Les associations caritatives ne devraient pas être autorisées à rejeter des dons sur la base d’ « opinions personnelles » ou de « pressions extérieures », a déclaré un régulateur britannique, ajoutant que les régulateurs devraient pouvoir intervenir si les administrateurs ne parviennent pas à faire preuve d’un « jugement sain » sur les raisons d’un refus de don.
La Commission caritative britannique a publié lundi des orientations selon lesquelles les associations ne devraient pas se laisser influencer par « leurs opinions personnelles ou par des pressions extérieures qui ne sont pas liées aux objectifs de leur association caritative, et devraient agir d’une manière qui soit dans l’intérêt de celle-ci ».
Orlando Fraser, le président de la commission a affirmé : « Lorsqu’un don est proposé aux organisations caritatives, la loi est claire : elles doivent commencer par l’accepter, sauf s’il y a de très bonnes raisons de ne pas le faire ».
En revanche, les organisations caritatives doivent refuser ou retourner les dons provenant de sources illégales, telles que des activités terroristes ou criminelles, ou assortis de conditions illégales.
Un « progressisme vertueux »
Orlando Fraser a annoncé ces directives pour la première fois lors d’un discours prononcé à l’occasion de la conférence Dame Shirley de l’université du Kent, le 9 novembre 2023.
Il a expliqué que refuser un don sur des bases personnellles peut éventuellement apporter un sentiment de satisfaction à l’administrateur, lorsque celui ne partage pas les idées du donateur, mais il estime que cela ne sert en rien la cause pour laquelle son association se bat.
Le commissaire a averti que « de telles attitudes ne nuisent pas seulement aux bénéficiaires de l’organisation caritative en question, mais risquent de saper les dons de charité des particuliers fortunés dans leur ensemble ».
Les organisations caritatives et les institutions artistiques coupent les ponts avec l’industrie pétrolière
En mars 2022, l’association Save the Children a rejeté les dons du fournisseur de gaz Neptune Energy, ce qui, selon le rapport annuel de l’organisation caritative, a entraîné une augmentation des retours négatifs de la part du public.
Dans sa déclaration d’acceptation des dons, Save the Children estimait que les « combustibles fossiles à forte intensité de carbone », tels que le charbon thermique, les schistes bitumineux et les sables asphaltiques, sont l’une de ses sources de dons ‘interdites’, au même titre que le tabac, la pornographie et la fabrication d’armes. »
« Nous n’acceptons pas non plus les dons provenant de sociétés de combustibles fossiles ou de fondations d’entreprises directement impliquées dans l’extraction et/ou la vente de charbon, de pétrole et de gaz, ou qui distribuent du pétrole et du gaz dont les trajectoires de réduction des émissions ne sont pas alignées sur les objectifs d’émissions à court, moyen et long terme de 1,5 degré Celsius », a déclaré l’organisation caritative.
Ces dernières années, en Grande-Bretagne, des musées et des compagnies théâtrales ont mis fin à leurs relations avec les multinationales de l’industrie pétrolière qui parrainaient leurs événements, notamment la National Portrait Gallery, le Scottish Ballet et les galeries Tate, qui ont rompu leurs liens avec BP, tandis que le National Theatre a coupé les ponts avec Shell.
La Royal Shakespeare Company a mis fin à son partenariat avec BP en 2019 à la suite des pressions exercées par les défenseurs de l’environnement, les étudiants menaçant de boycotter la compagnie théâtrale. Le programme de parrainage de BP avait permis aux jeunes d’acheter 80.000 billets pour seulement 5 livres sterling chacun depuis 2013.
Le Royal Opera House a également mis fin à sa relation de parrainage avec BP en 2023, après 33 ans de soutien, suite aux pressions exercées par les défenseurs de l’environnement. Le soutien de BP avait permis à des personnes dans tout le pays de voir gratuitement des opéras et des ballets grâce aux événements BP Big Screens.
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