Le constructeur chinois de véhicules électriques WM Motor dépose son bilan

L'entreprise a attribué ses difficultés à l'impact de la pandémie de Covid-19, à l'atonie du marché et à l'augmentation du coût des matières premières.

Par Aaron Pan
14 octobre 2023 10:21 Mis à jour: 14 octobre 2023 10:21

La start-up chinoise de véhicules électriques (VE) WM Motor, en difficulté, a déposé son bilan, soulignant les difficultés rencontrées sur le marché très concurrentiel des VE qui l’avait positionnée comme une étoile montante de l’industrie.

Un tribunal de Shanghai examinera l’affaire WM, selon un document déposé lundi sur la plateforme nationale de divulgation d’informations sur les faillites des entreprises, a rapporté Reuters.

L’entreprise a attribué ses difficultés à l’impact de la pandémie de Covid-19, à l’atonie du marché et à l’augmentation du coût des matières premières. Néanmoins, l’entreprise s’est engagée à revenir sur le devant de la scène une fois qu’elle aura finalisé un plan de restructuration en collaboration avec des investisseurs internationaux.

Le 10 octobre, l’entreprise a déclaré sur son compte officiel Weibo, le microblog chinois populaire de type Twitter, que « la réorganisation prévue de WM Motor fera appel à des investisseurs stratégiques du monde entier pour assurer sa renaissance ».

Entre 2019 et 2021, ses pertes annuelles d’exploitation ont doublé pour atteindre 1,13 milliard de dollars. L’entreprise est en difficulté depuis l’année dernière, lorsqu’elle a dû faire face à une forte baisse des livraisons de voitures. Selon le portail d’information chinois Sohu, le nombre total de voitures vendues en 2022 a diminué d’environ un tiers au regard de l’année précédente.

En octobre dernier, l’entreprise aurait réduit de moitié les salaires de ses employés et fermé la plupart de ses salles d’exposition à travers la Chine compte tenu de ses difficultés financières, selon le média d’État chinois Jiemian, citant des sources anonymes.

Le mois dernier, Apollo Future Mobility Group a annulé un accord de rachat de l’entreprise pour un montant de 2,02 milliards de dollars, invoquant notamment l’incertitude des marchés financiers.

WM Motor a été fondée en 2015 par Freeman Shen, qui occupe des postes clés chez le constructeur automobile Geely Group et Volvo China. L’entreprise était autrefois considérée comme un acteur prometteur sur le marché chinois des VE, parmi d’autres startups chinoises de VE telles que Nio, Li Auto et Xpeng Motors.

Un marché surchargé

L’industrie chinoise des véhicules électriques est saturée, avec environ 200 constructeurs automobiles qui se disputent un marché très concurrentiel. Nombre de ces acteurs sont entrés sur le marché entre 2018 et 2020. Des géants chinois de la technologie comme Huawei et Xiaomi ont investi dans le secteur, et le promoteur immobilier Evegrande possède également une unité de VE. Pendant les confinements causés par la pandémie en 2022, la concurrence s’est intensifiée à mesure que Tesla réduisait ses prix, ce qui a incité de nombreux constructeurs locaux de véhicules électriques à suivre la même voie.

Le journal économique Nikkei Asia a cité une étude de la société de conseil AlixPartners, qui prévoit que, d’ici 2030, moins de 20% des plus de 160 marques chinoises de véhicules électriques atteindront une viabilité financière.

Selon le South China Morning Post, citant des calculs effectués par China Business News, la concurrence intense des grandes marques de VE a entraîné la fermeture ou la détresse financière d’au moins 15 grandes start-ups chinoises de VE, dont WM Motor, collectivement capables de produire 10 millions de voitures.

He Xiaopeng, PDG de la start-up de VE Xpeng, a déclaré en avril que d’ici 2027, seuls huit fabricants de VE resteraient sur le marché, sachant que les petites marques ne seraient pas en mesure de rivaliser avec les grandes dans ce secteur en pleine expansion, a rapporté le South China Morning Post.

Les VE obsolètes sont abandonnées et stockées dans diverses régions chinoises en raison de la concurrence intense et de l’arrêt des subventions gouvernementales, a rapporté Bloomberg.

La Chine représente une part importante du marché mondial des VE, avec deux tiers des 5,4 millions de VE vendues l’année dernière. En outre, elle occupe une position dominante sur le marché mondial des batteries automobiles, avec une part de marché d’environ 76%, selon Politico.

Toutefois, sur plusieurs marchés clés hors de Chine, les fabricants chinois de VE sont confrontés à des obstacles croissants dressés par les autorités locales.

Par exemple, en Australie, le gouvernement a pris des mesures pour restreindre les investissements chinois en empêchant le rachat d’un producteur local de lithium et en empêchant un investisseur chinois d’augmenter sa participation dans une mine de terres rares. Aux États-Unis, les fabricants chinois de VE ont des difficultés à concurrencer les marques locales, principalement en raison des droits de douane substantiels de 27,5% introduits par l’administration Trump pour protéger les constructeurs automobiles locaux. En outre, le gouvernement indien a contrecarré les plans d’investissement d’importants fabricants chinois de VE comme BYD et Great Wall Motor dans le pays.

Néanmoins, en Europe, les VE chinoises bénéficient d’un tarif réduit de 10% et de politiques vertes favorables, ce qui a créé des opportunités pour leur expansion au sein de l’Union européenne. Par conséquent, les constructeurs automobiles européens éprouvent des difficultés à être compétitifs sur leur propre marché, principalement face à leurs rivaux chinois.

Le 4 octobre, la Commission européenne a officiellement lancé une enquête anti-subventions sur les véhicules électriques chinois. Le mois dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : « Les marchés mondiaux sont désormais inondés de voitures électriques chinoises moins chères. D’énormes subventions publiques maintiennent leur prix à un niveau artificiellement bas. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.