L’armée de l’air chinoise s’entraîne en Afrique du Sud

Ceux qui coopèrent avec Pékin doivent en payer les conséquences

Par Anders Corr
3 juin 2022 16:07 Mis à jour: 3 juin 2022 16:51

Selon un article récent, la Chine forme les pilotes de son armée de l’air en Afrique du Sud en faisant appel à d’anciens pilotes français. L’Armée populaire de libération (APL) confie cette tâche à une filiale et partenaire de son principal fournisseur de matériel aérospatial et de défense, l’Aviation Industry Corporation of China (AVIC).

AVIC fait appel à des sociétés sud‑africaines de formation de pilotes et à des pilotes français qui disposent d’avions de chasse de l’armée de l’air sud‑africaine et qui s’entraînent secrètement en Chine sur des avions chinois, indique l’article.

C’est le 23 mai, que le site Intelligence Online a publié les détails des opérations sud‑africaines et chinoises et sur les « pilotes occidentaux renégats » qui aident l’APL contre la volonté des autorités américaines et françaises.

En avril, une vidéo est apparue sur Twitter. Elle montrait un entraîneur européen et un pilote de l’armée de l’air chinoise qui venaient de s’éjecter de leur avion d’entraînement JL‑10 dans la province d’Anhui. Le JL‑10 est un avion de combat léger supersonique utilisé à des fins d’entraînement par les forces aériennes de l’APL. Le constructeur du JL‑10, la Hongdu Aviation Industry Corporation, est une filiale d’AVIC.

Un avion d’entraînement avancé Hongdu JL-10 s’envole dans le ciel de Zhuhai, dans la province chinoise du Guangdong, le 21 septembre 2021. (Yue Shuhua/VCG via Getty Images)

Intelligence Online, qui est basé en France, a noté que le formateur présent dans la vidéo parlait anglais « avec un léger accent français ». L’homme chinois s’est identifié comme un officier de l’APL.

« Selon nos sources, au moins trois anciens pilotes de chasse français, dont au moins un qui avait piloté des Rafale construits par Dassault, ont déjà participé à des séances d’entraînement au pilotage pour l’armée chinoise », selon l’article.

L’entraînement permet aux forces aériennes de l’APL de se former soit directement soit par l’observation à des techniques, tactiques, réflexes, pratiques de combat et règles d’engagement occidentales. Une telle formation est essentielle pour tout conflit futur, notamment pour anticiper les réactions des pilotes occidentaux.

AVIC s’associe, par l’intermédiaire de son International Flight Training Academy (AIFA), à la Test Flight Academy of South Africa (TFASA), selon une présentation de TFASA disponible en ligne. TFASA fournit une « formation au vol opérationnel militaire » sur des avions et des hélicoptères, ainsi que des opérations de « surveillance ».

AVIC possède trois « bases » dans le sud‑est de l’Afrique du Sud, à savoir la base AIFA George, la base AIFA Oudtshoorn et la base AIFA Beaufort West.

« L’AIFA a été créée en 2011 suite au rachat de la société de services aériens Cape Flying Services, qui fonctionnait en tant qu’école de formation au pilotage depuis 1980 sur l’aéroport George », selon le site Internet de l’AIFA.

La page Facebook de l’AIFA Afrique du Sud montre un groupe multiculturel de formateurs et de stagiaires, notamment originaires de pays européens, d’Asie de l’Est, d’Asie du Sud et du Moyen‑Orient.

La base AVIC d’Oudtshoorn a apparemment été établie en 2011 comme celle de George. La base de Beaufort West a été créée en 2015.

Le post le plus récent de l’AIFA, datant du 27 avril, indique : « [L’école est] fière d’accueillir un nouveau groupe d’étudiants recrutés à titre privé des Maldives et de Syrie sur notre base de George. »

La Syrie s’ajuste étroitement à la Russie. Elle s’est illustrée en commettant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment un bombardement par l’armée de l’air d’un convoi humanitaire en 2017 qui a tué qui a tué 14 travailleurs humanitaires.

Un post d’AIFA du 29 juin 2021 montre trois individus dans un avion, un Européen et deux Asiatiques. Si le visage de l’Européen est net, les deux visages des Asiatiques présents sur la photo sont flous. Leurs identités sont donc masquées. L’AIFA a l’habitude d’identifier, souvent par leur nom, de nombreux Européens dans ses publications, mais rarement les Asiatiques.

Un autre post, datant du 15 juin 2021, montre deux employés d’AVIC s’adressant à trois adolescents lors d’une « journée d’orientation professionnelle » dans un lycée d’élite situé près des bases d’AVIC.

Rejoindre le principal fournisseur de l’armée de l’air chinoise quand nous savons que l’APL est un des plus grands violateur des droits de l’homme au monde, est‑ce vraiment une aspiration digne d’être présentée à la jeunesse des meilleures écoles d’Afrique du Sud ?

Selon Intelligence Online, le partenaire d’AVIC en Afrique du Sud, TFASA, « recrute d’anciens pilotes de l’armée de l’air occidentale en leur offrant des salaires attractifs [jusqu’à 30.000 dollars par mois], puis les envoie en Chine ».

La TFASA, ajoute l’article, assure la formation des pilotes professionnels chinois depuis plus de 10 ans, notamment par la formation à l’aviation civile dispensée dans la province de Liaoning, en liaison avec l’université d’aéronautique et d’astronautique de Nanjing. Elle forme les étudiants sur l’hélicoptère d’attaque Z‑10 et le transporteur de troupes Z‑8.

Un groupe d’hélicoptères Z-10 fabriqués en Chine effectue des performances dans les airs lors de l’exposition internationale annuelle d’hélicoptères de Tianjin, en Chine, le 9 septembre 2015. (Feature China/Future Publishing via Getty Images)

La TFASA était autrefois l’école nationale de pilotes d’essai affiliée au gouvernement sud‑africain. Elle a été fermée en 2003 sous la pression des États‑Unis en raison de ses « liens déjà existants avec la Chine », selon Intelligence Online.

« Pour effectuer ses exercices en Afrique du Sud, [TFASA] loue des Mirage F1 de Dassault et des Cheetahs de Saab qui ne sont plus utilisés par l’armée de l’air sud‑africaine », explique l’article. « La société se targue de pouvoir également fournir des pilotes qui ont volé dans des Eurofighters, produits par BAE Systems, Airbus Group et Leonardo, des Gripens construits par Saab et des Tornados de BAE. »

Dassault, Saab, BAE et Airbus sont respectivement français, suédois, britannique et paneuropéen.

Compte tenu des génocides, du totalitarisme, des projets d’invasion de Taïwan et des aspirations à l’hégémonie mondiale qui caractérisent le Parti communiste chinois, le soutien privé à l’APL est inacceptable.

Les pilotes qui travaillent avec TFASA et AVIC devraient perdre leurs habilitations et leurs licences de pilote. L’Afrique du Sud devrait être sanctionnée économiquement pour avoir coopéré si étroitement avec les programmes d’aviation d’un pays totalitaire.

AVIC exploite également des filiales en Allemagne et en Autriche. Celles‑ci doivent être fermées immédiatement.

La filiale d’AVIC aux États‑Unis a déposé son bilan en 2020. Bon débarras ! Espérons que les autres filiales de l’entreprise suivront bientôt.

Anders Corr est titulaire d’un BA/MA en sciences politiques de l’université de Yale (2001) et d’un doctorat en administration de l’université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc. et éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est l’auteur de « The Concentration of Power » (à paraître en 2021) et de « No Trespassing », et a édité « Great Powers, Grand Strategies ».

Anders Corr est titulaire d’un BA/MA en sciences politiques de l’université de Yale (2001) et d’un doctorat en administration de l’université de Harvard (2008). Il est directeur de Corr Analytics Inc, éditeur du Journal of Political Risk, et a mené des recherches approfondies en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Ses derniers ouvrages sont « The Concentration of Power : Institutionalization, Hierarchy, and Hegemony » [Concentration du pouvoir : institutionnalisation, hiérarchie et hégémonie, 2021, ndt.] et « Great Powers, Grand Strategies : the New Game in the South China Sea ». [Pouvoirs planétaires, grandes stratégies : Le nouveau jeu en mer de Chine méridionale, 2018, ndt.]

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