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Le pouvoir de Xi Jinping mis à l’épreuve alors que 7 responsables sont écartés dans la recomposition de la direction du PCC

Les omissions dans la composition du Comité central révèlent des fractures croissantes au sein du premier cercle de Xi Jinping, sur fond de purges militaires et politiques d’ampleur.

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Des délégués militaires arrivent pour la séance d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire (ANP) au Grand Palais du Peuple, à Pékin, le 5 mars 2025.

Photo: Wang Zhao/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 8 Min.

Le Quatrième plénum du 20e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) s’est achevé à Pékin le 23 octobre, son communiqué final donnant un aperçu des luttes de pouvoir au sommet du Parti.
L’un des signes les plus marquants a été la mise à l’écart discrète de sept membres suppléants du Comité central, évincés des promotions — une entorse rare au protocole qui pourrait annoncer leur chute politique. Ces omissions, qui concernent des fidèles de longue date du dirigeant Xi Jinping issus de l’appareil militaire et de sa province natale du Shaanxi, pointent vers une intensification des conflits internes sous la bannière de « l’anticorruption » promue par Xi.

Expulsions, promotions et disparitions

Selon un communiqué publié mercredi par l’agence officielle Chine nouvelle (Xinhua), le PCC a expulsé 14 membres du Comité central, parmi lesquels des hauts responsables militaires et provinciaux. Figurent parmi les évincés les membres du Comité central He Weidong, Miao Hua, Tang Renjian, Jin Xiangjun, He Hongjun, Wang Xiubin, Lin Xiangyang, Qin Shutong, Yuan Huazhi et Wang Chunning, ainsi que quatre suppléants — Li Shisong, Yang Fasen, Zhu Zhisong et Zhang Fengzhong.
Parallèlement, 11 membres suppléants ont été promus titulaires. Cependant, la comparaison minutieuse avec la liste officielle montre que sept suppléants, pourtant suivants dans l’ordre, ont été silencieusement écartés. Selon l’usage du Parti, de telles omissions signifient généralement que les intéressés font l’objet d’enquêtes ou ont perdu la faveur politique.

Signes d’une purge politique élargie

Les sept responsables ignorés relèvent à la fois des sphères militaire et civile, nombre d’entre eux étant étroitement liés à Xi ou à ses collaborateurs de confiance. Leur absence de la liste des promus suggère que les purges internes entamées au sein de la Force des fusées s’étendent désormais plus largement au Parti et à l’Armée populaire de libération.
Parmi eux figure Wang Liyan, 62 ans, lieutenant‑général ayant gravi les échelons du commandement des missiles stratégiques et qui a travaillé au Bureau général de la Commission militaire centrale (CMC) sous l’autorité de Zhong Shaojun, proche conseiller de Xi. En 2021, M. Wang a été promu lieutenant‑général et nommé à la tête de la Force conjointe d’appui logistique de l’APL avant de rejoindre, l’an dernier, la Force des fusées comme commandant adjoint. Son supérieur, le commandant Wang Houbin, ayant été récemment expulsé du Parti et de l’armée, les spéculations vont bon train quant à une possible enquête visant Wang Liyan.
Wang Kangping, 59 ans, actuel commandant de la Force conjointe d’appui logistique, a fait carrière dans l’armée de l’air et a précédemment servi comme commandant adjoint du théâtre Est. Son ancien supérieur, He Weidong, figure parmi les 14 responsables expulsés cette semaine, laissant entrevoir un lien dans la purge.
Dans le secteur civil, Wang Jiayi, vice‑ministre de l’Éducation, a lui aussi disparu des radars. Ancien président d’université originaire du Ningxia, M. Wang a gravi les échelons du gouvernement provincial du Gansu, où il a été chef de la propagande puis secrétaire adjoint du Parti, avant son transfert au ministère de l’Éducation en 2022. Considéré jadis comme un protégé de l’ex‑secrétaire du Parti du Gansu, Lin Duo, son ancrage auprès d’anciens cadres provinciaux pourrait désormais lui nuire.

Le premier cercle de Xi sous surveillance

Le cas le plus frappant est peut‑être celui de Fang Yongxiang, qui dirigeait jusqu’à récemment le Bureau général de la CMC, souvent décrit comme le « portier militaire » de Xi. Né au Fujian, M. Fang a passé des décennies au sein de la 31e armée de groupe stationnée dans la province, au cœur de la « faction du Fujian » d’officiers ayant côtoyé Xi au début de sa carrière. Sa fulgurante ascension, portée par le patronage de Xi, s’est brusquement interrompue cette année, des informations faisant état de sa mise à l’écart et d’une possible enquête. Son absence lors des récentes visites de Xi au Tibet et au Xinjiang a nourri les spéculations.
Autre figure de la province d’origine de Xi, le Shaanxi, Fang Hongwei semble également déchu. Né en 1966 dans la même ville que Xi et diplômé comme lui de l’université Tsinghua, M. Fang a été secrétaire du Parti à Xi’an et passait pour un membre de la « faction du Shaanxi » loyale à Xi. Ancien président du groupe automobile du Shaanxi, il a ensuite été nommé directeur de cabinet de Liu Guozhong, aujourd’hui vice‑Premier ministre du Conseil des affaires d’État. Son omission de la liste de succession du Comité central indique que même les appuis régionaux de Xi ne sont plus à l’abri.
Shi Yugang, cadre du Hunan et ex‑directeur adjoint de l’Administration d’État des affaires ethniques, a également été écarté. Après des postes de direction dans les provinces du Jilin et du Yunnan, il a récemment été transféré à une fonction largement honorifique au sein de la Conférence consultative politique du peuple du Yunnan — une rétrogradation apparente qui précède souvent une mise à l’écart ou des mesures disciplinaires.
Shi Zhenglu, 62 ans, commandant de l’armée du théâtre Nord, complète la liste des sept. Militaire de carrière, il a dirigé des opérations de secours lors du séisme du Sichuan en 2008, avant de gravir les échelons des divisions blindées de l’APL et de prendre, en 2020, le commandement des forces terrestres du théâtre Nord. Son exclusion laisse penser que la recomposition atteint désormais en profondeur les commandements régionaux.

Un schéma d’épuration politique

Si le PCC n’a pas expliqué pourquoi ces responsables ont été zappés, les observateurs extérieurs jugent le motif évident. Le commentateur Li Linyi a confié à Epoch Times : « Selon les usages du PCC, toute personne omise lors des remplacements au [Comité central] a presque certainement des ennuis. »
La valse des postes annoncée lors du Quatrième plénum s’inscrit dans une série de purges visant la hiérarchie militaire, les entreprises publiques et les cadres locaux. Bien que le régime présente ces évictions comme relevant d’une campagne anticorruption, l’ampleur et la sélectivité des destitutions laissent entrevoir une épuration politique plus profonde. Beaucoup de ceux mis à l’écart étaient des subordonnés de confiance ou des proches de longue date de Xi, signe que l’affrontement porte autant sur la loyauté et le contrôle que sur la corruption.
Ces omissions ont ainsi ravivé les interrogations sur la mainmise de Xi. Loin d’une consolidation, la dernière vague de purges reflète, selon des analystes, une anxiété croissante au sein du régime et une crise de confiance qui s’aiguise entre Xi et son propre réseau de fidèles.
Ning Haizhong a contribué à la rédaction de cet article.