L’éducation patriotique en Chine : scolarisation ou endoctrinement ?

Pour former des adeptes fidèles et soumis, le PCC institue des cours de « patriotisme rouge », vénérant le passé révolutionnaire de la Chine parmi les jeunes enfants

Par Bitter Winter
4 janvier 2020 00:15 Mis à jour: 4 janvier 2020 00:15

Reproduit et traduit de Bitter Winter un magazine sur la liberté religieuse et les droits de l’homme en Chine

À la suite des manifestations et du massacre de la place Tiananmen il y a 30 ans, le Parti communiste chinois (PCC) a lancé une campagne d’éducation patriotique dans toute la Chine visant à inculquer la fierté nationale et former une génération de futurs communistes fidèles à la direction de l’État-Parti chinois. Faisant face aux manifestations pro-démocratie à Hong Kong, le régime chinois accélère la campagne de l’endoctrinement nationaliste de ses citoyens à partir d’un très jeune âge.

Les tout-petits prêtent serment d’allégeance au Parti

« Peu importe où je suis né, le sang de ma mère-patrie coule toujours en moi. Peu importe que je sois vivant ou mort, cela ne changera jamais. Pour tout cela, je m’engage à aimer ma patrie. » – les tout-petits suivaient leur enseignant en prêtant serment à la Chine et à ses dirigeants. Ce serment a été prononcé lors de la cérémonie de levée du drapeau dans une école maternelle du canton de Yongxiu de l’agglomération de Jiujiang, province chinoise du Jiangxi, le 25 septembre dernier.

L’école organise des activités de ce genre dans le but d’inculquer aux enfants la fierté nationaliste et la loyauté envers le pays et le Parti communiste.

« Le gouvernement demande aux écoles de soumettre nos enfants à une éducation et un endoctrinement ‘rouges‘ parce qu’il veut former des successeurs pour le Parti communiste », a exprimé son mécontentement l’un des parents.

Peu importe à quel point les parents sont opposés à l’endoctrinement rouge, ils ne peuvent pas protéger leurs enfants de l’environnement éducatif chargé d’idéologie. Dans de nombreux cas, un tel endoctrinement de très jeunes esprits amène à la formation d’une vision radicale du monde parmi les enfants ; ils deviennent incapables de penser de manière indépendante.

« Je tuerai les Japonais avec ce pistolet », a annoncé un petit garçon tenant un pistolet jouet en bois lors d’une activité éducative parents-enfants organisée par l’école maternelle de Jinshan, dans le Jiangxi, le 1er novembre dernier.

Le PCC a cultivé le sentiment de patriotisme et de nationalisme chez les jeunes générations en les révoltant contre « la brutalité des envahisseurs étrangers » qui ont occupé le territoire de la Chine tout au long de l’histoire.

« Rien de positif ne résultera de l’endoctrinement avec un sentiment de haine des enfants à un si jeune âge », a exprimé ses préoccupations l’un des parents.

« [Le Parti] éduque les jeunes enfants d’une manière trompeuse et les incite à s’opposer au Japon, à l’Amérique et même à l’Occident tout entier », a commenté dans son post un internaute chinois l’année dernière. « Il veut les éduquer en tant que nouvelle puissance des Boxeurs et attiser la haine envers les pays étrangers », a-t-il ajouté, faisant référence à la Rébellion des Boxeurs (1899-1901), organisée par une société secrète chinoise des Boxeurs qui luttait contre le colonialisme et le christianisme.

Les élèves assistent à la cérémonie de lever du drapeau à l’école primaire Yang Dezhi « Armée rouge » à Wenshui, canton de Xishui de la province du Guizhou, Chine, le 7 novembre 2016. (Fred Dufour/AFP via Getty Images)

Le patriotisme : un cours obligatoire

Fin octobre dernier, des enfants en uniforme de l’Armée rouge criaient des slogans patriotiques, comme « Un cœur rouge fait face au soleil et suit le Parti », dans une école maternelle du Jiangxi lors d’une activité appelée « Présentation militaro-civile ». On a également demandé aux parents de porter des costumes et jouer le rôle des soldats, d’ouvriers et des paysans qui « labourent le champ, font pousser le grain et fertilisent les cultures ». L’activité était consacrée à la campagne de masse que le PCC a lancée pendant la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945), lorsque les militaires et les civils ont été encouragés à travailler ensemble dans les friches chinoises.

Des activités similaires sont organisées dans les écoles maternelles de toute la Chine. Les médias officiels chinois affirment que, par le biais de telles activités, les enfants apprennent comment les héros de la révolution prolétarienne ont lutté avec acharnement « pour la belle vie dont ils jouissent aujourd’hui », comment ces héros « transmettent les excellentes traditions et se consacrent à la lutte sans fin pour construire une mère-patrie plus forte, plus prospère et plus belle ».

Cependant, tout le monde n’est pas d’accord avec une telle éducation. Un parent a confié à Bitter Winter que « l’éducation patriotique extrême est l’endoctrinement forcé le plus pervers au monde ».

Une institutrice qui travaille dans une école maternelle a expliqué que, dans le passé, elle enseignait aux enfants des chansons traditionnelles comme « Lave tes mains » et « Dînons ensemble ». Cependant, « l’année passée tout a changé et les chansons rouges sont devenues obligatoires », s’est-elle plainte. « Toutes les écoles maternelles, privées ou publiques, sans exception, suivent les instructions du Comité central du PCC et enseignent aux enfants les chants rouges. Les gouvernements à tous les niveaux exigent que toutes les écoles enseignent aux enfants des chants patriotiques dès leur plus jeune âge. C’est une politique de l’État ».

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