Lutte contre le harcèlement scolaire: baromètre annuel, prime au personnel… quelles sont les mesures annoncées par la ministre?

Par Vincent Solacroup
12 février 2024 15:30 Mis à jour: 12 février 2024 15:38

Plus d’un élève par classe est en moyenne victime de harcèlement scolaire selon les résultats d’une grande enquête nationale révélés par la ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet. La ministre a profité d’un déplacement dans un collège à Reims pour annoncer des mesures de lutte contre le harcèlement.

Nicole Belloubet a choisi pour son premier déplacement dans un collège rémois, un thème consensuel pour lequel le gouvernement a sonné dès la rentrée « la mobilisation générale » : la lutte contre le harcèlement scolaire.

« C’est un véritable fléau qu’il nous faut absolument réguler », a déclaré la ministre à la presse. « Un élève ne doit pas venir dans son établissement scolaire la peur au ventre, mais au contraire le sourire aux lèvres », a encore ajouté Mme Belloubet, qui au cours de sa visite au collège Robert-Schuman, a échangé avec l’équipe du programme de lutte contre le harcèlement de l’établissement.

Un « baromètre annuel du harcèlement »

L’enquête menée en novembre 2023, dans le sillage d’un plan interministériel contre le harcèlement scolaire, a démontré que 5% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement, a précisé la nouvelle ministre lors de son premier déplacement, dans un collège de Reims.

« En milieu scolaire, le harcèlement est le fait, pour un élève ou un groupe d’élèves, de faire subir de manière répétée à un camarade des propos ou des comportements négatifs voire violents », expose le service statistique de l’Éducation nationale, qui a exploité un échantillon représentatif de 17.000 questionnaires soumis à un total de 7,5 millions d’élèves du CE2 à la terminale.

Les conclusions de l’étude révèlent qu’une part non-négligeable des élèves doit faire l’objet d’une vigilance accrue face au risque de harcèlement, soit 19% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 5% des lycéens.

Cette vaste enquête sera désormais menée chaque année sous la forme d’un « baromètre annuel du harcèlement en milieu scolaire » destiné à suivre l’évolution de ce phénomène, a annoncé la nouvelle ministre de l’Éducation.

En cas de découverte d’une situation à risques via le questionnaire, « une nouvelle auto-évaluation individuelle au cours de laquelle l’anonymat sera levé, avec l’accord des parents » sera décidée, a précisé le ministère de l’Éducation nationale.

150 postes et une prime pour les infirmiers scolaires et les assistants sociaux 

La ministre annonce la création de 150 postes de coordination « pour accompagner les équipes formées sur le terrain » : 30 dans les académies et 120 dans les départements.

Mme Belloubet a également précisé que 35 élèves ont été changés d’école d’office pour des faits de harcèlement depuis la rentrée 2023. Elle a également annoncé un coup de pouce financier pour les infirmiers scolaires et assistants sociaux qui assurent les fonctions de coordonnateurs pour la lutte contre harcèlement : ils bénéficieront d’un complément indemnitaire annuel de 1250 euros.

Réputée bonne connaisseuse du système éducatif et estampillée « rectrice de gauche » lors de son passage dans les académies de Limoges et Toulouse – elle avait démissionné contre les suppressions de postes enseignants sous Nicolas Sarkozy –, l’ex-ministre de la Justice s’est également employée à déminer les premières attaques venues des oppositions de droite.

La « priorité absolue » du gouvernement

Le gouvernement a dévoilé fin septembre un plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, promettant une « mobilisation générale » contre ce « phénomène massif ».

Cours d’empathie, confiscation du portable dans les cas graves, exclusion des élèves harceleurs sur les réseaux sociaux : l’exécutif a affirmé faire de la lutte contre le harcèlement scolaire sa « priorité absolue » pour la rentrée 2023 après une série de drames comme le suicide de la jeune Lindsay dans le Pas-de-Calais ou d’un adolescent, Nicolas, dans les Yvelines.

Les chiffres dévoilés lundi sont à mettre au regard d’un précédent chiffrage abondamment relayé par la presse et les responsables politiques faisant état d’une moyenne d’un élève sur 10 concerné par le harcèlement scolaire.

« Je ne suis pas Pap Ndiaye »

Accusée par des personnalités de LR et du RN de « laxisme » au ministère de la Justice, voire de complaisance à l’islamisme au moment de l’affaire Mila, une adolescente menacée de mort pour avoir critiqué l’islam, Mme Belloubet a été comparée depuis sa nomination à l’ex-ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye devenu la cible incessante des oppositions de droite qui y voyaient un promoteur du communautarisme.

« J’ai beaucoup d’amitié pour Pap Ndiaye. Je ne suis pas Pap Ndiaye, parce que nous nous sommes chacun forgés avec nos propres convictions », a déclaré Nicole Belloubet.

« Nous devons donc tout faire pour aider les élèves et accompagner les enseignants pour obtenir des résultats scolaires meilleurs. Je suis pleinement engagé dans cette mission qui est celle du président de la République », a-t-elle ajouté. « J’ai pour l’école l’ambition à la fois de l’existence de règles, du respect de ces règles, du respect des enseignants », a-t-elle encore dit.

Uniforme à l’école : contre les discriminations, « il faut tout tenter »

Épinglée pour des critiques anciennes formulées contre l’uniforme à l’école, elle a nuancé son propos en jugeant que l’expérimentation lancée par l’exécutif pouvait être « un moyen d’aider les élèves » et « éviter les discriminations ».

« Je pense que si c’est un moyen d’aider nos élèves, si c’est un moyen d’éviter des discriminations, il faut tout tenter. Une expérimentation est en cours, elle sera évaluée », a déclaré la ministre à la presse, à l’issue de son premier déplacement dans un collège de Reims, consacré à la lutte contre le harcèlement scolaire.

« Nous devons donc tout faire pour aider les élèves et accompagner les enseignants pour obtenir des résultats scolaires meilleurs. Je suis pleinement engagée dans cette mission qui est celle du président de la République », a-t-elle ajouté.

Sur l’instauration de groupes de niveaux au collège, une mesure dudit « choc des savoirs » impulsé par Gabriel Attal mais qui suscite un fort rejet dans la communauté éducative, Nicole Belloubet s’est bornée à affirmer son souhait « d’entrer dans un dialogue sérieux et soutenu » avec les syndicats.

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