Les ouvriers d’une usine chinoise démissionnent collectivement du parti communiste

7 juillet 2015 09:39 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:12

 

Le président Mao doit se retourner dans sa tombe : seulement quelques jours avant la célébration du 94e anniversaire du Parti communiste chinois (PCC), les « prolétaires » d’une usine dans la province natale du défunt dirigeant chinois, ont décidé de rompre les liens avec le parti qu’il avait lui-même porté au pouvoir en Chine.

Zhang Lingcai, âgé de 60 ans, a annoncé à la Chinese Human Rights Defenders (ONG de défense des droits de l’homme en Chine) que tous les membres du Parti communiste d’une usine de teinture et tissage de la ville de Xiangtan, province du Hunan, avaient renoncé à leur adhésion au Parti. Certains d’entre eux étaient membres du PCC depuis des décennies. On ne connait pas le nombre exact d’ouvriers qui étaient membre du Parti communiste chinois (PCC) parmi les 1.003 ouvriers que compte l’usine.

Selon Zhang Lingcai, dont la fonction peut être assimilée à celle de représentant syndical de l’usine, les ouvriers étaient depuis longtemps mécontents des autorités du Hunan qui avaient mis fin aux avantages des retraités de l’usine.

Dans un premier temps, les employés de l’usine ont essayé de présenter des pétitions aux autorités locales, mais ils ont été ignorés. Plus tard, ils ont organisé plusieurs « confrontations » qui ont été « brutalement réprimées », selon la Chinese Human Rights Defenders (CHRD).

Arrivés aux « limites du désespoir », comme le décrit la CHRD, les ouvriers de l’usine, membres du PCC, ont massivement démissionné de cette organisation en guise de protestation.

Cette information a été révélée au moment même où le PCC annonçait officiellement que le nombre de ses partisans recensés fin 2014 dépassait le chiffre de 87 millions. Le Département de l’organisation du comité central du parti communiste de Chine – un organisme secret qui accumule des dossiers sur les membres du Parti et qui prend les principales décisions du personnel – a annoncé cette nouvelle le 29 juin dernier, deux jours avant l’anniversaire de la fondation du PCC.

En dépit d’un tel résultat, le Département de l’organisation affirme que la « structure de ses membres s’est améliorée ». Les internautes chinois restent sceptiques à ce sujet – beaucoup d’entre eux ont donné l’exemple de personnes qui rejoignent le Parti pour s’assurer de meilleures perspectives de carrière, un motif bien connu.

Ces chiffres ne tiennent cependant pas compte des démissions spontanées comme la récente démission des centaines de membres du Parti à l’usine du Shandong. Ils ne tiennent pas compte non plus du « mouvement Tuidang » (Tuidang signifie « renoncer au Parti ») qui enregistre les démissions en ligne du PCC et ses organisations affiliées et qui affirme avoir reçu à ce jour plus de 200 millions de démissions (en prenant en compte les démissions des organisations du PCC que sont les Jeunes pionniers et la Ligue de la jeunesse).

Le Centre Tuidang, le bureau qui maintient à jour la base de données des démissions et représente la seule source officielle de leurs enregistrements (le PCC n’enregistre pas de telles données), enregistre seulement les démissions faites sur son site web. Toutefois son porte-parole David Tompkins a déclaré qu’il soutenait de tout cœur la récente démission spontanée dans le Hunan.

“Ces démissions sont quelque chose de formidable”, a commenté David Tompkins.

Même si les chiffres ne tiennent pas compte des démissions du Hunan, David Tompkins trouve que ces démissions ont une valeur estimable. « Nous pensons que toute forme de démission du Parti est valable. Ce qui est important est le fait que les gens renoncent au PCC, renoncent au serment qu’ils ont fait », a-t-il précisé.

Tous les membres du Parti doivent prêter serment en déclarant qu’ils vont servir corps et âme le Parti. « Leur nombre ne sera pas ajouté aux 200 millions, mais de notre point de vue, c’est une déclaration valide pour Tuidang. »

Il a mentionné toute une variété de moyens non conventionnels que les Chinois ont inventé pour renoncer au Parti : estamper des caractères chinois sur les pièces de monnaie et les mettre en circulation, écrire leur renonciation au PCC sur des billets de banque ou sur un bout de papier et le coller à un poteau de ligne téléphonique.

Comme a précisé David Tompkins : « Nous ne pouvons pas ajouter ces formes de démissions à notre base de données, sauf dans le cas où la personne fait la démarche de franchir le pare-feu d’Internet en Chine et de soumettre sa déclaration à Tuidang. Si quelqu’un arrive à faire cela, alors il sera ajouté à la base de données après vérification.»

Le mouvement Tuidang a été lancé après qu’Epoch Times ait publié en novembre 2004 une série éditoriale : « Neuf commentaires sur le Parti communiste ». Les déclarations sont enregistrées sur un site web affilié à la version chinoise de ce journal : le Centre Tuidang assure l’intégrité des informations dans la base de données et enregistre directement les démissions. Il fonctionne comme une société indépendante à but non lucratif.

Selon M. Tompkins, pour beaucoup de Chinois, comme probablement dans le récent cas dans le Hunan, une démission du Parti « est simplement un acte de désespoir. Les Chinois en arrivent à un point où ils se rendent compte que le PCC est vraiment terrible – la pire des choses dans la société chinoise, et qu’il détruit leur vie ».

Article original : Workers in a Chinese Factory Collectively Quit the Communist Party

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.