Les députés Insoumis ont voté contre un texte demandant la « libération immédiate » de Boualem Sansal

La cheffe de file des députés LFI.
Photo: BERTRAND GUAY/AFP via Getty Images
L’Assemblée a largement adopté mardi une résolution appelant à la « libération immédiate » de Boualem Sansal, et à subordonner au respect des « engagements internationaux en matière de droits humains » toute « coopération renforcée » entre l’Algérie et la France, et plus généralement l’Europe. Les députés insoumis ont néanmoins voté contre le texte.
Le texte, sans valeur contraignante, a été adopté avec 307 voix contre 28 (et 4 abstentions).
Cette résolution n’est « pas un acte de défiance ni un geste de provocation », mais « un appel à l’humanité », a défendu Constance Le Grip (Ensemble pour la République), rapporteure macroniste du texte.
Elle « témoigne de l’engagement de la France et de sa représentation nationale », a salué le ministre délégué chargé de l’Europe Benjamin Haddad.
Une atteinte au « droit à un procès équitable »
Considérant qu’il a été porté atteinte au « droit à un procès équitable » de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et invoquant sa santé -il est atteint d’un cancer – le texte exige sa « libération immédiate et inconditionnelle ».
Il condamne aussi « la détention en Algérie des personnes considérées comme ‘prisonniers d’opinion’, notamment les militants, journalistes, blogueurs ou défenseurs des droits de l’homme ».

L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal pose après avoir reçu, conjointement avec l’écrivain français Hedi Kaddour, le Grand Prix du Roman, un prix littéraire décerné par l’Académie française pour un roman individuel, à l’Académie française à Paris, le 29 octobre 2015. (FRANCOIS GUILLOT/AFP via Getty Images)
Plusieurs députés de gauche ont critiqué la formulation de certains paragraphes, jugés trop offensifs, et proposé de se cantonner à exiger la libération de l’écrivain.
Socialistes et écologistes ont toutefois voté pour. Les députés communistes se sont majoritairement abstenus, et les Insoumis ont voté contre.
« Nourrir la surenchère médiatique et politique »
Plusieurs députés LFI ont demandé dans l’hémicycle la libération de M. Sansal. « Nous combattons les idées de Boualem Sansal qui appuie et propage le fantasme réactionnaire du grand remplacement (…) mais un principe reste un principe », a assuré Nathalie Oziol (LFI), invoquant les « libertés fondamentales ».
Mais le mouvement accuse le texte de remettre « en cause la poursuite de tout partenariat entre l’Algérie, la France et l’Europe » au risque de compromettre « toute possibilité d’obtenir la libération de M. Sansal », et de « nourrir la surenchère médiatique et politique ».
Parmi les députés LFI ayant voté contre le texte figurent la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, le député du Val-de-Marne Louis Boyard, le député de Marseille Manuel Bompard, le député du Nord, David Guiraud ou encore le député du Rhône Gabriel Amard.
« Une position honteuse »
« Une position honteuse » a notamment commenté Gabriel Attal sur X en ce qui concerne le vote de LFI.
Le texte invite notamment le gouvernement, la Commission européenne et le Conseil européen à subordonner « toute coopération renforcée avec l’Algérie » à « des avancées concrètes » sur l’état de droit et les « libertés fondamentales ».
Les autres groupes ont voté pour, dont l’alliance RN-ciottistes, malgré le rejet de leurs amendements appelant à suspendre des financements à l’Algérie ou l’octroi de visas. Ce texte « ne contient aucun levier supplémentaire », a déploré Guillaume Bigot (RN).
Boualem Sansal, 80 ans, incarcéré depuis mi-novembre, a été condamné le 27 mars à cinq ans de prison notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire pour des déclarations en octobre au média français « Frontières », où il estimait que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Il a fait appel.

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