L’attente insoutenable de la famille du prisonier « pour toujours » de Guantanamo

Par Epoch Times avec AFP
16 octobre 2020 14:38 Mis à jour: 16 octobre 2020 14:55

Depuis 13 ans, Sehar Bibi attend la libération de son fils de Guantanamo, où la vie pour ce captif, l’un des deux seuls Afghans encore dans la prison, n’est qu’isolation, grèves de la faim et alimentation forcée. 

Alors que des centaines de prisonniers, dont des chefs talibans haut placés, ont été relâchés du célèbre centre de détention de l’armée américaine, Asadullah Haroon, qui n’a été reconnu coupable d’aucun crime, est toujours là.

« Personne n’est dérangé par le fait que mon fils soit toujours à la base de Guantanamo. Tous les autres prisonniers ont été libérés, mais il est toujours en train de dépérir là-bas », a expliqué Mme Bibi à l’AFP dans la ville de Peshawar au Pakistan, où la famille est réfugiée.

« J’ai perdu patience. J’en ai perdu la tête ».

-La famille d’Asadullah Haroon qui est détenu dans le camp de détention de Guantanamo. Photo par Abdul Majeed / AFP via Getty Images.

M. Haroon travaillait dans la vente de miel

Récemment diplômé universitaire, M. Haroon travaillait dans la vente de miel, voyageant de Peshawar à Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan, quand il a été arrêté en 2006.

Selon sa famille il s’agissait cependant probablement d’un piège pour récupérer une prime promise en échange d’insurgés.

La femme de M. Haroon venait juste d’accoucher de leur premier enfant, aujourd’hui une adolescente qui a grandi sans lui.

-La réfugiée afghane Sehar Bibi, la mère d’Asadullah Haroon qui est détenue dans le camp de détention de Guantanamo, boit du thé à côté de son fils aîné Roman Khan. Photo par Abdul Majeed / AFP via Getty Images.

Les Etats-Unis tentent de se désengager du conflit afghan

Son emprisonnement est devenu encore plus difficile à tolérer pour ses proches et soutiens alors que les Etats-Unis tentent de se désengager du conflit afghan.

C’est dans ce but que Washington a poussé les autorités afghanes à libérer des milliers de prisonniers talibans, dont certains coupables d’attaques ayant tué des étrangers

Le gouvernement américain « a insisté pour que les Afghans relâchent 5.000 talibans … et n’a pourtant toujours pas libéré l’Afghan sans valeur de Guantanamo », a déclaré Clive Stafford Smith, l’avocat de M. Haroon et fondateur de Reprieve, une ONG d’aide juridique.

-Le réfugié afghan Roman Khan affiche une photo de son frère Asadullah Haroon, détenu au camp de détention de Guantanamo. Photo par Abdul Majeed / AFP via Getty Images.

« La chose la plus mentalement difficile pour lui est qu’il n’est personne et est toujours là par hasard. »

La prison est devenu tristement célèbre pour ses détenus les plus importants gardés dans des cages et ses méthodes d’interrogation brutales, qualifiées par beaucoup de torture.

Le président américain Donald Trump a promis de garder la prison -située sur l’île de Cuba mais sous juridiction américaine- remplie de « méchants ». 

Coincé dans un flou juridique

M. Haroon, un des derniers à y entrer en 2007, est un des « prisonniers pour toujours », comme environ la moitié des 40 captifs encore à Guantanamo, coincé dans un flou juridique.

Un casier judiciaire publié par WikiLeaks liste plusieurs allégations contre M. Haroon : il aurait eu des liens avec Al-Qaïda, et servi de commandant pour le groupe militant Hezb-i-Islami.

Mais, selon Kate Clark, co-directrice de l’Afghan Analysts Network, ces accusations sont « criblées de ouï-dire ».

« Qu’importe ce que l’on pense de Guantanamo, il n’était pas assez important pour y être… s’il était vraiment quelque chose, ce n’était qu’un pion », a-t-elle ajouté.

Le département de la Défense a quant à lui déclaré qu’il gardait les militants présumés loin du champ de bataille « jusqu’à la fin des hostilités », pas pour qu’ils puissent être jugés devant un tribunal.

Il n’a pas souhaité se prononcer sur la possibilité d’un changement de politique avec le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, qui doit être achevé d’ici mi-2021, mais pourrait être terminé d’ici Noël.

« Je fais beaucoup de choses pour coopérer avec les Américains, mais ils ne sont quand même pas contents », a déploré M. Haroon, qui aurait entre 35 et 40 ans, dans un communiqué transmis par son avocat.

« J’ai l’impression que je risque de mourir ici ».

La famille de M. Haroon admet qu’il était un membre d’Hezb-i-Islami, mais ne peut prendre au sérieux l’idée qu’il puisse avoir été lié à Al-Qaïda.

« Al-Qaïda est une étiquette utilisée quand quelqu’un veut son ennemi en prison », a déclaré Roman Khan, le frère de Haroon.

Muhammed Rahim, le seul autre afghan encore dans la prison, est arrivé plusieurs mois après M. Haroon, accusé par la CIA d’être un associé proche du chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden.

Lors de conversations vidéo facilitées par la Croix Rouge, la famille de Haroon a remarqué des changements dans son apparence et sa manière de parler, et il a récemment entamé une grève de la faim, la dernière d’une longue série.

« Je pesais 175 livres (80 kilos) et maintenant je suis descendu à 110 livres (50 kilos) », a-t-il expliqué à son avocat.

« Au moins, 65 livres de moi-même se seront échappées de Guantanamo ». 

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