Les États-Unis libèrent le plus ancien détenu de Guantánamo Bay après 17 ans, incarcéré sans aucune forme de jugement

Par Mimi Nguyen-ly
31 octobre 2022 17:24 Mis à jour: 31 octobre 2022 17:24

Les États‑Unis ont annoncé avoir libéré leur plus ancien détenu du camp de détention de Guantánamo Bay et l’avoir rapatrié au Pakistan.

Saifullah Paracha, 75 ans, de nationalité pakistanaise, a été détenu pour la première fois à Guantanamo en 2003. Il aurait fourni un important soutien financier aux groupes terroristes Al‑Qaïda et aux talibans au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, et aurait également été en contact avec des terroristes importants, dont Oussama ben Laden et Khalid Sheikh Mohammed. Son fils a été reconnu coupable d’avoir blanchi 200.000 dollars en Amérique depuis le Pakistan pour Al‑Qaïda.

Il n’a jamais été accusé devant une commission militaire ou tout autre tribunal d’un crime contre les États‑Unis.

Le département américain de la Défense a annoncé samedi qu’il avait « rempli les conditions d’un transfert responsable » avec ses partenaires pakistanais.

« Les États‑Unis apprécient la volonté du Pakistan et d’autres partenaires de soutenir les efforts actuels des États‑Unis visant à réduire de manière responsable la population des détenus et à fermer à terme le centre de Guantánamo Bay », a‑t‑il ajouté.

Le ministère pakistanais des Affaires étrangères a également publié samedi une déclaration confirmant la libération de Saifullah Paracha et son arrivée au Pakistan.

« Le ministère des Affaires étrangères a achevé un processus inter‑agences approfondi pour faciliter le rapatriement de M. Paracha. Nous sommes heureux qu’un citoyen pakistanais détenu à l’étranger soit enfin réuni avec sa famille », a déclaré le ministère.

Selon une déclaration du Pentagone, un comité d’examen a déterminé en mai 2021 que l’incarcération de M. Paracha « n’était plus nécessaire pour assurer une protection contre une menace importante et persistante pour la sécurité des États‑Unis ». Le secrétaire à la Défense Lloyd Austin a informé le Congrès le 12 septembre de son intention de rapatrier M. Paracha au Pakistan.

Le même comité d’examen a également déterminé en mai 2021 que deux autres détenus de Guantánamo Bay – Abdul Rabbani, du Pakistan, et Uthman Abdul al‑Rahim Uthman, du Yémen – étaient inutilement détenus et qu’aucun d’entre eux n’avait été accusé formellement d’un crime par les États‑Unis.

Porte principale de la prison de la base navale américaine de Guantánamo, à Cuba, le 16 octobre 2018. (Sylvie Lanteaume/AFP via Getty Images)

Reprieve, un groupe de défense des prisonniers qui travaille avec M. Paracha, a célébré les dernières nouvelles comme « une énorme victoire », mais a déclaré que M. Paracha retournait dans son pays et sa famille comme « un vieil homme frêle, après avoir été emprisonné dans la fleur de l’âge ».

« Cette injustice ne pourra jamais être réparée », a déclaré le groupe, ajoutant que M. Paracha « a décrit la vie à Guantánamo comme le fait ‘d’être vivant dans sa propre tombe’ ».

« Le fait que les États‑Unis se soient mis à pratiquer la détention indéfinie sans procès a entraîné des préjudices interminables », a déclaré le groupe, qui plaide pour la fermeture de Guantanamo.

Selon la version des événements présentée par Reprieve, « Saifullah était un homme d’affaires prospère et un philanthrope, enlevé par des agents américains alors qu’il se trouvait en Thaïlande pour un voyage d’affaires. Il a été emmené à la base aérienne de Bagram, un site clandestin américain connu pour les horribles tortures infligées aux détenus. Un an plus tard, il a été transporté par avion à Guantánamo, menotté. Sa santé s’est gravement détériorée pendant sa détention, avec notamment deux crises cardiaques. Il a été autorisé à l’unanimité à être libéré en mai 2021 par les agences de sécurité américaines, mais il n’a été libéré et rapatrié au Pakistan que maintenant. »

Selon le Pentagone, 35 détenus se trouvent toujours à Guantánamo Bay. Vingt autres sont éligibles pour un transfert, trois sont éligibles pour une commission d’examen périodique, neuf sont impliqués dans le processus des commissions militaires et trois détenus ont été condamnés par des commissions militaires, a déclaré le département.

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