L’assassinat du demi-frère de Kim Jong-un ferait partie de sa stratégie pour renforcer son règne

28 septembre 2017 01:35 Mis à jour: 28 septembre 2017 01:41

Lorsque le demi-frère de l’actuel dictateur nord-coréen a été assassiné dans un aéroport en Malaisie en février dernier, le monde entier le voyait plutôt comme une tentative de meurtre amateur. Les deux femmes qui ont projeté un agent neurotoxique mortel à son visage portaient des vêtements clairs et voyants, ni elles ni les Nord-Coréens impliqués dans ce meurtre n’ont essayé de cacher leurs propres visages. En outre, ils ont choisi l’aéroport très fréquenté de Kuala Lumpur, où les caméras de surveillance suivaient chacun de leurs mouvements.

Cependant, selon un ancien membre de l’agence de renseignement de la Corée du Sud, tout cela aurait pu être arrangé intentionnellement, afin d’envoyer au monde un message qu’on ne rigole pas avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un.

Nam Sung-wook, professeur à l’Université de Corée, qui dirigeait un groupe de recherche de l’agence de renseignement de la Corée du Sud, a déclaré au magazine GQ que l’assassinat public de Kim Jong-nam faisait partie d’un complot, fomenté cinq ans auparavant, qui visait à tuer le fils aîné de Kim Jong-il.

« En assassinant publiquement Kim Jong-nam de cette manière atroce, Pyongyang voulait envoyer un message au monde entier », a-t-il expliqué. « Kim Jong-un veut régner longtemps et négocier en tant que superpuissance. La seule façon de le faire est de terroriser le monde entier par ses armes. Il a un grand projet, et cela en fait partie. »

Cet assassinat a suivi deux autres tentatives de meurtre – en 2010 et en 2012 – après quoi Kim Jong-nam aurait écrit à son frère lui demandant de retirer l’ordre de punir ses proches. « Nous n’avons nulle part où nous cacher », aurait-il écrit, selon GQ.

Kim Jong-nam est tombé en disgrâce auprès de son père après avoir été attrapé, en 2001, lorsqu’il essayait de se rendre au Japon pour visiter Disneyland avec un passeport de citoyen de la République dominicaine.

Kim Jong-un, le plus jeune des trois fils de Kim Jong-il, a hérité le pouvoir de son père, tandis que Kim Jong-nam a été exilé.

Le régime nord-coréen soutient que Kim Jong-nam est décédé d’une crise cardiaque.

Si Kim Jong-un a ordonné l’assassinat de son frère aîné, ce serait le deuxième membre de sa famille qu’il tue. En 2013, il aurait exécuté son oncle, qui était son mentor et son principal adversaire, pour une tentative de « renverser l’État ».

Don Tse, expert en politique de la Chine, a confié à Epoch Times que l’oncle de Kim avait discuté avec les dirigeants chinois la question de la dénucléarisation de la Corée du Nord.

« En 2012, lorsque Jang Song-thaek [l’oncle de Kim Jong-un] a visité la Chine, il s’est entretenu en secret avec le dirigeant chinois Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao. Ils ont parlé de comment persuader Kim Jong-un d’abandonner les essais nucléaires ainsi que de la possibilité de remplacer Kim Jong-un par son frère, Kim Jong-nam », a-t-il précisé.

Toutefois, selon Don Tse, ces projets ont été compromis par Zhou Yongkang, le patron de la sécurité chinoise d’alors, qui se trouvait dans la faction opposée à Hu Jintao et Wen Jiabao dans la lutte au sein du Parti communiste chinois menée par l’ancien chef du PCC Jiang Zemin.

« Zhou Yongkang a divulgué cette information à Kim Jong-un, qui avait éliminé [son oncle] Jang », a-t-il poursuivi.

Kim Jong-nam aurait critiqué la direction d’une main de fer menée en Corée du Nord par la famille des Kim, et il a fini par s’établir à Macao, une ancienne colonie portugaise qui a été cédée à la Chine en 1999.

Kim Jong-nam, fils aîné du défunt dictateur nord-coréen Kim Jong-il, à Macao, le 4 juin 2010. (JoongAng Sunday/AFP/Getty Images)

Toutefois, en dehors des frontières de la Corée du Nord, il n’était toujours pas en sécurité. Dès que Kim Jong-nam quittait Macao, il était suivi de près par les espions nord-coréens, a expliqué Nam Sung-wook en se basant sur les informations reçues de ses sources dans la communauté de renseignement sud-coréen.

« Ils avaient un groupe sur son avion. Dès qu’il est arrivé à l’aéroport de Kuala Lumpur, un autre groupe l’a suivi. Ils le surveillaient même lorsqu’il dormait », a-t-il précisé à GQ.

Les deux femmes – provenant du Vietnam et de l’Indonésie respectivement – auraient pu avoir chacune des composants différents de l’agent neurotoxique VX mais qui, ensemble, devenaient une substance mortelle. Leur défense soutient qu’elles n’étaient pas au courant de l’assassinat qui se préparait.

L’une des femmes a raconté à ses amis qu’elle pensait qu’elles faisaient des farces dans le cadre d’un jeu télévisé (qu’elles avaient pratiqué depuis des semaines); leurs avocats déclarent qu’elles ont lavé leurs mains après avoir projeté le liquide parce qu’on leur avait dit de le faire.

Les deux femmes doivent passer devant le tribunal en octobre. En cas de condamnation, elles risquent la peine de mort.

Version anglaise : Report: Kim Jong Nam’s Assassination Part of Long Plot to Bolster His Brother’s Rule

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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