Macédoine : clore l’interminable débat sur son nom

7 août 2017 10:00 Mis à jour: 7 août 2017 08:33

Après un quart de siècle d’un différend qui peut paraître burlesque vu d’autres pays, la Macédoine semble vouloir régler le conflit qui l’oppose à la Grèce au sujet de son nom, et la Grèce n’y est pas opposée.

Le nouveau Premier ministre macédonien social-démocrate Zoran Zaev a manifesté cette volonté dès son élection début juin, et un calendrier de rencontres bilatérales est en place.

Le contentieux remonte à l’indépendance de l’ex-république yougoslave de Macédoine en 1991, quand le nouvel État se met à revendiquer aussi l’histoire macédonienne antique.

Notamment celle de ses deux grands rois, Philippe II de Macédoine (382-336 av. J.-C.) et son fils Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.). Or, le cœur de leur royaume était bien l’actuelle région grecque septentrionale de Macédoine.

Depuis, Athènes dénie à Skopje le droit pour le pays de s’appeler Macédoine, et tant que l’affaire n’est pas réglée, s’oppose à l’entrée du voisin dans l’Union européenne (UE) et l’OTAN.

En attendant, la Macédoine n’est désignée, par la Grèce et dans la plupart des pays ouest-européens, que par son nom provisoire, reconnu par l’ONU, d' »ARYM » (Ancienne République yougoslave de Macédoine).

Dans la conversation courante, les Grecs l’évoquent généralement sous le nom de « Skopje ».

Un conflit qui dure depuis un quart de siècle

Côté grec, la querelle sur le nom a commencé dès 1992, avec un million de personnes – 1/10e de la population grecque – dans les rues de Thessalonique, capitale de la région de Macédoine.

En 2016, le ministre aux Migrations Yannis Mouzalas a été menacé de devoir démissionner après avoir laissé échapper à la télévision le mot de « Macédoine » pour désigner le voisin.

M. Mouzalas a dû s’excuser solennellement « pour cette erreur qui ne reflète pas ma position et mes convictions sur l’ARYM ».

Et mardi encore, l’équipe grecque de handball féminin a été sanctionnée après avoir refusé de jouer à Skopje, dans le cadre du championnat d’Europe, contre l’équipe de Macédoine désignée sous ce nom.

« Selon l’accord (de l’ONU) de 1995, l’ARYM ne peut appartenir aux grandes fédérations que sous son appellation provisoire », a rappelé le ministère des Affaires étrangères grec.

Côté macédonien, sous la direction de l’ex-Premier ministre de droite Nikola Gruevski, les autorités en ont rajouté dans le nationalisme.

En 2006 ainsi, l’aéroport de Skopje est baptisé « Alexandre le Grand ». En 2011, l’érection à Skopje d’une monumentale statue équestre du roi remet le feu aux poudres.

Sur pression internationale, l’œuvre est rebaptisée « Guerrier à cheval », sans tromper personne. D’autant qu’un an plus tard les autorités récidivent avec une statue géante de Philippe II de Macédoine.

Changement de ton avec Zoran Zaev. À peine élu, il a ainsi estimé que son pays pourrait provisoirement « devenir membre de l’OTAN sous l’appellation d’ARYM ». 

Il s’est entretenu au téléphone avec son homologue grec Alexis Tsipras. Le ministre des Affaires étrangères macédonien Nikola Dimitrov était à Athènes le 14 juin et son homologue grec Nikos Kotzias ira à Skopje fin août.

Il y a une « certaine mobilisation », remarque une source diplomatique grecque auprès de l’AFP, notant « quelques signes » de bonne volonté à Skopje. Mais il faut désormais « attendre les actes ».

Trouver « un consensus » politique

« La Grèce peut rester sur la même position pendant deux siècles. Nous devons trouver une solution pour débloquer le processus d’intégration à l’Otan et à l’UE », explique, sous couvert d’anonymat, un haut responsable de la SDSM, parti de M. Zaev.

Mais, prévient-il, dans ce petit pays fragile, il faudra trouver « un consensus » politique et faire avaliser le choix par un « référendum ». 

« La question est : quel est le prix pour entrer dans le club ? », résume Toni Deskoski, professeur de droit à Skopje.

Quel nom serait alors acceptable ? « Nous sommes Macédoniens, on ne peut pas nous désigner autrement », assure Mirjana Jovanovska, une dentiste de 47 ans.

Elle reconnaît toutefois que « ce ne serait pas si terrible si on ajoutait un préfixe au nom Macédoine ».

Au gré des conversations, fleurissent des « Macédoine septentrionale », « Nouvelle Macédoine » ou encore Macédoine « Vardarska », du nom du fleuve qui irrigue le pays, mais aussi la Macédoine grecque sous le nom d’Axios.

L’actuel gouvernement grec n’a pas encore fait de propositions. Il attend la reprise des négociations pour dévoiler son jeu. En 2007, le gouvernement de l’époque avait lui aussi suggéré « une appellation avec un préfixe géographique ».  

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