Les Ouïghours sont déportés dans d’autres provinces pour relancer l’économie

Par Bitter Winter
10 avril 2020 21:55 Mis à jour: 10 avril 2020 21:57

Reproduit de Bitter Winter : un magazine la liberté religieuse et les droits de l’homme en Chine

Les vidéos de TikTok et DouYin qui ont circulé du Xinjiang ces deux dernières semaines ont confirmé les rumeurs selon lesquelles Pékin a recours aux jeunes Ouïghours et à de jeunes Turcs pour les réduire à l’esclavage et à la chair à canon afin de relancer l’économie chinoise.

Étant donné que la nation se remet à peine sur pied après des mois de confinement et que les experts doivent encore donner leur avis sur le virus, les vidéos qui montrent des centaines de Ouïghours masqués à cause du virus, rassemblés dans des centres de transport de la région avec l’ordre de travailler dans des usines de la Chine continentale, sont très inquiétantes pour les militants ouïghours.

Les vidéos du populaire site chinois de partage de vidéos DouYin ont été recueillies par Alip Erkin, exilé ouïgour installé en Australie, qui les publie sur son flux Twitter « Uyghur Bulletin ». Malgré une vague de vidéos montrant l’épicentre de la persécution des Ouïghours l’été dernier, qui ont été supprimées par le créateur du réseau, Bytedance, au début de l’année, de récents articles ont réussi à contourner le pare-feu pour informer le monde entier des dernières nouvelles.

Selon Alim Seytoff de Radio Free Asia, le mouvement de masse de jeunes hors de la province a coïncidé avec le confinement généralisé de la Chine face au coronavirus, lorsque les Chinois se sont vus interdire la sortie de leur domicile. « Ces vidéos ont été diffusées au moment où le coronavirus se répandait en Chine et dans le monde, alors que la plupart des entreprises chinoises fermaient leurs portes et que personne ne travaillait », a-t-il déclaré. « Et nous ne voyons que le transfert massif de travailleurs ouïghours vers d’autres régions de Chine, en ce moment. »

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Certaines de ces vidéos font partie de la propagande du régime chinois qui montre des Ouïghours heureux qui partent à la recherche du profit, dans le cadre de sa « campagne de réduction de la pauvreté » de trois ans qui vise à éradiquer l’appauvrissement absolu d’ici 2020. Une légende décrit 850 ouvriers issus de familles pauvres de Hotan qui arrivent en train spécial à Korla pour travailler dans six entreprises, dont le groupe textile Zhongtai et l’entreprise Litai Silk road.

Alim Seytoff a précisé qu’il est impossible de déterminer si ces groupes de jeunes sont déplacés de force ou volontairement. Toute dissension serait de toute façon futile. « S’ils refusent, ils craignent d’être mis dans des camps », a-t-il dit, faisant référence à la transformation redoutée par les camps d’éducation et aux trois dernières années de mesures draconiennes pour étouffer la culture, la langue et la religion ouïgoure qui ont entraîné l’incarcération sans procès de trois millions de musulmans ouïgours et autres Turcs, soi-disant pour leur « rééducation ».

Un établissement considéré comme un camp de rééducation où la plupart des minorités ethniques musulmanes sont détenues, à Artux, au nord de Kashgar dans la région occidentale du Xinjiang, en Chine, le 2 juin 2019. (Greg Baker/AFP/Getty Images)

Alim Seytoff a ajouté que tous les Ouïghours apparaissant dans les vidéos qui ont été arrêtés portaient des masques. « Il est clair que le coronavirus est un risque pour eux », a-t-il déclaré, ajoutant que des sources fiables ont confirmé que beaucoup de ces personnes enrôlées étaient en fait des détenus des camps, « qui ont été forcés à travailler dans des usines en Chine continentale ».

Musa Abdulehed ER, un écrivain/chercheur basé à Istanbul, commentant l’exode, s’est interrogé sur les motivations de Pékin. « Nous devons nous demander si l’argent est plus important que la vie pour le régime chinois ? » Il a ajouté que les actions du Parti communiste chinois (PCC), qui ont envoyé des groupes de Ouïghours au cœur du virus, en disent long. « Il est évident que la relance de l’économie est plus importante que la vie de ces jeunes, en particulier en cette période où les Chinois han ne sont plus en activité dans les usines à cause du virus », a-t-il déclaré, notant également que le port généralisé de masques montre que les préoccupations sanitaires sont toujours réelles. « C’est un indicateur clair que le PCC joue avec la vie de ces jeunes ouïghours. »

Il en a déduit que Pékin se montre indifférent à la vie. « Le régime chinois ne se soucie manifestement pas de savoir s’ils vivent ou meurent », a-t-il déclaré. « Peu importe qu’ils meurent, mais laissez-les mourir en travaillant », a-t-il dit avec cynisme. « Nous ne pouvons pas accepter cette situation et nous protestons avec la plus grande fermeté », en ajoutant que le monde commence enfin à se rendre compte des méfaits du régime chinois. « Nous avons fait des mises en garde pendant des années sur le désastre que la Chine allait apporter à l’humanité. Et là, dans la crise provoquée par le virus, nous constatons les résultats. »

La plus grande crainte de Musa Abdulehed ER est de voir les jeunes Ouïghours quitter le Xinjiang afin qu’ils soient infectés par le virus et qu’ils en meurent. « Je ne mets pas en doute le fait que le gouvernement chinois puisse avoir cette idée en tête », a-t-il déclaré, en évoquant les atrocités qui ont eu lieu dans le Xinjiang, en particulier au cours des trois dernières années. Il a demandé au monde de prendre enfin conscience du désastre qui frappe le peuple ouïgour et sa culture, et d’exercer une pression sur le PCC pour qu’il libère les détenus, mette fin au travail forcé et ferme les camps. « Ils devraient être autorisés à vivre librement comme des êtres humains », a-t-il plaidé.

Le virus du PCC, connu communément comme le nouveau coronavirus, s’est déclaré à Wuhan, en Chine, vers le mois de novembre. Il s’est répandu dans le monde entier à cause du Parti communiste chinois (PCC) qui a tout fait pour le dissimuler.

Par Ruth Ingram

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