Les États-Unis et l’Iran concluent le second round des négociations sur le nucléaire et conviennent d’un troisième round

Le ministre iranien des Affaires Étrangères et l'envoyé spécial des États-Unis se sont mis d'accord sur un troisième round de négociations visant à empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire

Par Andrew Thornebrooke
20 avril 2025 20:17 Mis à jour: 21 avril 2025 10:03

L’Iran et les États-Unis ont mis fin au second round des négociations visant à freiner le développement d’armes nucléaires par l’Iran et ont convenu d’en organiser un troisième la semaine prochaine.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et l’envoyé présidentiel, Steve Witkoff, ont tenu le deuxième round des négociations à Rome le 19 avril.

Comme lors du premier round des négociations, qui s’est tenu dans la capitale omanaise de Mascate la semaine dernière, les deux parties ont négocié indirectement par l’intermédiaire d’un responsable omanais qui a fait la navette entre les deux parties.

M. Witkoff et M. Araghchi se sont brièvement entretenus à la fin du premier round des pourparlers, mais les responsables des deux pays n’ont pas tenu de négociations directes depuis 2015, sous la présidence de Barack Obama.

Les deux hommes ont convenu samedi de se rencontrer à nouveau à Oman le 26 avril. D’autres experts des deux parties se rencontreront également d’ici là, ce qui laisse penser que le deuxième round des négociations entre les deux pays s’est déroulé de manière satisfaisante.

Les experts discuteront des détails d’un éventuel accord au niveau technique, selon l’Iran.

« Les discussions se sont déroulées dans un environnement constructif et je peux dire que les choses avancent », a déclaré M. Araghchi à la télévision d’État iranienne. « J’espère que nous serons dans une meilleure position après les discussions techniques. »

L’enjeu de ces négociations dépend en grande partie de la capacité de MM. Witkoff et Araghchi à trouver un terrain d’entente sur le programme nucléaire iranien et sur les questions de sécurité régionale.

M. Araghchi a indiqué avant les pourparlers que Téhéran était attaché à la diplomatie et a appelé « toutes les parties impliquées dans les pourparlers à saisir l’occasion de parvenir à un accord nucléaire raisonnable et logique ».

« Un tel accord devrait respecter les droits légitimes de l’Iran et conduire à la levée des sanctions injustes qui pèsent sur le pays, tout en levant les doutes sur ses travaux nucléaires », a ajouté M. Araghchi, selon les médias d’État iraniens.

Téhéran s’est efforcé de réduire les attentes d’un accord rapide, et le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré cette semaine qu’il n’était « ni trop optimiste, ni trop pessimiste » quant à la conclusion d’un accord.

Des véhicules de la délégation iranienne sont escortés par la police italienne à l’une des entrées de l’ambassade d’Oman à Rome, où se tient le second round des négociations sur le nucléaire entre l’Iran et les États-Unis, le 19 avril 2025. (ANDREAS SOLARO/AFP via Getty Images)

La capacité de l’Iran à se doter d’armes nucléaires en point de mire

Les contours actuels des négociations ne sont pas clairs. La semaine dernière, des responsables iraniens ont expliqué que le premier round des négociations devait se concentrer sur la définition de la position de chaque partie et de ses éventuelles lignes rouges.

À cette fin, le président américain Donald Trump a fait de la prévention de l’acquisition d’une arme nucléaire par Téhéran une priorité de son programme de politique étrangère. Il semble disposé à permettre au pays du Moyen-Orient de conserver ses installations nucléaires, à condition que son enrichissement d’uranium soit ramené à des seuils inférieurs.

« Je suis pour empêcher l’Iran, très simplement, de se doter de l’arme nucléaire », a déclaré M. Trump aux journalistes à la Maison-Blanche vendredi. « Ils ne peuvent pas avoir d’arme nucléaire. [Mais je veux que l’Iran soit grand, prospère et formidable.] »

M. Trump a envoyé une première lettre à M. Khamenei en mars, suggérant un nouvel accord pour limiter le programme nucléaire iranien, ce que Téhéran a refusé à ce moment-là.

Depuis lors, M. Trump a réaffirmé sa position en affirmant que les États-Unis « ne peuvent pas laisser [l’Iran] disposer de l’arme nucléaire » et a menacé de recourir à une action militaire contre l’Iran si un accord n’était pas conclu.

« S’ils ne concluent pas d’accord, il y aura des bombardements, et des bombardements comme ils n’en ont jamais vu auparavant », a écrit M. Trump dans un message publié le 30 mars sur les réseaux sociaux.

M. Trump a également rétabli une campagne de « pression maximale » sur Téhéran en février, réimposant des sanctions à l’encontre de Téhéran afin de pousser l’Iran à la table des négociations.

Téhéran ne possède pas d’armes nucléaires et continue d’enrichir de l’uranium à des niveaux proches de ceux des armes nucléaires depuis que M. Trump a unilatéralement mis fin, en 2018, à un accord nucléaire bilatéral qui imposait des limites à ces activités. À l’époque, M. Trump avait critiqué l’accord comme étant « l’une des pires et des plus unilatérales transactions jamais conclues par les États-Unis » et avait déclaré qu’il « donnait trop au régime iranien en échange de trop peu ».

Un rapport de l’organe de surveillance nucléaire des Nations unies publié au début de l’année indiquait que l’Iran avait accéléré sa production d’uranium de qualité quasi militaire à un point tel que Téhéran pourrait probablement produire une demi-douzaine d’ogives s’il le souhaitait.

Téhéran maintient que son programme nucléaire est pacifique et qu’il est prêt à négocier certaines restrictions en échange de la levée des sanctions, mais il veut des garanties irréfutables que Washington ne reviendra pas sur sa décision.

Un Iranien passe devant les peintures murales anti-américaines sur les murs de l’ancienne ambassade des États-Unis dans le centre de Téhéran, en Iran, le 11 avril 2025. (HOSSEIN BERIS/Middle East Images/AFP via Getty Images)

Quarante-six ans d’inimitié

Surmonter l’inimitié historique entre Washington et Téhéran n’est pas chose aisée. Les relations entre les deux puissances sont conflictuelles depuis près d’un demi-siècle.

L’Iran était autrefois l’un des principaux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. La monarchie iranienne achetait des armes de fabrication américaine et était considérée par les dirigeants américains comme une force autoritaire mais modernisatrice qui constituait un rempart contre la propagation du communisme.

Cette relation a pris fin en 1979, lorsque le dernier monarque au pouvoir en Iran a fui le pays à la suite de soulèvements populaires et que les forces islamistes se sont emparées du pouvoir. Depuis lors, la République islamique d’Iran s’est opposée au modernisme laïque associé aux États-Unis et a appelé à la destruction d’Israël.

Les tensions entre Washington et Téhéran ont toutefois atteint un point de rupture ces dernières années, en partie à cause du soutien financier et militaire apporté par l’Iran à des groupes terroristes tels que le Hamas dans la bande de Gaza, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen.

Ces dernières années, Téhéran a également signé d’importants accords en matière de technologie militaire avec la Russie et a conclu avec la Chine des contrats de services pétroliers qui échappent aux sanctions internationales. On ignore toutefois dans quelle mesure, le cas échéant, ces questions pèseront sur les pourparlers en cours.

Une peinture murale représentant une fausse version du Grand Sceau des États-Unis, avec un aigle tenant des seringues et des cartouches de munitions dans ses serres et une étoile de David, figure sur les murs extérieurs de l’ancienne ambassade des États-Unis à Téhéran, familièrement appelée le repaire des espions, le 19 avril 2025 à Téhéran, en Iran. (Majid Saeedi/Getty Images)
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