L’autre crise

13 juillet 2015 08:30 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:10

 

Alexis Tsipras est devenu la superstar agaçante de l’actualité européenne, en grande partie parce que ses tours et détours de négociation sur la dette grecque font craindre une déstabilisation de la zone euro. Tsipras inquiète, irrite, fait du bruit, on parle de lui ; il est en quelque sorte le politicien parfait, devant qui la gauche de notre gauche se pâme d’admiration en rêvant d’une crise de la dette en France, tandis que le reste de la classe politique imagine un règlement de comptes au colt. Cette crainte des conséquences pour l’Union européenne du « dossier grec » a alimenté des milliers d’articles de presse, l’analyse des meilleurs éditorialistes, avec un sens du détail prédictif qui a cherché à trouver, dans le choix d’une couleur de chemise de François Hollande, dans les expressions faciales de madame Merkel, dans le marc de café pour prédire un Grexit ou un accord de restructuration de la dette grecque. Tout le monde tremble donc pour la Grèce, la scrute au microscope, voit le futur dans un commentaire de chauffeur de taxi à Thessalonique… mais ne réagit qu’à peine en plein krach boursier chinois.

Nous subissons cet effet distracteur qui fait que de grands événements peuvent être masqués par d’autre, plus petits mais plus proches. Pourtant, l’impact d’une mise en faillite d’une nation de 10 millions d’âmes à l’économie – sauf le respect qu’on doit à leur histoire – insignifiante à l’échelle internationale, présente moins de danger que la mauvaise santé d’un pays d’un milliard trois cents millions d’habitants. La Chine est plus endettée que la Grèce et ne s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui que par sa surchauffe économique et le contrôle absolu du secteur boursier. Or, depuis le 12 juin, la bourse de Shanghai a dévissé en silence de plus de 30 % ; c’est un krach boursier, un vrai, qui vient de faire s’évaporer 3 000 milliards d’Euros.

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Depuis mi-2014, le régime chinois alimentait de façon totalement artificielle la hausse des indices boursiers en favorisant le margin lending qui permet de placer de l’argent emprunté – autrement dit, investir sans apport – et en menant une propagande tous azimuts. L’objectif était d’abord, au moment où ses salles de marché commençaient à s’ouvrir à la mondialisation, d’éviter une fuite massive des investisseurs nationaux vers l’étranger ; puis, de s’afficher en position de force pour la négociation à venir avec le FMI sur les devises internationales de référence. Mais il a perdu le contrôle et déclenché une panique lorsque, pour contenir la hausse des cours, il a tenté de changer les règles du margin lending.

Ce krach chinois a déclenché des mesures de sauvegarde sans précédent : tous les médias chinois ont depuis la mi-juin interdiction stricte d’émettre des commentaires négatifs sur la situation ; de nouvelles mesures interdisent la revente d’actions, une (autre) campagne de propagande tente de ramener les investisseurs chinois vers les salles de marché, quitte à presque leur imposer l’achat de titres chinois. Depuis le 1er juillet, de nouvelles règles de margin lending permettent aux investisseurs de parier jusqu’à leur maison sur le marché boursier. La raison principale de cette agitation est de nature politique : la plupart des nouveaux investisseurs chinois emportés par l’éclatement de la bulle sont des retraités, des travailleurs migrants, des agriculteurs qui ont tout parié en se laissant emporter par les promesses télévisées du parti communiste ; ils n’ont pas réalisé la faiblesse des fondamentaux économiques, ni que les actions chinoises sont parmi les plus sur-évaluées du monde. Si ces personnes sont définitivement ruinées, le grand flot des désespérés pourrait briser les digues et sonner le glas du régime communiste chino

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