Comment le Canada peut-il surmonter le lobbying chinois ?

Par Shane Miller
18 novembre 2021 19:22 Mis à jour: 18 novembre 2021 19:22

Le gouvernement Trudeau serait en train de repenser sa politique chinoise. Le Globe and Mail rapporte que le gouvernement est en train de « concevoir sa première stratégie englobant l’ensemble de la région indo-pacifique » et sera ostensiblement axée sur la menace croissante du régime chinois.

À la tête du secrétariat spécial des Affaires mondiales chargé de concevoir cette stratégie se trouve l’ancien diplomate Jonathan Fried, ancien ambassadeur au Japon et à l’Organisation mondiale du commerce et qui, en 2015, a coprésidé le groupe de travail du G20 sur le commerce et l’investissement avec la Chine.

Cette nouvelle stratégie cherche à diversifier les échanges et les partenariats dans la région indopacifique, dans le but d’établir une coalition de pays fiables.

Les sceptiques ayant été longtemps déçus par le discours gouvernemental sur une « nouvelle politique chinoise » risque de rejeter ce nouveau développement, alors que les choses sont restées inchangées par le passé. Mais d’une manière générale, cette initiative est prometteuse.

Toutefois, elle pourrait contrarier ceux qui jusqu’à présent ont bénéficié du monopole grâce à leurs échanges avec la Chine. En effet, la réussite de cette stratégie implique une chute concrète de leur influence ainsi que celle de la Chine. En particulier le Conseil d’affaires Canada-Chine (CCBC), qui compte parmi ses membres des multinationales canadiennes et chinoises telles que Power Corp, Barrick Gold, Bombardier et Huawei Technologies. Jonathan Manthorpe, auteur de Claws of the Panda (Les griffes du panda), a déclaré que depuis sa création en 1978, le CCBC a été le « principal canal d’influence du Parti communiste chinois au Canada ».

Des preuves de cette influence peuvent être observées dans le cas de l’ancien président de la CCBC, Peter Harder, aujourd’hui sénateur de premier plan, qui a joué un rôle clé dans l’accession de Justin Trudeau au pouvoir en 2015. M. Harder a fait les gros titres en juin de cette année lorsqu’il s’est opposé à une motion au Sénat visant à définir la persécution des musulmans ouïghours par le régime chinois comme un génocide.

L’ambassadeur du Canada en Chine, Dominic Barton, est un partisan enthousiaste du CCBC et un membre régulier qui reproduit tous les points de discussion de l’organisation en ce qui concerne la politique chinoise d’Ottawa.

Comme l’éclaire M. Manthorpe dans Claws of the Panda, c’est un universitaire du nom de Paul Lin, premier directeur du Centre d’études est-asiatiques de l’Université McGill de 1965 à 1982, qui a joué un rôle central dans la création du CCBC et rendu possibles les premiers pourparlers diplomatiques entre Ottawa et Pékin.

En 1977, Paul Desmarais, directeur de la société montréalaise Power Corp. organise un voyage d’affaires vers une foire commerciale chinoise dans la province de Guangzhou avec M. Lin. Leurs échanges mènent à la création du CCBC et à l’implication de personnalités comme Maurice Strong, qui était à l’époque le chef de la direction de Petro-Canada. Les sociétés fondatrices comprennent la Société Financière Manuvie, le Groupe financier BMO, Power Corp. et la désormais tristement célèbre SNC-Lavalin.

Ce réseau d’entreprises, en particulier Power Corp. s’est imposé comme le principal conseiller pour les relations entre le Canada et la Chine, réussissant à faire du commerce le principal centre d’intérêt aux dépens de tout le reste. « Au Canada, Power Corp. était le premier gardien des relations officielles (…) avec la Chine », écrit M. Manthorpe.

Aujourd’hui encore ces grands groupes travaillent à prévenir tout véritable questionnement moral ou géopolitique concernant la Chine. Ceux qui ont des intérêts financiers en Chine déplorent régulièrement que les « questions géopolitiques » soient plus importantes que les intérêts financiers du Canada. Quant aux violations des droits de l’homme, elles sont traitées comme des questions abstraites, un simple malentendu.

Inévitablement, une stratégie indopacifique réussie qui s’éloigne des dogmes antérieurs impliquera le découplage avec un Pékin de plus en plus belliqueux. Le pouvoir et le prestige dont jouit la CCBC depuis quelque 43 ans constituent un obstacle important pour y parvenir.

Mais la cruauté de Pékin lors de la prise en otage de deux Canadiens dans le cadre de l’affaire Meng Wanzhou, qui a conduit à l’actuel gel des relations entre le Canada et la Chine, constitue une raison suffisante pour que le pays mette un frein à ses relations amicales avec le régime communiste.


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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