Les Boeing 737 MAX 9 plombés par les crashs et les problèmes techniques

Par Vincent Solacroup
9 janvier 2024 17:30 Mis à jour: 9 janvier 2024 17:37

Les nouvelles avaries techniques des Boeing 737 MAX viennent à nouveau plomber la réputation de « l’avion maudit » qui risquent fort d’impacter ses ventes. Dans le passé, le 737 MAX a connu deux crashs ayant causé la mort de 346 personnes.

L’enquête se poursuit mardi sur les avions Boeing MAX 9 au lendemain de l’annonce par les compagnies aériennes américaines United Airlines et Alaska Airlines de la découverte d’éléments mal fixés lors de vérifications après la perte d’une porte en plein vol la semaine dernière par un appareil de ce type. L’agence américaine de l’aviation civile (FAA) a demandé des inspections sur 171 Boeing 737 MAX 9, cloués au sol dans l’attente de ce passage en revue.

United, qui exploite la principale flotte de 737 MAX 9 au monde avec 79 appareils, a découvert des « boulons qui nécessitaient d’être resserrés » lors de vérifications sur les portes condamnées de ses 737 MAX 9, les mêmes que celle arrachée vendredi lors d’un vol Alaska Airlines aux États-Unis. « Depuis que nous avons entamé les inspections, samedi, nous avons fait des découvertes qui semblent liées à des problèmes d’installation du panneau obstruant les portes », a expliqué United dans une déclaration transmise à l’AFP.

Les boulons introuvables

Alaska Airlines a également annoncé avoir détecté des « équipements mal fixés » sur certains de ses appareils de ce type après des inspections préliminaires. L’agence américaine de la sécurité des transports (National Transportation Safety Board, NTSB) a annoncé lundi soir n’avoir pas trouvé de boulons parmi les éléments qui se sont détachés vendredi de l’avion d’Alaska. La porte gauche de l’appareil d’Alaska, qui était condamnée, s’était détachée de la carlingue en plein vol, provoquant la dépressurisation de l’appareil. Elle a été retrouvée dimanche dans le jardin d’un enseignant à Portland (Oregon), ville du Nord-Ouest des États-Unis d’où l’avion avait décollé vers Ontario (Californie). De nouvelles recherches permettront de « déterminer si les boulons étaient là », a déclaré à la presse la présidente de la NTSB, Jennifer Homendy.

Des centaines de vols ont dû être annulés après l’immobilisation d’une partie de la flotte de Boeing MAX. « Pendant que les opérateurs mènent les inspections requises, nous restons en contact étroit avec eux et les aidons à traiter chaque découverte », a indiqué Boeing lundi soir. « Nous sommes engagés à assurer que chaque avion Boeing réponde aux spécifications et aux critères de sécurité et de qualité les plus élevés. »

La condamnation de certaines portes est proposée par Boeing à ses clients quand le nombre d’issues de secours existantes est déjà suffisant au regard du nombre de sièges dans l’appareil. Outre le 737 MAX 9, ce dispositif existe déjà sur d’autres modèles de Boeing, notamment le 737-900ER, lancé en 2006 et qui n’a connu, depuis, aucun incident similaire. En décembre, Boeing avait recommandé aux compagnies équipées de 737 MAX de vérifier le système de contrôle du gouvernail, après qu’une compagnie eut constaté qu’un écrou manquait sur l’un de ses avions. Selon la FAA, Boeing avait également observé un écrou mal vissé au même emplacement sur un appareil non encore livré.

Série noire

En cause une nouvelle fois Spirit, un sous-traitant clé de Boeing spécialiste des aérostructures basé à Wichita (Kansas), selon L’Usine Nouvelle. Des problèmes techniques en avril dernier avaient nécessité l’arrêt de la production de l’appareil. Durant l’été, d’autres problèmes techniques incriminant à nouveau Spirit Aerosystems avaient touché le 737 MAX 9. Et la porte du 737 MAX 9 d’Alaska Airlines récemment arrachée en vol a été produite et mise en place par Spirit, selon la presse américaine.

Ces incidents complètent la série noire du 737 MAX victime également de deux crashs, en octobre 2018 en Indonésie et en mars 2019 en Éthiopie, qui ont causé la mort de 346 personnes au total. Après ces accidents, liés au logiciel de pilotage MCAS, tous les 737 MAX avaient été cloués au sol durant 20 mois.

À fin décembre, le constructeur avait livré plus de 1370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes dépassait les 4000 unités. Mais à Wall Street, l’action de l’avionneur a chuté de 8,03% lundi et celle de son principal sous-traitant, Spirit AeroSystems, de 11,13%.

Le maintien au sol de nombre de 737 MAX 9 a déjà entraîné l’annulation de plus de 1000 vols depuis samedi, selon le site FlightAware, principalement pour les compagnies Alaska et United qui opèrent 144 des 218 MAX-9 en circulation. Selon l’agence européenne de sécurité aérienne (EASA), aucun opérateur en Europe n’utilise le 737 MAX 9 avec les options concernées.

« Défi culturel majeur » chez Boeing

Dimanche, le PDG de Boeing, Dave Calhoun, a remplacé une conférence des cadres dirigeants du groupe par une réunion sur la sécurité, mardi, ouverte à tous les employés. Elle se tiendra à l’usine de Renton (État du Washington), en banlieue de Seattle.

NTSB, Boeing, Alaska et FAA cherchent à établir les circonstances exactes de l’incident qui n’a fait que quelques blessés légers mais aurait pu se terminer « de façon plus tragique », selon Jennifer Homendy. Cet incident « est révélateur d’un défi culturel majeur » chez Boeing, selon Richard Aboulafia, directeur du cabinet de conseil AeroDynamic Advisory.

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