Le sculpteur Charlie Mostow et l’art classique universel

Par Milene Fernandez
31 août 2017 10:42 Mis à jour: 3 avril 2021 20:18

NEW YORK – Charlie Mostow aime bien la simplicité, du singulier à l’universel. Tout ce qu’il fait, tout ce qu’il observe et ses expériences, se rapporte à l’art. Il se concentre sur la création de sculptures qui élèvent l’esprit et, espérons-le, plairont aux gens pendant des siècles.

« Il n’y a rien de superflu dans ma vie assez particulière. Tout est lié », dit-il dans son Grand Central Atelier (GCA), où il sculpte et enseigne. Ces pensées font écho aux proportions équilibrées des anciennes statues grecques dont il s’inspire.

En contemplant le passé et le futur, le sculpteur de 28 ans, ayant une formation classique, se trouve à un carrefour en début de carrière. Enfant, Charlie Mostow a grandi à Seattle et est attiré par l’art. Cet intérêt s’est maintenu lors de ses études de premier cycle en littérature à San Francisco. Plus tard, il étudie avec des artistes diplômés de l’Atelier Aristides à Seattle avant de déménager à New York pour étudier à GCA. L’année dernière, tout en travaillant comme artiste en résidence, il a répondu à un nombre constant de commissions. Début septembre, il déménagera à Paris pour au moins un an et peut-être plus.

Charlie Mostow travaille sur le buste de l’artiste Jessica Artman au Grand Central Atelier à Queens, New York, le 3 août 2017. (Samira Bouaou/ The Epoch Times)

« Je suis tellement chanceux », dit-il. Ce sera sa première visite dans la Ville lumière, où il envisage d’explorer le Louvre et d’autres musées. « J’ai l’intention que ce soit simple. » Il envisage de dessiner et de sculpter aux côtés d’autres artistes, y compris sa petite amie, Jessica Artman, qui enseignera à la nouvelle Académie d’art de Paris.

Copie de Charlie Mostow (L) d’un casting de Diadumenos de Polycletus (5ème siècle avant notre ère) à l’Institut d’architecture et d’art classiques de New York. (Avec la permission de Charlie Mostow)

À long terme, Mostow envisage de travailler avec une équipe, y compris des architectes et des paysagistes, pour créer ses sculptures dans un espace classiquement conçu. Paris inspire sans fin à cet égard – c’est l’endroit idéal pour accumuler des connaissances et avoir des idées avant de réaliser des projets monumentaux.

« Aujourd’hui, je ne vois pas une véritable et solide unification des beaux-arts », a-t-il dit. « Même si la scène de l’atelier encourage vraiment la peinture et la sculpture, et qu’il existe des organisations comme l’Institut d’architecture classique et d’art (ICAA) et des studios de conception architecturale comme Atelier & Co. qui se débrouillent bien. »

« Il reste à voir si on peut se réunir et s’épanouir vraiment. J’aimerais bien voir cela – de nouveaux bâtiments construits avec des peintures murales et des sculptures conçues pour eux. »

Entretemps, il n’est pas rare que Mostow travaille de longues journées au studio, de 9h à 21h, qui se répartissent en quelques heures consacrées à l’aspect commercial de son œuvre d’art en tant que membre du Clark Hulings Fund (une organisation avec mission d’offrir un soutien commercial aux artistes visuels), et environ cinq heures pour sculpter un modèle, puis trois heures d’enseignement.

Le sculpteur Charlie Mostow montre les outils qu’il a fabriqués au Grand Central Atelier à Queens, New York, le 3 août 2017. (Samira Bouaou/ The Epoch Times)

Mostow suit sa propre voie et ne s’inquiète pas beaucoup du marché de l’art. Les collectionneurs qui achètent ses sculptures apprécient son travail pour une raison et il aime développer des relations avec eux. « Je suis fidèle à mon développement artistique. J’y trouve  une certaine vérité et cela se transmet dans mon art », dit-il.

Un travail en cours réalisé par Charlie Mostow. (Avec la permission de Charlie Mostow)

Il travaille de manière très réfléchie, directe et intentionnelle. Il trouve important d’éliminer les faux mythes concernant « l’artiste affamé » ou « l’enfant terrible » qui est perçu comme étant irresponsable. Dans l’ensemble, les artistes représentatifs travaillent fort, sont responsables et certains ont beaucoup de succès comme dans toute autre profession.

La beauté est vérité

Jacob Collins, artiste et fondateur de GCA et le sculpteur Jiwoong Cheh sont deux professeurs qui ont le plus influencé Mostow. Mais finalement : « Mes meilleurs professeurs sont les anciens Grecs. Il y a quelque chose de si complet et si dynamique dans la sculpture grecque. C’est passionnant », souligne-t-il. Il étudie Michel-Ange, mais Michel-Ange étudiait aussi les Grecs, alors Mostow préfère aller à la source.

Dans le studio, Mostow est entouré de ses œuvres en cours. Ses propres sculptures possèdent une qualité impalpable, mais ont également une présence terre-à-terre. Certains bustes ont les yeux lisses sans aucune indication d’iris ou de pupilles leur donnant une qualité encore plus impalpable.

« C’est une question amusante pour nous en tant que sculpteurs parce que… l’iris et la pupille sont une illusion sur la forme », a-t-il expliqué. « Certaines sculptures grecques en bronze ont des globes incrustés en ivoire ou des yeux en pierre même avec de petits cils insérés par-derrière et placé sur l’œil. Certains sont peints. Il existe de nombreuses façons de donner l’illusion d’iris et de pupilles, et c’est principalement une question de convention. »

« Yemanja Mask » de Charlie Mostow. Un masque sculpté commandé par le Seattle Women’s Steel Pan Project. (Avec la permission de Charlie Mostow)

Parfois Mostow préfère laisser la surface lisse. « Je pense que cela la rend un peu plus universelle », dit-il. « La minute où vous grattez les yeux pour indiquer l’iris, tout d’un coup, la sculpture devient la représentation d’une personne en particulier. […] J’aime l’idée que si vous ne le faites pas, cela pourrait préserver la qualité universelle de l’objet. »

Mostow veut que ses sculptures plaisent aux gens au fil du temps. Pour ce faire, il doit travailler selon les principes universels.

« Je continue à chercher une certaine vérité. La vérité est la beauté. La vérité est universelle. La beauté est donc universelle, mais elle ne doit pas être identique. Ce n’est pas comme si ma sculpture doit ressembler à une sculpture africaine, mais je vois [la beauté] quand je regarde une sculpture africaine. […] Ce n’est peut-être pas purement visuel », dit-il. Puis il fait une pause avant d’ajouter : « L’autre question est : Est-ce que la vraie beauté existe réellement ? Je pense que Platon dirait que c’est quelque chose dans un monde idéal, mais dans notre monde, il n’y a rien qui atteint vraiment l’idéal de la beauté. Alors, y a-t-il quelque chose qui puisse s’y rapprocher ? »

Évidemment, Mostow trouve certaines choses plus attrayantes que d’autres. Bien qu’il soit impossible de voir la beauté idéale, « le concept de beauté est possible », dit-il. « J’aime y croire. Peut-être que la beauté se rapproche de l’idéal. »

Sculpteur Charlie Mostow au Grand Central Atelier à Queens, New York, le 3 août 2017. (Samira Bouaou/ The Epoch Times)

Version originale : Sculptor Charlie Mostow Keeps It Universal

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.