Marche pour Jésus : « Un vrai succès avec plus de 21.000 personnes à Paris », se félicitent les organisateurs

Par Etienne Fauchaire
27 mai 2024 11:33 Mis à jour: 27 mai 2024 11:33

Il y a une semaine, près de 18.000 catholiques ont marché à travers les plaines de la Beauce à l’occasion de la 42e édition du pèlerinage de Chartres, grand rendez-vous du monde traditionaliste. Ce samedi 25 mai, un autre événement chrétien, organisé cette fois-ci par les protestants évangéliques, s’est déroulé dans les rues de Paris et d’autres villes de France : la désormais traditionnelle « Marche pour Jésus », d’inspiration américaine. Rien qu’en Ile-de-France, « plus de 21.000 personnes » étaient présentes pour l’occasion, « selon les chiffres communiqués par les autorités de police », nous confient les organisateurs. De cette journée placée sous le signe du beau temps, ils dressent pour bilan « un vrai succès ».

Lancée à 13h30 sur l’esplanade du Trocadéro, suivie d’un concert à 16h30 sur la pelouse de la Muette, cette manifestation a pu compter sur la participation des très prisés groupes de louange Glorious et Hillsong Paris, de l’influenceuse évangélique française Johanna Exbrayat, forte de centaines de milliers d’abonnés sur TikTok, de Paul-Adrien d’Hardemare, moine catholique avec plus de 360.000 abonnés sur YouTube, de Saïd Oujibou, ex-islamiste converti au protestantisme et devenu pasteur, ou encore de Patrick Karam, président de la Coordination des chrétiens d’Orient en danger (CHREDO) et vice-président du mouvement Libres ! dirigé par l’ex-candidate LR à l’Élysée Valérie Pécresse. Prières, musique, louanges, prises de parole… C’est dans une ambiance festive et bon enfant que les participants à la marche pour Jésus ont « témoigné ensemble publiquement de leur foi en Jésus-Christ ».

Un essor fulgurant

Née à Londres en 1987, cette initiative a rassemblé cette année-là 15.000 participants. Devenue mondiale en seulement quelques années, la marche pour Jésus recensait en 1994 pas moins de 10 millions de chrétiens issus de 150 pays. En France, c’est à partir de 1991 que le mouvement a vu le jour, sous l’impulsion de chrétiens évangéliques.

Cette manifestation se veut toutefois œcuménique, animée par un esprit interconfessionnel : « Notre objectif pour la marche pour Jésus, c’est de rassembler les chrétiens de différentes dénominations qui confessent en Jésus », nous explique André Raoilison, président de la Fédération de la Marche pour Jésus France, qui réunit les associations des villes participantes.

L’organisation est membre du Conseil national des évangéliques de France, un organe représentatif de 70% des Églises de ce courant en forte croissance dans l’Hexagone : de 50.000 croyants dans les années 1950, les protestants évangéliques représentent désormais environ un million de Français aujourd’hui, d’après le chercheur au CNRS Sébastien Fath.

Si à São Paulo, au Brésil, le nombre de marcheurs a atteint trois millions de personnes en 2019, en France, ce chiffre a cependant longtemps avoisiné les 5000 participants entre les années 2000 et 2010 en raison, notamment d’un manque d’ouverture à l’ensemble du monde chrétien, selon un avis répandu dans la sphère évangélique.

Par-delà les divergences théologiques

Pour autant, ces dernières années, de plus en plus de catholiques, mais aussi de protestants venant d’autres horizons, se sont joints aux cortèges. Interrogé sur les divisions existantes entre chrétiens, André Raoilison estime que « du travail reste à faire, mais celui-ci ne doit pas être mené dans une espèce de convergence doctrinale, plutôt dans la personne de Jésus ». « En venant à cette marche, la réconciliation commence. Sont présents ici des évangéliques, des protestants, des catholiques qui confessent en Jésus, et c’est ça le plus important. Dans l’Évangile selon Saint-Jean, au chapitre 17, à partir du verset 20, Jésus formule cette prière : “Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi.“ Jésus n’est pas une idée, une valeur, un concept : c’est une personne qui touche les cœurs et qui unit. »

« Plusieurs diocèses catholiques en Ile-de-France nous ont témoigné leur soutien et ont fait la promotion de cette marche », souligne Sylvie Raoilison, secrétaire stratégique de la marche pour Jésus à Paris. Et de préciser : « L’année dernière, nous étions déjà montés à 16.000 personnes. On suppose que c’est l’afflux de catholiques qui vient gonfler le volume de participants ». Elle s’en félicite : « Nous sommes réunis pour proclamer le nom de Jésus, transmettre la joie, prier pour la paix dans le monde ». Une union des chrétiens d’autant plus importante à ses yeux que le contexte social et sociétal de l’époque revêtirait une dimension prophétique abordée dans la Bible : « Je pense que nous sommes dans un temps d’accélération et dans ce qu’on appelle les derniers temps ».

Pour ceux qui professent cette religion, plusieurs signes bibliques seraient annonciateurs de cette « période finale du monde » avant le retour du messie, qu’évoquent les évangiles : guerres, épidémies, dégradation des comportements moraux (orgueil, ingratitude, égoïsme, abandon de l’amour du bien et de la connaissance de la vérité), ou encore compromissions éthiques de nombreux chrétiens revendiqués.

Particularité doctrinale de nombreux évangéliques, la place d’Israël dans les temps derniers : depuis la destruction du Temple en l’an 70 jusqu’au retour du peuple juif sur sa terre ancestrale, la reconnaissance de l’État juif par les Nations unies en 1948, puis les conflits au Proche-Orient : « Israël est en quelque sorte l’horloge de Dieu, comme le notent certains commentateurs bibliques », confie André Raoilison. « Il y a de nombreuses divergences doctrinales entre chrétiens sur ce sujet sensible. Je respecte les autres points de vue, mais, personnellement, je pense que c’est un indicateur important. L’Évangile de Luc nous dit que Jérusalem sera foulée aux pieds jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis. »

Pour autant, l’interprétation des écritures sur ce temps eschatologique, « qui ne sont pas toujours très claires », doit demeurer un sujet secondaire et ne pas constituer une source de discorde entre chrétiens, estime le prédicateur : « L’essentiel, c’est l’amour de Jésus et ce qu’il a fait pour nous par son sacrifice sur la Croix. Il faut travailler à l’unité ». Un appel à la fraternisation et à la tolérance mutuelle qui s’inscrit donc dans la continuité du développement des relations entre Français catholiques et évangéliques.

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