Les Irlandais ont commencé à voter dans un référendum historique sur l’avortement

25 mai 2018 10:26 Mis à jour: 5 juin 2018 13:25

Les Irlandais ont commencé à voter vendredi matin pour ou contre la suppression de l’interdiction constitutionnelle de l’avortement, dans un référendum historique pour ce pays de tradition catholique. Près de 3,5 millions d’électeurs sont appelés à se prononcer. Les bureaux de vote sont ouvert de 06H00 GMT à 21H00 GMT. Le résultat ne sera pas connu avant samedi dans l’après-midi.

Au terme d’une campagne achevée dans une certaine tension entre partisans et opposants de l’avortement, le « Oui » à la libéralisation de l’IVG semblait en tête des intentions de vote, malgré une participation difficile à estimer et un nombre élevé d’indécis. Toutefois, les autorités ont enregistré un nombre important de nouveaux inscrits sur les listes électorales, avec plus de 118.000 demandes d’ajout cette année, signe de l’intérêt pour ce vote.

La mobilisation de l’électorat a été l’un des grands axes des militants anti et pro-avortement, les premiers tablant sur un sursaut de l’Irlande rurale, tandis que les seconds ont fortement encouragé les jeunes à s’inscrire et à voter. S’exprimant la veille du vote sur la radio Newstalk, le Premier ministre Leo Varadkar l’a qualifié d‘ »opportunité d’une seule génération », rappelant qu’en cas de victoire du « Non », il n’y aurait pas de deuxième référendum.

Réitérant son appel à voter en faveur du « Oui », le chef du gouvernement irlandais a affirmé que « depuis l’introduction du 8e amendement dans la constitution, 170.000 femmes sont allées à l’étranger pour avorter ». La consultation pose précisément la question de l’abrogation du 8e amendement de la constitution irlandaise, introduit en 1983, qui interdisait l’avortement jusqu’à une réforme votée en 2013 permettant des exceptions lorsque la vie de la mère est menacée.

Aujourd’hui, la législation reste parmi les plus restrictives d’Europe, avec l’Irlande du Nord et Malte notamment. Le viol, l’inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d’avorter. Lors d’une ultime opération de campagne en faveur du « Oui », jeudi, Ailbhe Smith, qui milite en faveur de l’IVG depuis des décennies, a confié à l’AFP avoir « beaucoup d’espoir », soulignant que d’après elle l’Irlande a « compris que c’est une cruauté qui doit finir maintenant ».

Du côté des militants anti-IVG, les opérations de tractage dans les rues ont continué. « Je suis très optimiste », a déclaré Sorcha Nidhonhmaill, une étudiante de 19 ans, près d’un stand de campagne au pied du General Post Office, lieu symbolique du centre de Dublin. « On voit bien plus de gens qui veulent voter +Non+, ou qui changent d’avis du +Oui+ vers le +Non+ », a-t-elle assuré. Jeudi, quelques milliers d’électeurs avaient déjà voté sur 12 îles au large des côtes irlandaises, en plus de personnes à mobilité réduite, hospitalisées ou encore des personnels diplomatiques et de l’Etat basés à l’étranger, qui ont pu voter par courrier.

La consultation intervient trois ans après la légalisation, par référendum également, du mariage homosexuel en Irlande, qui avait provoqué un séisme culturel dans ce pays de 4,7 millions d’habitants. Elle traduit le déclin de l’influence de l’Église, autrefois si puissante mais aujourd’hui érodée par les bouleversements économiques et sociaux. L’institution religieuse paie aussi le prix des affaires de pédophilie impliquant des prêtres, parfois couvertes par des responsables ecclésiastiques.

Selon le Pr Diarmaid Ferriter, de l’University College Dublin, les mentalités ont profondément évolué depuis 1983. « A l’époque, le débat était dominé par des voix plus âgées, masculines, et l’Église se trouvait manifestement dans une position beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui », a-t-il dit à l’AFP. « Le profil des militants des deux côtés est bien plus jeune aujourd’hui« .

DC avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.