Le choix d’Amélie Oudéa-Castéra de mettre ses enfants dans le privé, crée la polémique

Par Vincent Solacroup
13 janvier 2024 10:25 Mis à jour: 13 janvier 2024 11:46

À peine nommée, la ministre de l’Éducation Amélie Oudéa-Castéra a affronté vendredi sa première polémique en justifiant sa décision de transférer ses enfants du public au privé par sa « frustration » devant « les paquets d’heures » d’enseignement non remplacées lors des absences de professeurs.

« Je ne vais pas esquiver votre question, on va aller sur le champ du personnel », a-t-elle répondu lors d’un point presse à un journaliste de Mediapart, après la visite d’un collège à Andrésy (Yvelines).

« Marre » des paquets d’heures non remplacées

Il s’agissait de son premier déplacement en tant que ministre de l’Éducation, aux côtés de son prédécesseur Gabriel Attal, désormais à Matignon. « Mon fils aîné, Vincent, a commencé, comme sa maman, à l’école publique (élémentaire) à Littré (VIe arrondissement de Paris) », a-t-elle expliqué, avant d’évoquer sa « frustration » ainsi que celle de son mari, qui ont « vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées ».

Le couple en a « eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente », s’est-elle défendue, en précisant qu’il s’agissait d’un « choix de proximité » puisqu’ils habitaient rue Stanislas. Le collège-lycée Stanislas, également dans le VIe arrondissement, au cœur de Paris, est un prestigieux établissement privé catholique.

Les arguments avancés par la ministre ont immédiatement déclenché la controverse politique. « Sept ans qu’ils sont au pouvoir, sept ans qu’ils n’ont rien fait pour redresser l’école de la République. Et ils s’offusquent aujourd’hui du délabrement de l’enseignement public, comme s’ils n’en étaient pas responsables », s’est ainsi indignée sur X la cheffe de file des députés RN Marine Le Pen.

« L’école publique n’était pas assez bien »

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a jugé sur le même réseau « hallucinants » les propos de la ministre en les parodiant : « l’école publique dont je suis désormais la ministre n’était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines. »

Le député Insoumis Rodrigo Arenas, ancien co-président de la fédération de parents d’élèves FCPE, a pour sa part dit saisir le recteur de l’académie de Paris « pour vérifier les propos dénigrants de la ministre de l’Éducation nationale à propos de l’école Littré à Paris. » Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Peep, la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, a déclaré sur FranceInfo que « maintenant qu’elle a dit ça, [Amélie Oudéa-Castéra] a plutôt intérêt à trouver une solution ».  Il ajoute qu’aujourd’hui « elle n’est plus simplement un parent d’élèves inquiet pour ses enfants ». « Elle est aux commandes, c’est donc à elle de changer la situation, d’inverser cette tendance et de permettre même que les enfants scolarisés dans le privé reviennent dans le public. »

Les syndicats enseignants ont aussi réagi vivement. « Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d’éducation et ses personnels », a commenté sur X Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. La CGT Educ’action a fustigé une « lamentable et indigne prise de parole de la nouvelle ministre ». Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), c’est « une histoire intéressante par ce qu’elle dit sur l’abandon de l’école publique par nos dirigeants ». Quant à l’Unsa, il « ne manquera pas de rappeler très vite à la ministre que son sujet premier doit être l’École publique, la seule école de tous et pour tous », a fait savoir la secrétaire générale du syndicat des enseignants Rdlisabeth Allain-Moreno. « Si les remplacements n’étaient pas assurés à Littré c’est parce qu’il y a eu des milliers de postes de remplaçants supprimés », a embrayé de son côté la porte-parole du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire) Guislaine David.

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