La Banque populaire de Chine (BPC), la banque centrale chinoise, a annoncé le 24 septembre une série de mesures de relance monétaire destinées à conjurer une crise financière potentielle, alors que l’économie nationale se détériore rapidement.
Les autorités de régulation sont en train de prendre une gamme de mesures d’urgence qui n’ont rien d’ordinaire, pour soulager les banques, les autres prêteurs du pays, et les consommateurs accablés, pour relancer la croissance économique.
La BPC a notamment réduit les taux d’emprunt auprès de la banque centrale, facilitant ainsi l’accès des banques aux fonds, et a injecté l’équivalent de dizaines de milliards de dollars de liquidités dans le système financier pour tenter de stabiliser les marchés. La BPC a abaissé le ratio de réserve réglementaire minimum des banques chinoises, réduisant ainsi le montant du capital que les banques doivent détenir pour couvrir leurs actifs à risque. Cette mesure vise à accroître la liquidité du marché et à faciliter l’octroi de prêts par les banques. Elle allège également la pression exercée sur les banques les plus fragiles, qui étaient sous pression et menacées par des réserves de capital dangereusement basses.
Pour répondre aux besoins des consommateurs chinois, la BPC a abaissé les taux des prêts hypothécaires existants et réduit de 25 % à 15 % l’apport exigé pour l’achat d’une résidence secondaire. Les taux de dépôt seront abaissés pour protéger les marges des banques et inciter les consommateurs à dépenser plutôt qu’à épargner.
Face à un marché boursier moribond, la BPC a également annoncé la mise en place d’un dispositif permettant aux sociétés de courtage en valeurs mobilières et aux fonds d’investissement d’accéder aux liquidités de la banque centrale pour acheter des actions. Cette intervention de l’État pour soutenir les valorisations boursières est très inhabituelle et pourrait refléter un sentiment de panique qui se serait installé parmi les autorités de Pékin.
La BPC lutte contre une marée montante de pressions déflationnistes. L’économie chinoise ne s’est jamais complètement remise de la fermeture des entreprises sur le marché intérieur provoquée par la pandémie en 2020. La Chine a adopté certaines des pratiques de confinement les plus strictes au monde, et la politique « zéro Covid » du Parti communiste chinois (PCC) a laissé bon nombre de ces restrictions en place jusqu’en 2022. La productivité a diminué et la croissance économique a stagné. Pour certains, des années de formation et d’éducation ont été perdues.
Dans le même temps, le PCC a changé de cap et a annoncé une réduction des excès capitalistes perçus sur les marchés. Cette mesure s’est accompagnée d’une intervention économique accrue, qui a eu pour effet de refroidir les marchés financiers et l’économie dans son ensemble. Les investisseurs américains et étrangers en Chine ont commencé à liquider leurs positions et à réduire leur exposition aux marchés boursiers chinois, une tendance qui s’est poursuivie tout au long de l’année. Le prix d’un indice d’actions chinoises a chuté de plus de 22 % au cours des trois dernières années, par exemple, au cours d’une période de forte performance des marchés boursiers aux États-Unis et en Europe.
Cette année, la croissance du revenu national se ralentit et devrait tomber en dessous de l’objectif national de 5 %. Le chômage des jeunes est supérieur à 17 %, une conséquence supplémentaire de l’ère Covid-19. La croissance des prix de l’immobilier est devenue négative, les stocks excédentaires et les valeurs dépréciées affectant à la fois les propriétaires et les bilans des banques. Les marchés d’exportation ont ralenti alors que les États-Unis et d’autres pays reconsidèrent leurs politiques commerciales avec la Chine. Cette situation accroît la pression sur l’économie nationale, car les consommateurs en situation d’insécurité économique refusent d’ouvrir leur portefeuille et de dépenser.
Des rumeurs de frustration croissante et de troubles sociaux circulent, augmentant les enjeux pour le PCC au pouvoir. Les autorités ne peuvent se permettre de laisser l’économie dérailler et semblent avoir tout mis en œuvre pour l’éviter.
Les récentes mesures prises par la BPC sont un signal d’alarme pour l’économie mondiale. La Chine reste le deuxième pays le plus peuplé et la deuxième économie du monde. Les États-Unis et l’Europe, chacun aux prises avec ses propres difficultés économiques, ne sont pas à l’abri des effets de contagion engendrés par la Chine. La croissance économique en Europe est stagnante et de nombreuses économies sont déjà en récession. L’économie américaine montre des signes de faiblesse suscitant suffisamment d’inquiétude pour inciter les gouverneurs de la Réserve fédérale à abaisser les taux d’intérêt de 50 points de base. Les dernières fois que la Fed a réduit ses taux d’intérêt d’un seul coup d’une telle ampleur, remontent au lendemain de la bulle Internet en 2000 et à la veille de la crise financière mondiale de 2007.
Les risques d’une crise financière en Chine vont au-delà de l’économie et des marchés financiers américains, alors que ces risques sont eux-même suffisamment graves. Malgré les difficultés que les États-Unis rencontrent avec la Chine, il n’est pas dans leur intérêt stratégique que la Chine sombre dans une dépression économique.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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