L’Europe s’inquiète de l’absence de défenses immunitaires chez l’homme face à l’évolution de la grippe aviaire

La grippe aviaire se propage parmi les bovins, les poulets et d'autres animaux.

Par Zachary Stieber
7 avril 2024 08:38 Mis à jour: 7 avril 2024 14:54

Selon les autorités européennes, si le virus de la grippe aviaire poursuivait sa mutation, il pourrait rapidement se propager chez l’homme.

« Ces virus continuent d’évoluer à l’échelle mondiale et, avec la migration des oiseaux sauvages, de nouvelles souches porteuses de mutations potentielles pour l’adaptation aux mammifères pourraient être sélectionnées. Si les virus de la grippe aviaire A(H5N1) acquièrent la capacité de se propager efficacement parmi les humains, une transmission à grande échelle pourrait se produire du fait de l’absence de défenses immunitaires contre les virus H5 chez les humains », a déclaré l’Autorité européenne de sécurité des aliments dans un article publié le 3 avril.

Monique Eloit, directrice de l’Organisation mondiale de la santé animale, a également déclaré cette semaine que la propagation de la grippe aviaire à un nombre croissant d’espèces et l’élargissement de sa portée géographique augmentaient le risque d’infection de l’homme par le virus.

« Ces derniers mois, nous avons eu toute une série de mammifères divers et variés. Il est inquiétant de voir cette extension à d’autres espèces », a souligné Mme Eloit. « En fin de compte, nous nous retrouvons avec de plus en plus d’espèces et d’animaux contaminés, donc nécessairement avec une charge virale plus élevée et un risque de contamination de l’homme. »

La grippe aviaire a entraîné l’abattage de centaines de millions de volailles dans le monde ces dernières années, le virus étant principalement transporté par des oiseaux sauvages migrateurs. Bien que le nombre de foyers ait diminué cette saison, le virus s’est propagé à de nouvelles régions, notamment en Amérique du Sud et en Antarctique, et a touché un plus grand nombre d’animaux.

Certains foyers de grippe aviaire ont provoqué des infections graves ou mortelles chez des personnes qui avaient été en contact étroit avec des oiseaux sauvages ou des volailles, mais à ce jour, aucune transmission durable d’homme à homme n’a été observée, selon les scientifiques. Les virus de la grippe animale et humaine ont toutefois tendance à muter, ce qui fait craindre que l’un d’entre eux se transforme en un virus transmissible entre les mammifères, dont l’homme.

« Je ne pense pas que nous ayons la preuve d’une transmission interhumaine pour le moment, et cette souche particulière 2.3.4.4b du virus H5N1 pourrait causer une maladie moins grave que les autres virus H5N1 », a déclaré John Lowe, directeur du Centre médical mondial pour l’autorité sanitaire de l’Université du Nebraska, à Epoch Times, par courrier électronique.

« Nous devons toutefois garder à l’esprit que nous ne disposons que d’un petit nombre de cas pour guider nos hypothèses à ce stade et que, dans l’ensemble, les infections par le virus H5N1 chez l’homme ont toujours été graves, avec un taux de létalité supérieur à 50% », a-t-il ajouté.

Le taux de létalité est la proportion de personnes qui contractent une maladie et qui en meurent.

Entre 2003 et le 25 mars 2024, 888 cas humains de grippe aviaire A hautement pathogène, également connue sous le nom de grippe aviaire H5N1, ont été signalés à l’Organisation mondiale de la santé dans 23 pays. Quatre cent soixante-trois de ces cas se sont soldés par un décès, selon l’Organisation.

La seule infection humaine aux États-Unis pendant cette période s’est produite en 2022. Cette personne s’est rétablie.

Les virus de la grippe aviaire se sont principalement propagés chez les oiseaux du monde entier, mais des dizaines de bovins aux États-Unis ont récemment commencé à être testés positifs à la grippe aviaire H5N1. Selon le ministère américain de l’Agriculture, les tests ont été positifs dans huit fermes du Texas, trois fermes du Kansas, deux fermes du Nouveau-Mexique, une ferme de l’Idaho, une ferme du Michigan et une ferme de l’Ohio.

Une personne de l’État du Texas a également été testée positive, ont annoncé les autorités sanitaires le 1er avril.

Le séquençage d’un échantillon de ce patient a montré que le virus présentait une mutation provenant d’animaux proches, PB2 E627K. Cette mutation « est connue pour être associée à l’adaptation du virus aux hôtes mammifères », ont déclaré les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies.

Les centres de contrôle ont souligné que la mutation avait déjà été observée dans le passé, mais qu’il n’y avait « aucune preuve de propagation entre individus » et qu’ils maintenaient leur position quant au faible risque de contamination par la grippe.

Du bétail dans le ranch de Craig LeTulle à Richmond, au Texas. (MIRA OBERMAN/AFP via Getty Images)

M. Lowe estime qu’il faut s’inquiéter sans s’alarmer. « Chaque fois qu’un nouveau virus de la grippe touche plusieurs espèces ou un grand nombre d’animaux, il crée un potentiel d’évolution accélérée du virus qui pourrait produire un changement du virus pour se propager entre individus et contre lequel nous n’avons qu’une faible protection immunitaire. Alors que le virus présente une seule mutation s’adaptant à l’infection des mammifères, nous n’avons pas encore vu de preuve d’une évolution accélérée pour la transmission interhumaine », a-t-il ajouté.

« Il faudrait une transmission interhumaine soutenue pour qu’elle devienne une menace mondiale pour les populations », a déclaré Bryan Richards, coordinateur des maladies émergentes au Centre national de santé de la faune sauvage de la commission géologique des États-Unis, au journal Epoch Times.

Il ne sait pas s’il y a lieu de s’inquiéter.

« Il est difficile de dire qu’il faut s’inquiéter », a ajouté M. Richards. « Il est difficile de dire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. »

Pour l’instant, le principal risque concerne les personnes qui travaillent avec des animaux ou qui vivent à proximité, selon les autorités et d’autres experts.

Ces personnes doivent porter un équipement de protection lorsqu’elles se trouvent à une distance de deux mètres ou moins d’animaux malades ou morts, d’excréments d’animaux ou de matériaux susceptibles d’être contaminés par les virus de la grippe aviaire, selon les Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC). Ces personnes doivent s’isoler et appeler immédiatement un médecin en cas de maladie, a souligné M. Lowe. Selon lui, le grand public n’a pas besoin de prendre des mesures de protection contre la grippe pour l’instant.

Reuters a contribué à la rédaction de cet article.

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