Les médias devraient réfléchir à deux fois avant de répéter les déclarations de Pékin

Par Shane Miller
2 avril 2020 16:43 Mis à jour: 3 avril 2020 09:00

Depuis une semaine environ, des organes de presse américains tels que le New York Times et la CBC ont déclaré que les États-Unis ont désormais pris la place de la Chine en tant qu’« épicentre » de la pandémie. « Les États-Unis sont maintenant en tête du monde pour les cas confirmés de coronavirus », titrait un article du New York Times publié le 26 mars, qui soulignait les faux pas qui auraient accéléré la propagation du virus aux États-Unis. Il décrit également la réaction de la Chine face à l’épidémie comme d’un démarrage laborieux qui s’est rapidement transformé en une « puissance féroce » pour combattre le virus qui a maintenant été « maîtrisé » à l’aide de « mesures draconiennes ».

Un titre de la CBC déclare : « Le voisin du Canada est désormais l’épicentre de la pandémie mondiale. Voilà la signification de la flambée américaine », pour un article qui énumère les implications possibles de la situation des États Unis qui a de loin le « plus grand nombre de cas signalés » de tous les pays. D’autres reportages de la CBC reprennent l’affirmation très douteuse de Pékin selon laquelle aucun nouveau cas n’a été confirmé à Wuhan depuis une semaine et que la majorité des nouveaux cas ont été « importés » de l’étranger.

Ces exemples de journalisme contemporain révèlent un manque inquiétant de sens critique dans la mesure où ils reprennent des affirmations facilement contestables issues de la propagande du Parti communiste chinois (PCC).

L’article du New York Times attribue le « démarrage tardif » de la Chine à la suppression d’informations, mais n’approfondit pas les modalités de cette suppression et complimente au contraire les efforts déployés par le régime pour contenir la propagation du virus.

COUVERTURE SPÉCIALE SUR LE VIRUS DU PCC

L’article principal sur la page d’accueil de CBC News, cbc.ca/news, le 31 mars 2020. (Capture d’écran)

On pourrait s’attendre à ce que le journaliste fasse des recherches pour vérifier ces affirmations, étant donné la nature du PCC et sa réaction initiale face à l’épidémie – qui l’a dissimulé – qui a permis au virus de se propager dans le monde entier. Ce n’est pas une tâche ardue que de trouver des informations qui permettent de penser que la situation en Chine est différente du « retour à la stabilité » que certains journalistes occidentaux décrivent.

Selon la presse britannique, des scientifiques ont déclaré au Premier ministre Boris Johnson que le nombre de cas confirmés en Chine (environ 81 000) pourrait avoir été minimisé par un facteur énorme de 15 à 40 fois. Radio Free Asia estime que les sept grands funérariums de Wuhan ont distribué un total d’environ « 3 500 urnes par jour » aux familles, ce qui implique que le régime chinois a menti en fixant le nombre de décès de la ville entre 2 500 et 3 000.

Outre l’informateur Li Wenliang, aujourd’hui décédé, il y a aussi Ai Fen, de Wuhan, qui a accordé une interview à un magazine chinois dans laquelle elle donne un aperçu des tentatives laborieuses du régime pour dissimuler l’épidémie et sanctionner ceux qui ont tenté de prévenir les autres. L’interview a rapidement été retirée par le magazine et les sites de médias sociaux, mais pas avant que des internautes ne la copient et affichent des captures d’écran.

Malgré cet ensemble de détails accablants et faciles à trouver, certains journalistes occidentaux ont fait l’éloge du « modèle chinois » comme une leçon à tirer, acceptant sans critique les affirmations du régime et de l’Organisation mondiale de la santé mise en péril. Tout en négligeant confortablement les véritables succès, comme celui de Taïwan, qui est l’exemple d’une société ouverte ancrée dans une culture civique solide.

La couverture de l’épidémie montre dans de nombreux cas un manque de curiosité qui envahit les médias ; la tendance à se focaliser sur le président américain et la frénésie qui l’entoure a contribué à cette situation.

Bien avant que la pandémie causée par le virus du PCC, communément appelé nouveau coronavirus, ne prenne le contrôle de nos vies, l’Occident avait le sentiment que les institutions vitales de la société s’affaiblissaient.

Les médias ont suscité la colère des populations, principalement en raison de leurs incompétences. Les données brossent un tableau misérable. Selon un sondage Gallup de l’année dernière, « les Américains restent largement méfiants vis-à-vis des médias », seuls 41 % d’entre eux affirment qu’ils font confiance aux médias pour informer la population avec justesse et exactitude. Au Canada, au moment où le COVID-19 commençait à envahir la Chine, le Baromètre de confiance Edelman de cette année a révélé une baisse de 3 % de la confiance envers les institutions, 57 % environ affirment que les médias consultés contiennent des informations peu fiables.

La confiance du public en les médias s’est en grande partie dégradée en conséquence de la désinformation, et la couverture du virus du PCC démontre, une fois de plus, une classe de bavards composée de certains des plus crédules et des plus incurables d’entre nous.

Shane Miller est un rédacteur politique basé à Londres, dans l’Ontario.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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