie avoir transféré des enfants contre leur gré et affirme avoir évacué volontairement des populations pour les soustraire à la zone de conflit.
« Si vous me demandez combien d’enfants ont été enlevés, je vous répondrai avec sincérité — aucun », a affirmé l’assistant présidentiel russe Vladimir Medinsky dans un article de TASS en juin dernier, évoquant une interview réalisée par Rossiya-24.
« Les enfants ont été sauvés par nos soldats sous les bombes, au péril de leur vie. Nos assistants sociaux travaillent désormais à leur retour auprès de leurs familles », assure M. Medinsky.
Le Kremlin ne s’est pas encore exprimé à propos du dernier rapport de Yale. Epoch Times a contacté le gouvernement russe pour obtenir une réaction.

Guy Birchall est un journaliste britannique qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la liberté d'expression et les questions sociales.
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