Le soldat américain passé en Corée du Nord voulait fuir l’armée et les États-Unis, selon Pyongyang

Par Epoch Times avec AFP
16 août 2023 13:40 Mis à jour: 16 août 2023 13:41

Le soldat américain qui a fait défection en Corée du Nord en juillet a cherché à échapper « aux mauvais traitements et à la discrimination raciale dans l’armée américaine », a annoncé mercredi l’agence d’État nord-coréenne KCNA, première confirmation officielle de la détention de Travis King par Pyongyang.

« Selon une enquête d’un organe compétent de la RPDC (République populaire démocratique de Corée, ndlr), Travis King a reconnu être entré illégalement sur le territoire de la RPDC », a rapporté KCNA, utilisant le nom officiel de la Corée du Nord.

Il s’agit de la première déclaration publique de Pyongyang depuis le début de l’affaire King. Ce soldat américain devait rentrer aux États-Unis après avoir eu des ennuis avec la justice sud-coréenne, mais il a en fait traversé la frontière avec le Nord le 18 juillet en se mêlant à un groupe de touristes qui visitait la zone démilitarisée séparant les deux Corées.

« Désabusé face à la société inégalitaire américaine »

« Au cours de l’enquête, Travis King a confié qu’il avait décidé de venir en RPDC car il abhorrait les traitements inhumains et la discrimination raciale au sein de l’armée américaine », a affirmé KCNA. Travis King « a été maintenu sous contrôle par des soldats de l’Armée populaire de Corée alors qu’il était entré délibérément » dans une zone nord-coréenne, a ajouté l’agence, confirmant pour la première fois la détention du militaire.

M. King a « exprimé sa volonté de chercher refuge en RPDC ou dans un pays tiers, se disant désabusé face à la société inégalitaire américaine », a encore assuré KCNA, précisant qu’une enquête du régime était toujours en cours. Travis King, soldat de deuxième classe, sortait de prison en Corée du Sud après une rixe dans un bar et une altercation avec la police. Il devait retourner aux États-Unis pour faire face à des sanctions disciplinaires.

Le jeudi 3 août, le commandement américain avait indiqué que Pyongyang « répondait » aux sollicitations concernant le militaire. Le Commandement des Nations unies, qui supervise l’armistice ayant mis fin aux combats de la guerre de Corée, avait déclaré le mois dernier avoir entamé une conversation avec le Nord au sujet de Travis King. Le chef de la diplomatie Antony Blinken, qui avait aussi confirmé que le contact était établi avec Pyongyang, avait cependant dit ne pas avoir d’information concernant la localisation ou l’état de santé du soldat.

« Une opportunité pour la propagande »

Le premier commentaire officiel de la Corée du Nord sur le soldat King est de la pure propagande, a estimé auprès de l’AFP Soo Kim, ancienne analyste de la CIA, experte de pratique politique au sein de LMI Consulting. « Le passage de King en Corée du Nord a fourni au régime de Kim une opportunité à plusieurs entrées, la première ouvrant, bien sûr, sur d’éventuelles négociations avec les États-Unis pour la libération de King », a-t-elle déclaré, soulignant que les Nord-Coréens étaient « des négociateurs coriaces ».

« C’est aussi une opportunité pour la propagande du régime de faire son miel, de tourner la situation de façon à critiquer les États-Unis et exprimer l’hostilité profondément ancrée de Pyongyang à l’égard de Washington », a-t-elle ajouté.

Juste avant d’émettre ses commentaires sur Travis King, KCNA a publié un communiqué qui critiquait la discussion aux Nations unies sur la situation des droits en Corée du Nord, et qualifiait l’Amérique d’« empire des maux anti-peuple, totalement dépravé par toutes sortes de maux sociaux ».

« Non contents d’être complices de la discrimination raciale et de l’encourager, comme les crimes par armes à feu, la maltraitance des enfants et le travail forcé qui sévissent dans leur société, les États-Unis ont imposé à d’autres pays des normes contraires à l’éthique en matière de droits humains et fomenté des troubles et de la confusion internes », est-il écrit dans le communiqué.

Selon Vladimir Tikhonov, professeur d’études coréennes à l’Université d’Oslo, comme Travis King « est noir, j’imagine que pour les Nord-Coréens, il prend une certaine valeur en termes de propagande ». « Le racisme blanc et les mauvais traitements infligés aux Noirs sont un point sur lequel la propagande nord-coréenne met traditionnellement l’accent, tout le temps depuis la guerre de Corée, donc King peut être utilisé pour amplifier ce message », a déclaré le professeur à l’AFP.

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