La Russie exerce son droit de veto sur la résolution de l’ONU visant à prolonger le contrôle des sanctions contre la Corée du Nord

C'est la première fois que la Russie tente de bloquer les travaux du groupe d'experts

Par Katabella Roberts
30 mars 2024 19:04 Mis à jour: 30 mars 2024 19:04

La Russie a « sapé la paix et la sécurité internationales » en opposant son veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) qui visait à prolonger le mandat d’un groupe d’experts chargé de surveiller les sanctions imposées à la Corée du Nord et d’en rendre compte, a annoncé l’administration Biden.

Les commentaires de Washington font suite au vote de la résolution, présentée par les États-Unis, le 28 mars.

La résolution aurait prolongé jusqu’au 30 avril 2025 le mandat du groupe d’experts du Comité des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord chargé de surveiller le programme nucléaire croissant du pays et de faire rapport à ce sujet.

Toutefois, par 13 voix contre 1, avec le vote négatif de la Russie, membre permanent du Conseil, le projet a été rejeté et le groupe d’experts cessera ses activités à l’expiration de son mandat actuel, à la fin du mois d’avril. La Chine, un allié clé de Moscou, s’est abstenue de voter.

Avant le vote, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vasily Nebenzya, a indiqué que la situation en Corée du Nord avait « fondamentalement changé » au cours des dernières années et a accusé les pays occidentaux – menés par les États-Unis – d' »étrangler » Pyongyang.

Vasily Nebenzya a ajouté que ces dernières années ont clairement montré que les sanctions contre la Corée du Nord n’ont pas permis d’atteindre les résultats escomptés par la communauté internationale ni de normaliser la situation sur la péninsule.

Washington « profondément déçu »

« Elles n’ont pas non plus encouragé le dialogue et imposent pourtant un lourd fardeau à la population de la République populaire démocratique de Corée », a-t-il ajouté.

C’est la première fois que la Russie tente de bloquer les travaux du groupe d’experts, qui a été renouvelé chaque année par le Conseil de sécurité de l’ONU pendant 14 ans.

S’adressant aux journalistes après le vote, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a déclaré que Wahington était « profondément déçu » par le veto de la Russie.

« Au cours des 15 dernières années, le groupe d’experts du Comité 1718 a été la référence en matière d’analyse et de recommandations indépendantes et fondées sur des faits concernant la mise en œuvre des sanctions de l’ONU à l’encontre de la République populaire démocratique de Corée. Tout au long de ces quinze années, le groupe d’experts a bénéficié du soutien unanime du Conseil de sécurité et a été renouvelé par consensus jusqu’à cette année », selon Matthew Miller.

« Les actions de la Russie aujourd’hui ont cyniquement sapé la paix et la sécurité internationales, tout cela pour faire avancer le marché corrompu que Moscou a conclu avec la RPDC (Corée du Nord) », a-t-il poursuivi. « Moscou semble avoir l’intention de faciliter la poursuite illégale d’armes de destruction massive par la RPDC, et son veto aujourd’hui était une tentative intéressée pour enterrer les rapports du groupe d’experts sur sa propre collusion avec la RPDC afin d’obtenir des armes pouvant être utilisées pour poursuivre son agression contre l’Ukraine. »

La Chine s’abstient

Matthew Miller a déclaré que Washington était également déçu de l’abstention de la Chine sur la résolution après « 14 ans de soutien à ce mandat important ».

Le coordinateur du Conseil de sécurité nationale pour les communications stratégiques, John Kirby, s’exprime lors d’un point de presse à la Maison-Blanche le 04 janvier 2024 à Washington, DC. Au cours de cette réunion, M. Kirby a évoqué la conviction du gouvernement américain selon laquelle la Russie a reçu des missiles balistiques nord-coréens qui ont été utilisés pour frapper l’Ukraine. (Photo par Anna Moneymaker/Getty Images)

Malgré le veto et l’abstention, Matthew Miller a souligné que toutes les résolutions du Conseil de sécurité et les mesures de l’ONU concernant les programmes illégaux d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la Corée du Nord restaient en vigueur.

« Nous continuerons à travailler pour contrer les actions illégales de la RPDC, à collaborer avec les États partageant les mêmes idées par tous les moyens disponibles pour limiter la menace posée par la RPDC, et à contrer les manœuvres de ceux qui la soutiennent pour la soustraire à ses responsabilités », a affirmé le porte-parole du département d’État.

Le Conseil de sécurité a imposé des sanctions à la Corée du Nord à la suite de son premier essai nucléaire en 2006, ce qui a conduit à la création du Comité des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord, chargé de surveiller la mise en œuvre de ces sanctions.

Depuis lors, le Conseil s’est efforcé, en vain, de réduire le financement de la Corée du Nord et de freiner ses programmes nucléaires et de missiles balistiques.

Début mars, la Maison-Blanche a mis en garde la Russie contre l’utilisation de missiles balistiques nord-coréens dans sa guerre contre l’Ukraine.

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