Les autorités américaines suggèrent de soutenir les concurrents de Huawei en leur proposant des alternatives

Par Bowen Xiao
15 février 2020 22:03 Mis à jour: 10 avril 2020 12:57

Au moins deux responsables de l’administration américaine ont parlé publiquement de la nécessité de trouver une alternative à la société chinoise Huawei et de développer éventuellement des partenariats avec l’industrie des télécommunications, parmi les actions à entreprendre.

Les experts ont déclaré au journal Epoch Times que ce serait en grande partie une bonne initiative des États-Unis pour stimuler la concurrence à Huawei. La Chine domine actuellement le marché mondial des infrastructures 5G, en s’emparant de 40 % des parts grâce aux entreprises Huawei et ZTE.

Un partenariat entre les États-Unis et l’industrie des télécommunications serait « très différent de l’achat d’actions avec l’argent des contribuables », a déclaré Robert Blair, représentant spécial de la Maison-Blanche pour la politique internationale des télécommunications, lors de la conférence de Munich sur la sécurité en Allemagne.

Lors de la conférence du 14 février, M. Blair a également déclaré que le Royaume-Uni devait « examiner attentivement » sa décision d’utiliser des équipements fabriqués par Huawei. Washington a déclaré à plusieurs reprises que Huawei – fondé en 1987 par un ancien ingénieur de l’Armée populaire de libération – est une extension de l’État chinois et que cette société aide les services de renseignement chinois pour voler des secrets. Huawei nie ces allégations.

Le procureur général des États-Unis, William Barr, a fait une proposition similaire la semaine dernière. Les États-Unis et leurs alliés disposent d’une fenêtre de cinq ans – le délai dans lequel la domination mondiale de la 5G sera déterminée – pour lancer un concurrent viable. M. Barr a déclaré que les États-Unis et leurs alliés devraient « envisager activement » la possibilité de soutenir les deux principaux concurrents étrangers de Huawei : Nokia et Ericsson.

« Le temps est très court, nous et nos alliés devons agir rapidement », a déclaré M. Barr lors d’une conférence à Washington le 4 février sur les efforts du ministère de la Justice pour combattre les menaces chinoises.

Mais quelques jours seulement après les commentaires de M. Barr, la Maison-Blanche a semblé rejeter la suggestion.

« Je respecte beaucoup le procureur général Barr, mais nous pensons que la meilleure façon d’avancer est ce qu’Ajit Pai a annoncé ces derniers jours », a déclaré le vice-président Mike Pence, en référence aux efforts du président de la Commission fédérale des communications pour libérer plus de fréquences pour l’utilisation de la 5G sans fil.

Les États-Unis, cependant, travaillent en étroite collaboration avec Nokia et Ericsson, a déclaré le conseiller économique de la Maison-Blanche Larry Kudlow, ajoutant que l’équipement des entreprises était essentiel à la construction de l’infrastructure 5G. Mais il a déclaré que « le gouvernement américain n’a pas pour vocation d’acheter des entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères », ajoutant que « rien n’interdit aux entreprises technologiques américaines de les acquérir ».

John Boyd, directeur de The Boyd Co, une entreprise qui fournit des conseils en matière de localisation et de gestion aux sociétés informatiques du monde entier, a déclaré que les responsables américains sont « bien conscients » des conséquences si Huawei domine le marché de la 5G et de l’intelligence artificielle.

Au sujet de la suggestion de M. Barr de stimuler les fournisseurs alternatifs de la 5G comme le finlandais Nokia et le suédois Ericsson, M. Boyd a déclaré à Epoch Times : « [Ce] serait un investissement judicieux et opportun à mon avis. »

« Le Sénat américain a récemment proposé de dépenser un milliard de dollars pour améliorer nos capacités 5G », a-t-il ajouté. « Cela me laisse penser que le ballon d’essai de M. Barr pourrait avoir quelques partisans enthousiastes au Congrès. »

La 5G est la prochaine génération de technologie de réseau mobile qui offrira une connectivité internet à des vitesses 10 à 100 fois supérieures à la 4G. Cette connexion rapide devrait révolutionner de nombreux secteurs, notamment les transports, les soins de santé et l’industrie manufacturière.

Le rythme de l’innovation et du déploiement de la 5G dans le monde ne fait que s’accélérer, selon Tyler Cooper, rédacteur en chef de BroadbandNow, qui surveille les informations relatives à la facilité d’utilisation du haut débit aux États-Unis, y compris la 5G.

« En termes d’alternatives à Huawei, trois entreprises majeures exploitent déjà des infrastructures à l’échelle des États-Unis : Nokia, Ericsson et Samsung Networks », a déclaré M. Cooper à Epoch Times par courrier électronique. « Je suis convaincu que ces entreprises et d’autres peuvent répondre à la demande et assurer le déploiement uniforme et rapide de la 5G, en particulier avec l’aide des fonds proposés par la Commission fédérale des communications. »

En décembre de l’année dernière, Ajit Pai, le président de la Commission fédérale des communications (FCC) a annoncé un plan de lancement d’un fonds de 9 milliards de dollars pour apporter des services aux zones rurales du pays.

Entre-temps, le 13 février, les procureurs fédéraux du ministère de la Justice ont accusé Huawei et plusieurs de ses filiales de conspiration pour voler des secrets commerciaux et violer les lois contre le racket. Ces accusations s’ajoutent aux accusations précédentes portées contre Huawei concernant des violations des sanctions américaines contre l’Iran.

La dernière accusation de vol de secrets commerciaux concerne les prétendus « efforts déployés depuis des décennies » par la société et ses filiales basées aux États-Unis et en Chine pour détourner la propriété intellectuelle (PI) d’autres sociétés – dont six sociétés technologiques américaines – et l’utiliser pour développer les propres activités de Huawei, a déclaré le ministère. De telles pratiques constituent également une conspiration visant à violer la loi sur les organisations influencées par le racket et la corruption (RICO), a-t-il ajouté.

Il y a quelques semaines, le secrétaire d’État Mike Pompeo a demandé à la Grande-Bretagne de reconsidérer sa décision d’autoriser la société chinoise Huawei à jouer un rôle dans les réseaux 5G du pays. Les États-Unis ont déjà demandé à des pays du monde entier de ne pas inclure le géant des télécommunications du régime communiste dans leurs systèmes de communication.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a accordé à Huawei un rôle limité dans le réseau mobile 5G britannique le 28 janvier.

« Notre point de vue est que nous devrions avoir des systèmes occidentaux avec des règles occidentales, et les informations américaines ne devraient passer que par des réseaux de confiance, et nous allons nous assurer que nous le faisons », a déclaré M. Pompeo aux journalistes.

Cette année, les responsables américains ont de plus en plus parlé des pays qui « ouvrent leurs bras«  aux entreprises chinoises.

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