Pourquoi l’enseignement des arts développe le caractère et les idéaux les plus élevés d’une culture

Par Catherine Yang
6 janvier 2020 00:38 Mis à jour: 1 avril 2021 15:49

Nous étions en 1402, et il fallait à tout prix éviter les ruines de la banlieue de Rome. Les habitants estimaient qu’elles étaient maudites, ou peut-être encore contagieuses, de sorte que les colonnes autrefois majestueuses et les temples voûtés, et même le dôme du Panthéon, n’avaient pas de compagnie, sauf les vaches qui broutaient, jusqu’à ce que Filippo Brunelleschi, un jeune architecte, et son ami Donatello, un sculpteur, arrivent et contemplent la scène avec émerveillement.

Tous deux y passèrent plus d’une décennie à dessiner et à étudier les ruines de la Rome antique, et ce qu’ils y ont découvert fut primordial pour la Renaissance de l’Europe. Ce qui a suivi fut une période des plus grands arts de la civilisation occidentale, d’inspiration sans pareil pour des siècles à venir.

Les arts racontent une histoire vivante. Plus encore, ils constituent l’incarnation tangible de chaque culture, et souvent les idéaux les plus élevés d’une culture.

La musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, la poésie, le théâtre et la littérature du monde occidental résument nos valeurs. Ils nous donnent un aperçu de notre histoire en temps de guerre et en temps de paix, ainsi que de la politique qui les a façonnées. Ils nous rappellent aussi nos aspirations.

C’est un fil qui remonte aux civilisations anciennes des Romains et des Grecs, lesquelles se reflètent dans l’expérience d’aujourd’hui. Mais peut-être que le fil a besoin d’être repris.

Éduquer la personne tout entière

« Les arts éduquent la personne tout entière en tant qu’individu intégré. Les arts éduquent les sens, ils éduquent l’esprit et ils éduquent les émotions. Les arts éduquent l’âme », a déclaré Alexandra York, fondatrice d’American Renaissance for the Twenty-First Century.

Il y a plus de deux décennies, A. York a prononcé un discours annonçant sa fondation dans lequel elle prônait l’inclusion des arts en tant que le « quatrième R ». Dans l’éducation des pays anglo-saxons, les trois R désignent les notions fondamentales que sont la lecture, l’écriture et l’arithmétique (reading, ‘riting (writing) and ‘rithmetic (arithmetic)) que doivent acquérir les jeunes enfants.

« La lecture enseigne aux élèves à comprendre le monde et la place qu’ils y occupent », explique-t-elle. « L’écriture leur apprend à communiquer, à développer des arguments et à persuader. L’arithmétique leur apprend à mesurer les attributs, à saisir la réalité et à mettre l’univers physique en perspective. »

Et les arts ?

« Je crois fermement que tout art, en particulier l’art de la danse, [a pour but] d’enseigner aux gens comment vivre », avoue Yung Yung Tsuai.

Yung Yung Tsuai dirige le Département de danse du Fei Tian College à Middletown, New York, qui offre des programmes diplômants en ballet classique et en danse classique chinoise – deux systèmes de danse incroyablement complets avec des bases techniques strictes.

On pourrait dire que la moitié de la formation du caractère d’un danseur lui est inculquée à travers ses rituels d’entraînement, a expliqué Yung Yung Tsuai.

La formation est précise et axée sur les détails, apprenant aux étudiants à observer, à saisir les différents points de vue et à s’occuper de tout jusque dans les moindres détails. La danse, c’est aussi la collaboration, l’enseignement du travail d’équipe et de la communication – tant verbale que non verbale – où les danseurs s’entraident et apprennent à surmonter les difficultés ensemble, dit-elle.

Les cours commencent par une inclinaison heshi et se terminent de la même façon, en signe de respect pour la forme d’art, leurs pairs et leurs professeurs. Mme Tsuai a souligné l’importance d’encourager une culture de respect, où ses professeurs donnent l’exemple, car bien que l’art soit artisanal et disciplinaire, il existe aussi au sein du monde intérieur. Dès que le danseur se lève le matin et se prépare, il s’en rend compte.

L’autre moitié de la formation du caractère provient de la création, c’est-à-dire de la création artistique proprement dite.

« Je dis toujours à un élève, quand il prépare une danse, de regarder à l’intérieur de lui-même« , dit Mme Tsuai. « Voir les images de la danse, et dépeindre les images de la danse – c’est pour qu’il communique avec le public de façon intérieure autant qu’extérieure. »

L’art consiste à créer, ajoute Mme Tsuai, qu’il s’agisse de peindre une image ou de donner vie à une histoire par la danse. Vous devez être profondément conscient de votre monde intérieur, ce qui à son tour inculque un sens de la responsabilité personnelle et, idéalement, le désir d’apporter le bien dans le monde.

Cette formation du caractère ne se limite pas à l’artiste à plein temps.

Musique dans les écoles

Colleen Stewart a commencé sa carrière comme professeure de musique auprès des élèves du primaire. Elle aimait enseigner en classe et se plaisait à l’idée de former de jeunes musiciens.

Elle a finalement quitté le poste pour devenir directrice d’école, puis administratrice d’école, puis la fondatrice de deux écoles de l’Académie du succès (Success Academy), et enfin administratrice de district.

« La raison pour laquelle j’ai fait cette transition, c’est que j’ai vu les liens qui existent entre ce qui se passe dans les classes de musique, de langue et de mathématiques, et la formation du caractère à l’école », expliquait Colleen Stewart, qui est maintenant la directrice du programme d’Éducation grâce ETM (Education à travers la musique – Education Through Music). « Quand j’étais en classe, j’étais très passionnée non seulement par le fait de développer des musiciens, ce qui est mon favori, mais aussi de former des enfants qui seront vraiment capables de réussir dans n’importe quel environnement. »

Des élèves du primaire apprennent à jouer du violoncelle dans une école en partenariat avec Education Through Music, ETM (L’Éducation par la musique).

Le programme d’études est assez standard – les classes d’éducation musicale générale développent les facultés et compétences auditives, le chant, la mélodie, le rythme, l’harmonie, et ainsi de suite. Le but n’est pas de former des musiciens, mais des êtres humains bien équilibrés à tous les niveaux à long terme.

Grâce à la musique, les élèves apprennent ce que cela signifie d’essayer vraiment fort, comment surmonter la frustration, comment travailler en équipe et comment résoudre des problèmes, entre autres choses. Ils développent l’esprit critique, apprennent à écouter attentivement et deviennent capables d’expliquer ce qu’ils pensent et ressentent par rapport à la musique.

Le programme ETM est né du besoin de combler une lacune de longue date. Ses fondateurs ont vu une école peu performante se redresser complètement après la mise en place d’un programme de musique, et ils estimèrent alors que cela apporterait une solution de plus grande envergure pour améliorer les écoles. Depuis 1991, ETM est passé d’une seule école à 65 écoles, offrant une éducation musicale à près de 34 000 élèves – les écoles ont constaté que le programme fonctionne vraiment. Il dessert en grande partie les écoles publiques, mais la liste comprend aussi les écoles paroissiales.

Des élèves avec un programme de musique ETM chantent lors d’un concert au World Trade Center à New York en 2017. (L’éducation par la musique)

Réalisation de soi

D’autres organisations comme ETM existent ; alors que j’étais journaliste spécialisée en arts et en musique, je rencontrais rarement un musicien qui n’était pas impliqué d’une manière ou d’une autre dans un programme éducatif, et qui n’était pas plus qu’heureux de le défendre. Tout le monde a plein d’histoires d’élèves qui ont commencé à aimer l’école à cause de la musique ; d’élèves qui ont redécouvert leur amour pour l’apprentissage ; d’élèves de familles dysfonctionnelles qui, en travaillant sur un passage difficile de l’instrument, ont appris à maîtriser leurs émotions ; d’élèves qui ont développé leur confiance en soi en apprenant une compétence, etc.

Les arts, d’une certaine façon, incarnent la réalisation de soi.

« Chaque vie, à sa façon, a un ‘thème’, un destin personnel en constante évolution, un script écrit par l’individu lui-même. Toutes les bonnes œuvres d’art sont pareilles« , selon Alexandra York.

L’artiste a d’abord une vision, qu’il traduit ensuite dans la réalité. Nous sommes pareils.

Et parce que chaque métier est enraciné dans la discipline, ces grandes visions sont tempérées, dit Mme A. York, par « un but, une structure, une observation, un sélection de ce qui est essentiel, et un jugement sur l’exécution » pour créer une forme compréhensible.

En créant notre propre vie, nous pouvons apprendre beaucoup des arts. Et nous pouvons enseigner ces arts à nos enfants afin qu’ils aient entre les mains les compétences de discipline nécessaires pour matérialiser leur vision.

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