Les internautes chinois sont en colère contre la journée de deuil national pour les victimes du virus

Par Frank Fang
6 avril 2020 15:10 Mis à jour: 6 avril 2020 15:10

De nombreux internautes chinois ont été mécontents de l’annonce faite par le gouvernement central pour la journée de deuil national en hommage des personnes décédées par la pandémie actuelle. Ils ont critiqué les autorités pour avoir organisé un tel spectacle sans révéler la vérité sur l’épidémie.

La fête du Qingming, également connue sous le nom de « jour du ramassage des tombes », est une fête traditionnelle chinoise qui permet aux gens de rendre hommage à leurs ancêtres. Elle est célébrée le 15e jour après l’équinoxe de printemps ; cette année, elle est tombée le 4 avril.

Le 3 avril, le Conseil d’État chinois a publié une déclaration pour annoncer la mise en place dans tout le pays des activités de commémoration des victimes du virus du PCC le lendemain.

Les drapeaux ont été mis en berne dans tout le pays et dans les ambassades d’outre-mer. Toutes les activités de loisirs dans le pays ont également été suspendues. Enfin, les gens ont été invités à faire leur deuil pendant trois minutes à partir de 10 heures le 4 avril. Les voitures, les trains, les navires de guerre et la défense aérienne ont dû également faire retentir leurs sirènes.

COUVERTURE SPÉCIALE SUR LE VIRUS DU PCC

Certains sites web du gouvernement chinois ont été modifiés en version noir et blanc le 4 avril, notamment ceux du ministère des Affaires étrangères et du ministère des Finances.

Le média d’État chinois Xinhua a annoncé que plusieurs des principaux dirigeants chinois, dont Xi Jinping, Li Keqiang et Li Zhanshu, ont observé le silence pendant 3 minutes à partir de 10 heures du matin le 4 avril à Zhongnanhai, le complexe du Parti communiste chinois (PCC) à Pékin.

Cette manifestation publique de deuil à Pékin a suscité les protestations de nombreux internautes chinois, qui ont qualifié ces actes d’hypocrisie pure et simple.

Un internaute a écrit sur Weibo : « Vous, les autorités chinoises, vous les étouffez de leur vivant, puis vous les pleurez pendant trois minutes une fois morts. N’êtes-vous pas hypocrite ? Pouvez-vous être bienveillant avec les gens quand ils sont encore en vie ? »

Un autre internaute a écrit : « Toutes ces sirènes et ces klaxons ne sont rien à côté de la voix des dénonciateurs. »

Ils ont fait allusion aux mesures prises par les autorités pour faire taire huit médecins, dont l’ophtalmologue Li Wenliang, lorsqu’ils ont publié sur les médias sociaux chinois, en décembre, des informations sur la nouvelle forme de pneumonie qui se propageait dans la ville de Wuhan, au centre de la Chine.

Li Wenliang a ensuite été convoqué dans un commissariat de police où il a été réprimandé pour « propagande de rumeurs » ; il a été contraint de signer une déclaration « d’aveux ». Li Wenliang est décédé début février en contractant le virus auprès d’un patient infecté.

Les internautes chinois ont exprimé leur mécontentement lorsque Pékin a annoncé, le 19 mars, les résultats d’une enquête sur l’affaire Li Wenliang, qui a donné lieu à des sanctions administratives contre les agents du poste de police local. Certains internautes ont estimé que ces mesures ont été insuffisantes et n’ont pas permis de retrouver les véritables responsables qui ont fait taire M. Li.

Pendant ce temps, un avocat des droits de l’homme à Pékin, qui a souhaité garder l’anonymat, a affirmé que, selon lui, la politique de dissimulation de Pékin a conduit à la propagation du virus du SRAS en 2002 et 2003, et que cette fois, cette dissimulation est bien plus grave.

La pandémie de SRAS en 2002-2003 a infecté 2 769 personnes et tué 425 personnes en dehors de la Chine continentale, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé. Les experts affirment que le nombre de personnes infectées en Chine a été probablement beaucoup plus élevé que ce qui a été officiellement annoncé.

« La nature malfaisante du Parti communiste chinois détermine la façon dont il gère une crise. Sa principale priorité n’est pas de protéger le peuple, mais d’assurer la stabilité de son régime autoritaire », a déclaré l’avocat dans une interview accordée à l’édition chinoise du journal Epoch Times.

Il a déclaré que le deuil public est un spectacle destiné à la population, puisque les autorités chinoises ont continué à supprimer la liberté d’expression en dissimulant l’ampleur réelle de l’épidémie.

Les défenseurs chinois des droits de l’homme, un groupe de défense basé à Washington, a publié un rapport le 1er avril, documentant 897 cas d’internautes chinois pénalisés par la police pour leur participation à des « conversations ou échanges d’informations en ligne sur le coronavirus » du 1er janvier au 26 mars.

« Les sanctions infligées par la police sont multiples : détention administrative, détention pénale, disparition forcée, amendes, avertissements/interrogatoires, aveux forcés et ‘réprimande éducative' », indique le rapport.

M. Li, un résident du district de Jian’an à Wuhan, a déclaré l’édition chinoise d’Epoch Times que les leaders chinois sont les responsables de la propagation du virus.

Au lieu d’un deuil public, M. Li a expliqué que la véritable voie pour présenter des condoléances aux morts serait que le PCC enquête sur la tentative de dissimulation initiale et sur l’origine du virus.

« De nombreuses victimes du virus demandent au Parti communiste chinois de s’excuser et de se retirer du pouvoir », a déclaré M. Li.

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