Les eurodéputés prêts à voter l’accord post-Brexit malgré un regain de tension avec Londres

Par Epoch Times avec AFP
27 avril 2021 14:38 Mis à jour: 27 avril 2021 14:38

Ultime étape d’un Brexit éreintant, le Parlement européen devrait approuver mardi l’accord commercial de l’UE avec le Royaume-Uni en dépit de tensions persistantes entre Londres et Bruxelles.

Dernier différend en date: la menace par la France de « mesures de rétorsion » sur les services financiers britanniques si l’accord post-Brexit sur la pêche n’était pas mis en œuvre.

« Le Royaume-Uni attend de notre part un certain nombre d’autorisations sur les services financiers. Nous n’en donnerons aucune tant que nous n’aurons pas les garanties que sur la pêche et d’autres sujets, le Royaume-Uni respecte ses engagements », a averti le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur la chaîne BFM Business.

Malgré ce contexte tendu, le résultat du vote, qui ne sera officiellement communiqué que mercredi à 09H00 (07H00 GMT), ne fait guère de doute. « Je m’attends à ce que le texte soit voté au moins à la majorité des trois quarts », a affirmé le social-démocrate allemand Bernd Lange, président de la commission Commerce international.

– Michel Barnier prononce un discours lors du débat sur l’accord de commerce et de coopération UE-Royaume-Uni à Bruxelles, le 27 avril 2021. Photo par JOHN THYS / AFP via Getty Images.

Le feu vert des eurodéputés sur cet accord conclu in extremis le 24 décembre dernier était devenu urgent: l’application provisoire du texte, effective depuis le début de l’année, s’achève vendredi. Et le Royaume-Uni exclut toute prolongation.

Le scrutin est accompagné du vote d’une résolution parlementaire non contraignante, dans laquelle les élus qualifient le Brexit d‘ »erreur historique ».

Le Brexit « a été poussé par un nationalisme irresponsable, basé sur de fausses promesses et une vision à court terme. Il est mauvais pour la Grande-Bretagne et mauvais pour l’Europe », a déclaré mardi l’eurodéputé social-démocrate autrichien Andreas Schieder.

La résolution souligne aussi que le Parlement européen doit être pleinement associé aux futurs échanges avec Londres sur la gouvernance de cet accord de 1.250 pages, ce qu’a promis la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

-Les pêcheurs s’attendent à ce que les difficultés d’exportation actuelles du Brexit se poursuivent pendant plusieurs mois, ce qui a conduit à trouver des ventes locales aux poissonniers. Photo par Hugh Hastings / Getty Images.

Les relations entre Londres et Bruxelles ont déjà été profondément affectées par la décision britannique de quitter le marché unique –officielle depuis le 31 janvier 2020, mais effective seulement depuis le début de l’année.

Donner leur feu vert à l’accord commercial

Sur le plan des échanges, les exportations européennes vers le Royaume-Uni ont reculé de 20,2%, quand les importations britanniques dans l’UE ont baissé de 47% au cours des deux premiers mois de 2021, selon Eurostat.

A cela s’ajoute une crise de confiance entre les deux partenaires, après plusieurs décisions de Downing Street remettant en cause le précédent accord conclu avec l’UE, le traité de 2019 sur le Brexit, qui organise le divorce.

Les Européens reprochent notamment à Londres d’avoir violé le protocole irlandais contenu dans ce traité en reportant certains contrôles douaniers et sanitaires qui devraient être menés entre la province britannique d’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni, afin d’éviter le retour d’une frontière sur l’île d’Irlande.

En signe de protestation, les eurodéputés ont longtemps retardé le moment de fixer une date pour donner leur feu vert à l’accord commercial.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, arrive au débat sur l’accord de commerce et de coopération UE-Royaume-Uni, le 27 avril 2021. Photo Olivier  HOSLET/POOL/AFP via Getty Images.

« Le gouvernement britannique ne doit pas prendre (le vote de mardi) comme un chèque en blanc ou un vote de confiance aveugle », a prévenu l’eurodéputé luxembourgeois Christophe Hansen (PPE, droite).

Mme von der Leyen, dont les services ont entamé une procédure contre le Royaume-Uni pour sa violation du protocole, a assuré aux eurodéputés que l’UE « n’hésiterait » pas « si nécessaire », à utiliser contre Londres les mesures de compensation unilatérales prévues par l’accord.

Dans ce contexte délicat, le récent différend autour des retards d’approvisionnement du continent en vaccins AstraZeneca, quand le Royaume-Uni était lui livré dans les temps, est venu jeter un peu plus d’huile sur le feu.

« Nous avons plus en commun que ce qui nous divise », a cependant plaidé Michel Barnier, qui s’exprimait pour la dernière fois devant l’hémicycle en sa qualité d’ex-négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.

Une phrase empruntée à la députée britannique pro-européenne Jo Cox, assassinée par un militant d’extrême droite lors de la campagne du référendum de 2016 sur le Brexit.

 

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